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Under the lamplight [Blanche]

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That kid you called a weirdo
Olivia Havel
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Ven 26 Jan - 0:22 (#)


UNDER THE LAMPLIGHT

Spring Ridge

– Colquitt Road -

1er décembre 2021


Under the lamplight [Blanche] Fbcc8e11


Spring Ridge était un trou à rats.

Comme beaucoup d’autres villes à la frontière entre le Texas et la Louisiane, Spring Ridge ne devait son existence qu’aux routiers à la petite semaine qui écumaient les routes peu sûres des deux Etats. Constituée d’une caserne de pompiers à moitié abandonnée, d’un compacteur à ordures, d’un « tout à 1$ » et d’un unique Sunset Diner au carrefour de la 169 et de la 525, Spring Ridge était de ces localités pourries piégées à la frontière des perceptions humaines, qui naissaient et mourraient en fonction des trajectoires des camionneurs. Spring Ridge était un archétype : celui du carrefour perdu. Il existait probablement des dizaines de milliers de Spring Ridge aux Etats-Unis, tous empuantis par les gaz d’échappement, l’eau mélangée à la graisse et à l’essence et occupés uniquement par des personnalités effacées au regard torve.

Le Sunset Diner était le seul point lumineux aux alentours. Les éclairages blafards qui avaient survécu à l’absence d’entretien n’éclairaient que trop faiblement la route, leurs globes de verre salis par les pluies et la pollution. Il aurait presque paru accueillant si les lettres du panneau d’affichage n’étaient pas tombées, ne laissant qu’un « DI*E* » en lieu et place de « DINER ».  Derrière les vitres graisseuses du Sunset Diner, les lumières du dernier service projetaient encore une impression vaguement accueillante pour quiconque se perdait sur la route menant hors des forêts louisianaises.

Dehors, sur le parking perclus de nids de poule, quelques camions à moitié chargés reposaient, leurs carlingues battues par la pluie qui tombait dru sur le macadam. De lourds nuages noirs cachaient la lune depuis plusieurs heures et la pluie ne cessait de laminer la chaussée. Même en décembre, la neige se refusait à tomber, laissant une texture poisseuse émerger de l’asphalte meurtri par des décennies de gabegie financière et de six tonnes faisant rugir leurs moteurs dans le noir.

Un unique arrêt de bus avait été dressé sur le carrefour de Spring Ridge. Sa toiture, à moitié cassée, pendait lamentablement sur ce qui avait été autrefois une carte des environs. La protection plastique avait sauté depuis belle lurette et il ne restait plus qu’un panneau de bois délavé, accompagné d’un banc en acier rouillé, qui avait dû autrefois être peint. Un unique lampadaire blafard positionné à côté semblait vouloir tenir tête aux lumières du restaurant routier, comme engagé dans une lutte à mort séculaire. C’était sous la protection défaillante de cet abribus que se trouvait la silhouette trempée et fatiguée d’Olivia Havel.

Toute cette journée avait été merdique à souhait.

Réveillée aux aurores, la jeune femme avait passé sa journée à rouler dans une berline à moitié crevée et à la climatisation défaillante pour interviewer des témoins d’évènements surnaturels que l’agence n’avaient pas pu débriefer dans les temps. A bord de son tacot, Olivia avait bourlingué d’une localité à l’autre jusqu’à récolter assez de témoignages audios pour remplir suffisamment de paperasse pour pouvoir expliquer que sa journée n’avait pas été vaine … De maisons en maisons, elle avait joué de son charme désuet pour convaincre des habitants récalcitrants de lui confier leurs petits secrets dans son dictaphone. Mais il était peu probable que ces données servent à quelque chose. Entre les hurlements entendus à la pleine lune, les rumeurs de monstres dans les marais ou encore la possibilité que la voisine soit une sorcière, difficile de trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Toutes ces histoires étaient vues et revues depuis des années et Olivia était suffisamment adroite pour savoir que ces « témoignages » étaient surtout les émanations d’imaginations fertiles, désireuses d’avoir leur quart d’heure de gloire. Mais pour ce qui était du surnaturel … du véritable surnaturel … il faudrait repasser …

Tentant de rentrer sous une pluie battante, la jeune femme avait eu la désagréable surprise de tomber en panne à Spring Ridge. Sa voiture avait rendu l’âme, à quelques centaines de mètres du Sunset Diner. Foutue machine ! Obligée de se rendre à pied dans ce temple des vapeurs graisseuses, elle s’était arrêtée quelques secondes avant de franchir la porte d’entrée du diner. Son sang venait de se glacer … Ses yeux avaient repéré une aura étrange au travers des fines vitres.

Un prédateur …

Une aura si puissante qu’elle pouvait la voir sans être en personne dans le réfectoire. Quelques mètres et une paroi de verre et de briques la séparait d’un Thérianthrope doté d’une aura particulièrement agressive et sanglante. Surprise et paniquée, elle avait reculé vers l’abribus décati situé sur le bord de la route. Elle était sur le territoire d’un Thérianthrope ?! Impossible, elle aurait vu les signes avant même de rentrer sur son terrain de chasse ! Que faisait-il ici ? Etait-ce un camionneur ? L’avait-il senti ? Au vu de l’agressivité de son aura, elle ne pouvait être sûre que d’une chose : il avait faim …

Elle tenta d’appeler quelqu’un de l’agence, mais son téléphone n’avait plus de batterie. Trempée jusqu’aux os, les cheveux humides et à moitié morte de fatigue, la jeune femme était en panique. Si ce Garou l’avait repéré, il ne lui faudrait qu’une fraction de seconde pour se jeter sur elle à la sortie du diner et la massacrer avant de l’emmener dans les bois. Devait-elle retourner à sa voiture et espérer ne pas être suivie ?

Tapotant de son index son bras gauche, elle commença à triturer sa croix de baptême … un vieux réflexe qu’elle avait quand elle était soucieuse. Il lui fallait partir d’ici, et vite. Il fallait être fou pour avoir la moindre envie de rester dans les environs immédiats d’un Thérianthropes en pleine nuit !!!

Soudain … des phares !

Elle leva le pouce …

Pourvu que cette voiture s’arrête !
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Mer 31 Jan - 16:51 (#)

Participant 1

"Under the Lamplight - Olivia - Blanche."




Four Forks

Qui au monde pouvait habiter une bourgade s’appelant Four Forks ? Quatre fourchettes est un lieu totalement inintéressant de prime abord si l’on ne fait que passer sans se donner la peine de tourner la tête. Entre les lourdes branches ployées des saules, entre les cyprès, portant des barbes touffues et les chênes centenaires, couverts de mousse, il existe quelques trésors cachés à la vue de tous. Des domaines faramineux se calfeutrent derrière la végétation luxurieuse, défendant les regards indiscrets, d’admirer leur beauté. Vieilles demeures, aux multiples colonnes blanchies, aux balcons en fer forgés délicats et aux vérandas sorties d’un autre temps.

C’est dans un de ces ilots, coupé du monde, que j’ai été appelée à la rescousse afin de faire renaître le charme d’antan. L’extérieur du bâtiment a été entièrement rafraîchi et resplendit sous les pâles rayons d’un soleil timide. Dès que je pénètre dans la bâtisse, le décor change et je reste quelque peu perplexe devant l’étendue des travaux.

Un salon a été succinctement aménagé, la lumière y pénètre par les hautes fenêtres, diffusant des halos dorés. Le mobilier est vétuste et d’époque, rendant une atmosphère particulière à la pièce. Je me perds quelques instants dans la contemplation d’un sofa, espérant peut-être y voir flotter une âme perdue, gardienne du domaine.

La journée est composée de longues palabres avec les propriétaires, de propositions et de possibilités de décoration. Puis je parcours les nombreuses pièces afin de filmer et photographier chaque recoin de la maison, rencontrant à mon plus grand déplaisir, d’immense toile d’araignée, comportant pour certaines, encore leurs habitantes. Je déteste ces bestioles, me rendant presque hystérique. En fin de journée, nous nous séparons sur le perron et je remonte dans ma mini Cooper rouge. Je dois être à peu près la seule personne dans toute la région à conduire une petite voiture. Cadeau de Papa, elle m’a suivie depuis la France et j’en suis très fière, même si parfois, les possesseurs de grosses cylindrées se fichent de moi.

L’astre stellaire est occulté par de lourds nuages sombres qui, à peine passé la grille délimitant la propriété, déversent d’épaisses gouttes sur mon parebrise. Un soupire profond est écrasé, sous ce déluge, je vais perdre trop de temps à rejoindre la I-49, autant prendre la 169, m’arrêter dans une autre bourgade, tout aussi perdue que celle que je quitte, pour me restaurer. La nuit tombe rapidement et je me retrouve dans la pénombre, guidé par les catadioptres. Je croise que peu de véhicules, pourtant je reste extrêmement vigilante, ne souhaitant pas percuter un quelconque animal.

Mon estomac commence a protesté et quémander une quelconque pitance que je ne peux momentanément pas lui offrir. Pollard Cemetery, Johnson Cemetery…. Est-ce la route des cimetières ? Au-delà de la cime des arbres, j’aperçois un ciel artificiellement éclairé. Un rapide coup d’œil sur mon téléphone qui est en mode GPS, me signale l’arrivée d’un bled un peu plus important. Parvenue sur place, je constate un minable Diner aux néons défaillants, délivrant un funeste message. Sillonnant entre les mastodontes de métal, je me fraye un chemin en évitant tant bien que mal les trous qui ne sont plus des nids de poule mais d’autruche, jusqu’au parking à voiture, cherchant à me placer le plus près possible de l’entrée.

Je coupe le moteur et regarde la chaussée détrempée. Mes escarpins vont être fichus, le daim n’aime pas l’eau, quelle poisse ! J’attrape ma veste, m’en couvre la tête et me hâte de rejoindre les quatre marches jusqu’à la porte d’entrée où je percute malencontreusement une jeune demoiselle qui paraît terrifiée. Un mot d’excuse bref, je la laisse se replier dans un abri de bus délabré. Je jette, à mon tour, un œil dans l’établissement qui n’a vraiment rien d’un palace mais ressemble à tous ces bauges, survivant tant bien que mal, aux affres du temps dans une Amérique reculée, peuplés en grande partie par les routiers.

Jeans slim, moulant le galbe de mes formes féminines, chemisier rose pâle simple, le tout sorti tout droit d’un créateur en vogue, je replace ma veste sur mes épaules et m’installe sous les regards emplis de convoitise. Je les connais et ne m’en émeus pas. La serveuse, Mindy, une femme dans la cinquantaine et aux formes opulentes, se dandine jusqu’à ma table, un sourire généreux planté sur ses lèvres. Je me décide pour un hamburger et des frites, aux diables la diététique. En attendant mon repas, je laisse glisser mon regard sur l’arrêt bus, devinant la silhouette de la petite souris rencontrée sur le pas de la porte. Mes sourcils se froncent et un terrible doute s’insinue dans mon esprit. Je me lève et rejoins Mindy au comptoir.

- Juste une question, Mindy. Y’a-t-il encore des bus à cette heure-ci ?

Elle penche la tête sur le côté, pince les lèvres dans une moue d’incertitude et finit par secouer la tête de droite à gauche.

- Non mon trésor, y’a plus de bus. Pourquoi, tu es en panne.
- Merci Mindy. Non non, ce n’est pas pour moi. Je reviens de suite.

Empruntant un parapluie dormant dans le support à l’entrée, je brave les intempéries et rejoins la jeune femme qui a l’air désespérée. Je garde une distance respectable pour qu’elle ne se sente pas acculée.

- Salut… J’attends qu’elle élève le regard et lui tends un sourire franc. Je crois bien que la chance n’est pas de ton côté en cette soirée humide. Y’a plus de bus… Si tu me garantis de ne pas tenter de me bouffer de quelle que sorte que cela soit et que tu m’offres un sourire, j’ai peut-être une proposition à te faire.

Je la surplombe, juchée sur mes dix centimètres. Je me serais bien assise à ses côtés si le banc n’avait pas été aussi nimbé de crasse.

- Je viens de commander à manger, je meurs de faim. Accompagne-moi, faisons connaissance et on trouvera ensemble une solution, si tu veux bien. Et tu n’as rien à craindre de moi, je vais dévorer un simple hamburger dont je n’arriverai très certainement pas au bout. Tu viens ?


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Sam 3 Fév - 1:06 (#)


UNDER THE LAMPLIGHT

Spring Ridge

– Colquitt Road -

1er décembre 2021


Under the lamplight [Blanche] Fbcc8e11


L’Outre n’avait pas fière allure. Trempée par la pluie battante, sa longue robe noire en tissu épais commençait à rendre l’âme. Les fleurs brodées en surépaisseur du tissu faisaient peine à voir et son haut blanc à manches longues laissait entrevoir sa peau blanche tant l’eau avait imprégné le tissu. La pluie grasse de la campagne louisianaise avait taché ses collants noirs et ses ballerines vernies étaient souillées par la boue. Sans manteau et sans parapluie, la jeune femme grelottait de froid tandis que ses cheveux faisaient maladroitement éponge, dégageant ses grands yeux céruléens, où le mascara commençait à couler. Son sac à main en cuir à ses côtés, la mine terne et grelotant de froid, Olivia ressemblait plus à une petite souris apeurée qu’à une dangereuse Outre.

Lorsqu’elle leva les yeux vers la drôle de demoiselle à l’accent français qui s’était portée à sa rencontre, elle ne put s’empêcher de la jalouser quelque peu. Même arrosée par la pluie, elle avait fière allure et son aura luisait d’une douce lueur dorée, que l’Outre identifia comme celle d’une humaine. Tout dans cette apparition respirait la confiance et la maîtrise de soi et le caractère apaisant de son aura semblait réchauffer l’atmosphère poisseuse de l’abribus. Les yeux d’Olivia ne la trahissaient jamais et elle avait appris – lentement, mais sûrement – à décoder les émanations magiques qui imprégnaient les êtres vivants. Une telle aura, aussi affirmée, était rare ; du moins, selon les critères partiaux et partiels de l’Outre. A mesure qu’elle s’exprimait dans son Anglais teinté d’intonations francophones, Olivia sentit que son propre visage s’était figé dans un mince sourire.

« Plus de … oh … » finit-elle par déclarer d’un ton déçu et comprenant enfin qu’elle aurait pu passer toute la nuit ici à attendre un bus qui ne viendrait jamais.

Elle se leva, les gouttelettes d’eau perlant sur sa robe et tombant sur le sol trempé. Elle tenta d’essorer maladroitement sa tignasse et de s’essuyer le visage avec un tissu sorti tout droit de son sac à main.

« Désolée … j’étais tellement absorbée par … »

Elle s’arrêta un instant, soucieuse. Plongeant son regard azur dans celui de la demoiselle, elle se demanda s’il était prudent de lui dire qu’un Thérianthrope se trouvait dans le diner. Comment réagirait-elle ? Etait-ce bien prudent d’y retourner ? Ou même, de la laisser y retourner, seule ? Et si le Thérianthrope transformait le diner en terrain de chasse ? Olivia, en son âme et conscience, ne pouvait risquer d’abandonner des gens à un potentiel carnage … bien qu’il fût possible que celui-ci ne soit là que pour se restaurer … mais comment en être sûr ?

Non, clairement … Olivia ne pouvait laisser ces innocents seuls avec une créature dangereuse. Il fallait jouer le jeu … et défendre des innocents si le besoin s’en faisait sentir. Si l’imagination d’Olivia se perdait dans des conjectures, le risque, lui, était bien réel. Mais l’Outre avait plus d’un tour dans son sac. Oui, elle était parfaitement capable de se défendre en cas de besoin …

La jeune femme se frotta les joues, afin de reprendre du poil de la bête. Allez ! Un peu de courage !

« Excusez-moi … pardon. Je cherchais juste à rentrer chez moi … Ma voiture est tombée en panne et j’ai paniqué. »

Olivia et l’inconnue se retrouvèrent rapidement à l’intérieur du diner à l’atmosphère étouffante. L’odeur de café chaud s’entremêlait à celle de la friture et de la cigarette froide. A peine entrée, la demoiselle ne put s’empêcher de repérer l’aura du Thérianthrope qui enveloppait toute la pièce.

C’était un petit homme à l’allure de comptable. Costard gris élimé au niveau des manches, chaussettes vertes et mocassins marrons, l’homme aux cheveux grisonnant sirotait un café devant son journal, qu’il lisait au travers de ses lunettes à écailles dorées. L’aura de prédateur qu’il dégageait contrastait étrangement avec son allure terne et discrète. Elle ne put s’empêcher de remarquer que le prédateur l’avait sentie dès son entrée dans le réfectoire aux banquettes en skaï orange. Il ne sembla pourtant pas s’en émouvoir et se contenta de l’ignorer, visiblement très concentré sur la manchette de la une de son journal. Olivia déglutit difficilement et accompagna la demoiselle jusqu’à une table au fond de la grande salle. Encore trempée, elle finit par s’assoir sur l’une des banquettes, afin d’avoir l’homme dans son champ de vision. Allait-il l’ignorer et la laisser passer son chemin ? Rien n’était moins sûr …

Toujours méfiante, l’Outre finit par poser son sac à main à ses côtés et posa son regard sur sa compagne d’infortune. Devant elle se trouvait un burger dégoulinant de gras et d’une matière rouge visqueuse qui semblait être du ketchup coincé entre deux steaks mal cuits.

« Je ne suis pas certaine d’avoir très faim … dit-elle un peu sur la défensive. En revanche … je ne dirai pas non à un thé et à une serviette propre … »

Ses prières furent exaucées quelques minutes plus tard, quand la dénommée Mindy s’approcha des deux femmes avec un grand mug de thé chaud bon marché et une serviette d’une propreté … acceptable, au vu des circonstances. Olivia la remercia poliment et entreprit de se sécher les cheveux avant de prendre une gorgée de thé. L’épais liquide, réhaussé de sucre, aurait été écoeurant en temps normal, mais au vu de sa situation, il ressemblait à un véritable nectar tombé du ciel. Satisfaite et un peu plus à son aise, Olivia put retomber en pression.

« Je ne me suis pas présentée … Je m’appelle Olivia … »
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Mer 14 Fév - 11:50 (#)

Participant 1

"Under the Lamplight - Olivia - Blanche."




Plus je la regarde, plus j’ai l’impression de voir une petite souris perdue au milieu de l’océan. Une image furtive de Ratatouille voguant sur un radeau de fortune me traverse l’esprit, m’obligeant à serrer les lèvres pour ne pas rire. La pitié prend finalement le dessus et chasse mon hilarité. Je hoche la tête, compatissant à son malheur. Il est vrai que tomber en panne au milieu de nulle part, dans une sorte de truck stop, pour une jeune femme, y’a mieux. Le parking détrempé, creusé à les trop nombreux va et vient des camions, la pluie battante et la nuit d’un noir d’encre, n’aident pas à avoir un moral au beau fixe. L’abri bus n’offre aucun réconfort, un petit ruisseau s’est formé sous la violence de l’intempérie et sillonne en clapotant entre le banc détrempé et la fin de l’avant-toit.

Il ne lui faut pas longtemps avant d’accepter mon offre, ce qui ravive mon sourire. Ensemble, serrées l’une contre l’autre, nous nous dépêchons vers le restaurant où je retrouve ma place. Mon coca zéro est servi et pétille dans son énorme verre. Les américains me surprendront toujours avec leur quantité. A quel moment vais-je boire un demi litre d'une boisson gazeuse ? Surtout si j'ai encore de la route à faire... Tout ce qui entre dans mon corps, en ressort forcément. Les pipis sauvages, de nuit dans le bayou, sous une pluie diluvienne, très peu pour moi. La dernière fois, cela m'a coûté la rencontre avec un loup-garou prisonnier d'un piège horrible. Le burger est également arrivé. Enorme, des frites comblant le reste de l’assiette, me semble démesuré. Devant cette opulence, je grimace en secouant la tête. Malgré les paroles de la jeune femme, ayant commandé simplement de l’eau chaude, je réitère mon offre.

- Tu es sûre que tu ne veux pas un petit bout ? Je sais bien qu’à première vue, ça donne moyennement envie, mais je suis certaine que c’est très bon.

Méfiante, je soulève le petit pain, m’attendant presque à découvrir un cafard grillé entre les différentes tranches, composant mon repas. La salade semble fraiche, tout comme le reste des divers éléments. Par contre, hors de question, que je mange ce truc à la main. J’ai horreur d’avoir du ketchup plein les doigts. Stoïquement, et sous le regard presque outré des autres consommateurs, je coupe avec habileté mon burger au couteau et à la fourchette, tandis qu’elle se présente. Une bouchée délicate, parvenant à doser astucieusement la quantité enfournée, je déglutis et décline à mon tour mon identité.

- Je m’appelle Blanche. Et comme tu as pu, certainement pu l’entendre, je suis française. J’habite toutefois à Shreveport où je travaille.

La nourriture est surprenante par son goût et, je dois l’avouer, délicieuse, m’encourageant à attaquer mon repas avec nettement plus d’entrain. Comment un endroit tel que celui-ci peut proposer des mets aussi raffinés ? Certes la présentation laisse profondément à désirer mais les saveurs sont exquises. Sans réellement réfléchir, je débite une part pour mon vis-à-vis que je dépose dans une soucoupe et la lui tends.

- Franchement, je sais que tu viens de me dire que tu n’avais pas très faim… mais goûte, tu m’en diras des nouvelles. Et quoi qu’il en soit, je ne le finirai pas. Tout en mangeant, je questionne la jeune femme, cherchant à faire davantage connaissance avec elle. Alors comme ça, ta voiture est tombée en panne ? Tu n’as pas une assistance qui aurait pu te dépanner à n’importe quelle heure de la journée ? Et tu habites dans le coin ? Tu n’as personne à qui téléphoner ?

Entre deux bouchées, je jette un regard à mon téléphone, remarquant avec contrariété, que le réseau est extrêmement faible, voir inexistant par intermittence. Pourtant j’ai la 5G, cela ne devrait pas se produire. Reléguant ce détail à plus tard, je tends un sourire sincère à Olivia. Une œillade discrète est adressée aux gens nous entourant. Il a un homme perdu dans la lecture du journal, deux routiers qui discutent bruyamment, une petite mamie, que je n’avais pas remarquée, vêtue de dentelle noire délicate, son teint parcheminé tirant sur le gris. Pourtant l’éclat de ses yeux reste perçant, me glaçant le sang. Pourquoi nous reluque t’elle ainsi. Je suis certaine, après réflexion, qu’elle n’était pas là, il y a deux minutes auparavant. Mindy ne semble pas la voir, ne l’ayant pas saluée.

Ma faim va en grandissant et la nourriture devant moi m’appelle inéluctablement. Je passe une main sur mon visage, repousse une mèche blonde derrière mon oreille et me concentre sur ma naufragée.

- Dis moi Olivia, est-ce que c’est moi qui hallucine ou est-ce qu’il y a bien une vieille dame, toute rachitique, assise à la première table, proche de l’entrée ?

Un sentiment étrange m'accapare. Quelque chose ne va pas... sauf que je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

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Jeu 15 Fév - 23:25 (#)


UNDER THE LAMPLIGHT

Spring Ridge

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1er décembre 2021


Under the lamplight [Blanche] Fbcc8e11


Blanche dégageait une bonne humeur et une confiance en elle qui rassura quelque peu l’Outre. Son aura brillait comme un petit soleil et même dans cet endroit morose, ce qui, au vu de la situation, n’était pas désagréable aux yeux de l’héritière des Havel. Alors qu’elle buvait son thé, servit dans un mug en plastique recyclé aux couleurs des Baby Cakes de La Nouvelle-Orléans, elle ne pouvait s’empêcher de détailler les bonnes manières de son interlocutrice tandis qu’elle se réchauffait à côté d’un radiateur dont les émanations avaient autrefois roussi le skaï des fauteuils.

Blanche se comportait comme une parfaite demoiselle de bonne famille, ce qui, aux yeux d’Olivia, était une excellente chose ! Plus qu’une excellente chose, c’était un véritable régal pour les yeux ! Les années passées à Chicago lui avaient fait oublier à quel point il y avait un côté rassurant à évoluer dans un milieu en phase avec sa propre éducation. Elevée pour être une Belle du Sud, Olivia était à son aise dans les soirées mondaines et les évènements de l’aristocratie louisianaise. Elle avait été éduquée avec le sens des convenances et connaissait les règles d’une table bien dressée sur le bout des ongles, de la fourchette à poisson à la cuillère à soupe en passant par la fourchette à fromage. Ainsi, voir une Française ainsi attablée avec un des mets les plus délicieux et les plus gras que l’Amérique ai jamais conçu … et parvenir à rendre tout cela élégant … c’était un véritable régal pour les yeux !

Elle réitéra son offre et Olivia, fascinée par une telle dextérité et un tel sens de l’étiquette, n’eut pas le cœur à refuser une telle proposition.

Ses mains gantées prirent l’assiette et elle s’empara d’une fourchette et d’un couteau pour découper l’assemblage monstrueux de graisse et de bœuf cuit mariné dans on ne sait quelle sauce. Elle porta le premier morceau à ses lèvres et fut instantanément surprise par le goût du burger. La viande était d’une texture parfaite … d’un goût incroyable … et cette sauce … Mais comment diable un hamburger de diner pouvait-il être aussi délicieux ?! Sans plus de cérémonie, elle en avala un autre morceau !

« Enchantée Blanche ! déclara-t-elle en reprenant un morceau de burger avec sa fourchette tandis que son estomac réclamait. Ma voiture est tombée en panne quelques centaines de mètres plus loin et je n’ai pas les moyens de la réparer. Et comme si ça ne suffisait pas, mon téléphone portable est tombé en rade batterie lui-aussi. J’ai une poisse incroyable ces temps-ci … Mais oui, j’habite à Shreveport, mais disons qu’à pied, ça risque d’être compliqué, surtout par ce temps et … Seigneur que ce burger est bon … »

Olivia interrompit son monologue et appela la dénommée Mindy, qui les épiait derrière son comptoir. La serveuse s’approcha des deux femmes et Olivia, tenaillée par une faim de loup qu’elle n’avait pas quelques minutes plus tôt, commanda à nouveau un burger. Il ne fallut que quelques minutes pour que Mindy réapparaisse avec un double-cheeseburger dégoulinant de sauce et des frites bien dorées. L’ensemble dégageait un fumet qui mettait tous les sens d’Olivia en appétit …

Elle qui n’aimait pas les burgers …

Olivia se mit à découper soigneusement son plat et le dévora à pleines dents, chaque bouchée éveillant ses sens, tandis que son estomac criait famine. Ce plat ne ressemblait à rien de ce qu’elle connaissait. Même les meilleurs restaurants de La Nouvelle-Orléans ne parvenaient pas à un tel équilibre des saveurs et à une telle harmonie. C’était incroyable ! Elle qui avait reculé devant ce diner à cause de la simple présence d’une aura de lupin aurait pu passer à côté de cette merveille si Blanche ne l’avait pas trouvée !

C’est alors que Blanche commença à s’émouvoir des regards étranges lancés par … oh ! Olivia ne l’avait même pas remarqué en entrant tant son aura été discrète.

« Je ne l’avais même pas remarqué … » répliqua-t-elle en plissant les yeux pour discerner son aura.

Aux yeux de l’Outre, elle avait l’air d’être une petite vieille adorable, qui buvait son thé en pleine nuit dans un diner, à des lieues de toute habitation. Rien de troublant dans tout ça, n’est-ce pas ?! Fuis, Olivia. Mais le ton de Blanche semblait suffisamment insistant pour qu’elle fasse l’effort de la détailler un peu plus … Malheureusement, avant qu’elle n’ait pu tenter de déchiffrer plus précisément son aura ou son physique, Mindy arriva avec un nouveau burger au bacon cette fois-ci. Olivia en fut toute étonnée …

« Mais … il ne me semblait pas avoir commandé un autre burger … » protesta-t-elle.

Pourtant, son ventre continuait à gargouiller. Olivia, pour une raison inexpliquée, avait faim. Et ce seul fait avait suffit à la détourner de la petite vieille, qui continuait son manège à l’autre bout de la salle, sans que l’Outre ne puisse focaliser son attention là-dessus. Fascinée par la nourriture qui venait à nouveau de tomber dans son assiette, la jeune femme donna à nouveau un bon coup de fourchette pour remplir son estomac. En l’espace de dix minutes, Olivia, qui ne mangeait au fast-food que par désespoir, venait d’ingurgiter deux burgers et demi. D’ordinaire, ce simple fait lui aurait fait faire des bonds au plafond, mais entre l’odeur délicate de la nourriture graisseuse, la chaleur du radiateur et le grésillement de la télévision dans l’ambiance moite du diner, il y avait quelque chose dans l’air qui l’empêchait de voir clairement ce qu’il se tramait.

Blanche l’avait senti … Cette petite vieille n’était pas nette … Sors vite d’ici. Et si Olivia avait fait attention aux regards en coin de Mindy, elle aurait pu y déceler de la culpabilité. Quant aux autres clients, ils semblaient perdus dans leur propre monde, inconscients du danger véritable logé au cœur même de ce diner.

Olivia n’aurait jamais dû reprendre une part de burger …

On ne vous a jamais dit que la gourmandise était un vilain défaut ?

Tandis que Blanche était occupée à jeter des regards en coin à la vieille dame, elle ne pouvait voir ce qu’il se passait chez Olivia. La jeune femme termina son burger, mais son ventre gargouillait encore. Pire encore … si la jeune Outre avait eu un peu plus de jugeotte, elle n’aurait pas foncé tête baissée dans le piège tendu par ce restaurant routier suspect. Elle sentit que sa robe devenait de plus en plus inconfortable, comme si le tissu rétrécissait. Assise, Olivia était gênée, mais sa faim la poussait surtout à se rabattre sur le cornet de frites délicatement salées qui restaient sur son plateau. Et tandis qu’elle engloutissait les frites bon marché, elle ne vit pas que le diner avait fait d’elle sa victime. Si elle s’était vue dans le miroir à cet instant-là, Olivia aurait pu constater avec effroi qu’elle venait de prendre quelques kilos ! Elle qui était mince comme un fil de fer, la voici en l’espace de quelques minutes toute grassouillette ! Sa robe commençait à avoir du mal à contenir les petits bourrelets qui venaient d'apparaître en l'espace de quelques minutes et son visage, d'ordinaire fin, s'était arrondi.

Et dans le fond de la salle, la petite vieille continuait à grimacer …

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Mar 27 Fév - 16:07 (#)

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"Under the Lamplight - Olivia - Blanche."



Une moue compatissante accueille le récit de la succession de malheurs d’Olivia. Elevant mes sourcils, je secoue doucement la tête et lui adresse un sourire qui se veut chaleureux. Je dépose délicatement mes couverts au bord de mon assiette et farfouille dans mon sac, pour en ressortir, triomphante, un petit étui que j’ouvre et en sors un chargeur. Sans la moindre hésitation, j’enfonce la prise en bout de table et tend le fil à ma compagne d’infortune.

- Tiens, j’espère que c’est le bon. Sinon, j’ai un adaptateur. Oui, je sais… je suis une femme organisée. Mais vu que je travaille avec plein d’homme et qu’ils sont toujours en « panne » de téléphone, j’ai de quoi palier à leur défect. Un petit rire ponctue mes dires, avant de poursuivre. Oh ! Ainsi tu habites également à Shreveport ? Qu’y fais-tu ? Personnellement, je suis architecte, je me suis spécialisée dans l’aménagement intérieur. Et.. heu… oui, en effet, la nourriture est délicieuse.

Je suis surprise par ce soudain revirement alors qu’elle vient de commander une simple eau chaude vaguement aromatisée. Son visage se transcende, happé par la nourriture. Ses manières s’accordent aux miennes, j’apprécie qu’elle soit issue également d’une bonne famille. Elle lève les yeux, rapidement, pour observer l’aînée que je lui désigne discrètement, sans toutefois s’arrêter de manger. Ni Olivia, ni moi-même, avons relancé de commande et pourtant, Mindy, toujours affublée de sa mine bienveillante, dépose devant mon vis-à-vis une nouvelle assiette. D’un signe de tête, elle me questionne muettement si je suis prête pour suivre la rescapée de la route. Levant la main, de manière catégorique, je refuse sa proposition, suffisamment intriguée par la gloutonnerie soudaine de la jeune femme.

Mon attention est détournée par un homme, à la carrure imposante, pénétrant dans le restaurant. Il jette son dévolu sur la banquette dans mon dos et je me fais légèrement secouer lorsqu’il prend son assise. Ce Diner est vieux, même vétuste. Du peu, que je peux voir de la cuisine, elle n’a rien d’un cinq étoiles où tout est rutilant et bien agencé. Qui est derrière les fourneaux au fait ? Je ne peux distinguer le personnel oeuvrant là-bas, il y a du mouvement, c’est certain, aux sons qui nous parviennent de temps à autres.

Je fabule et commence à voir le mal partout, c’est sûr. Il faut que j’arrête de fréquenter des CESS, qui constituent la majorité de mes contacts privés. L’ombre d’un sourire vient s’égarer sur mes lèvres dès que mes pensées se tournent vers Jean Delaube. Il me tarde de le revoir. Sa présence est réconfortante, je me sens si bien en sa compagnie. Un soupire plus tard, je reporte mon attention vers Olivia, la vision que m’offre la jeune femme me glace le sang.

Son vêtement semble rétrécir à vue d’œil. Mais à bien y regarder, c’est elle, son corps qui enfle au fur et à mesure qu’elle englouti la nourriture. Papillonnant des paupières pour être certaine de ne pas faire un cauchemar, je vois Mindy, les bras chargés de burger, de poulet fris et autres cochonneries, certes délicieuses, remonter l’allée centrale. Elle s’arrête devant notre table où elle dépose les victuailles. Affolée, je secoue la tête, mes mèches blondes suivant le mouvement. Je me penche légèrement vers Olivia et murmure à son attention, prenant garde à ce que la serveuse se soit éloignée.

- Arrête de manger…

Pas sûre qu’elle m’ait entendu. Sceptique et bien décidée à mettre un terme à cette orgie, j’attrape les plats en les superposant, n’ayant de loin pas la même dextérité que Mindy, me lève et rapporte le tout vers le petit comptoir, communiquant avec la cuisine.

- Désolée, mais mon amie n’a plus faim. D’ailleurs, elle a déjà trop mangé. Je vais régler nos consommations, il n’y a aucun souci. Et non, pas de « doggy bag », merci.

Mon sourire est factice mais je m’efforce d’agir le plus naturellement possible. Je sens tous les regards braqués sur mes épaules, ayant un vilain effet de faire surgir une angoisse sourde au fond de mes tripes. Retournant à table, j’épingle le coude de la Petite Souris. Sa peau est flasque et froide, j’ai l’impression que mes doigts s’enfoncent dans un vieux ballon de baudruche.

- Viens Olivia, on s’en va ! On nous attend, je te rappelle.

Mon timbre est impératif, ne laissant aucune place aux protestations. J’attrape mes affaires, tire fermement sur le fil du chargeur afin de le récupérer et pousse Olivia dans le dos en direction de la caisse se trouvant proche de la porte. La chaise est vide et je balaye rapidement la salle de mon regard bleuté. Mindy a disparu, l’homme au journal est toujours plongé dans sa lecture, tous les autres ont braqué leurs yeux sur nous, une lueur hargneuse brillant au fond de leurs prunelles.

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Sam 9 Mar - 15:58 (#)


UNDER THE LAMPLIGHT

Spring Ridge

– Colquitt Road -

1er décembre 2021


Under the lamplight [Blanche] Fbcc8e11



La portière de la Cadillac s'ouvrit avec fracas, soulevant à l'intérieur une poussière accumulée depuis plusieurs années. Mindy y entra en trombe, son postérieur se fichant dans le fauteuil de cuir. Encore vêtue de son uniforme de serveuse, l'ancienne banquière d'affaires en vacances savourait avec une joie peu commune sa liberté retrouvée. Après plusieurs années, cet endroit maudit avait enfin trouvé une nouvelle victime et il avait accepté de la libérer. Ses mains tremblantes posées sur le volant de cuir, elle cherchait des yeux les clefs qu’elle avait laissées il y a quelques années à l’intérieur de la voiture. Mindy avait commis une terrible erreur et son corps en portait désormais les marques. Jamais … jamais elle n’aurait dû s’arrêter dans ce diner. Elle pouvait constater, au travers des pattes d’oie qui marquaient désormais le contour de ses yeux, que ses vacances au soleil sur la côte texane avaient irrémédiablement disparu.

Profitant de vacances bien méritées au Texas après la signature d’un gros contrat, Mindy, alors quarantenaire, avait cru bon revenir à New-York en passant par les terres. La virée inattendue d’une quarantenaire en pleine réussite dans un milieu impitoyable !

Mindy, comme tant d’autres avant elle, avait fait l’erreur de s’arrêter dans ce diner et cet endroit maudit avait vu en elle quelque chose dont il se nourrissait pour perdurer. La banquière d’affaire avait toujours eu un lien ténu avec le surnaturel. Ce n’était pas grand chose, mais comme sa mère et sa grand-mère avant elle, il lui arrivait de percevoir les émotions des gens. Ce don … elle l’avait mis à profit dans sa carrière à New-York. Il était tellement plus facile de mener sa barque dans un océan de requins quand on pouvait aisément saisir la température de l’eau.

Comme tant d’autres avant elle, Mindy Baker - auparavant connue sous le nom d’Amanda Baker - avait été capturée par la magie maudite de ce diner. Transformée comme les précédentes victimes, elle avait dû servir pendant des années la nourriture grasse et relevée que l’entité qui couvait au fond des cuisines préparait pour appâter ses proies. La malédiction qui imprégnait le restaurant se nourrissait en échange de l’énergie magique de ses victimes et Amanda avait senti chaque jour l’entité malveillante survivre à ses dépends et à ceux de ses clients. Le diner créait une dépendance avec ceux qui goûtaient complètement sa nourriture … Les gens finissaient toujours par y revenir … et l’entité continuait à se nourrir.

En cinq ans, les contacts avec la malédiction avaient été rares. Celle-ci apparaissait parfois sous la forme d’une vieille sorcière qui ne se montrait que rarement, généralement lorsqu’une proie de qualité rare se manifestait. Amanda avait suffisamment lu de contes pour comprendre qu’il s’agissait probablement d’une réminiscence de la sorcière d’Hansel et Gretel … reconvertie dans la restauration américaine. Une délicieuse ironie. Elle qui préférait traditionnellement les tourtes aux enfants, la voilà désormais à préparer des burgers. A supposer qu’il s’agisse bien de la même sorcière …

Sa main trouva les clefs et elle les enclencha dans le contact. Ses yeux fatigués s’attardèrent sur le reflet incertain que le pare-brise lavé par la pluie lui renvoyait à l’intérieur de sa Cadillac. Elle était enfin libérée de l’influence de ce lieu maudit … mais pour cela, une autre avait dû prendre sa place. Une innocente, elle aussi, que le restaurant retiendrait pendant des années jusqu’à qu’une autre âme innocente n’en soit la proie. Elle se rappela de Sandy, la précédente “serveuse” du diner. Celle-ci s’était enfuie sans demander son reste. Mindy avait passé des années à espérer qu’elle revienne la chercher, qu’elle brûle cet endroit et qu’elle vienne la sauver, mais aucune aide n’était jamais venue. Au fil du temps, elle avait fini par ne plus lui en vouloir. Qui aurait pu affronter une telle entité à mains nues ? Qui aurait pris le risque de redevenir à nouveau la victime de ces murs décrépis ?

Elle appuya sa tête contre le cuir du volant, essayant de rassembler ses pensées. Que devait-elle faire ? Devait-elle fuir ? Devait-elle se porter à leur secours ? …


_______oOo_______




Les clients, envoûtés par la nourriture du diner, se levèrent comme un seul homme et l’ambiance s'alourdit instantanément. Le routier le plus proche de la porte - une sorte de colosse à la barbe trempée de ketchup maison - fit barrage de son corps et, silencieux, s’approcha des deux jeunes femmes. D’un geste, il attrapa Olivia par le bras et la fit entrer manu-militari dans le local réservé aux employés avant de darder un regard noir vers Blanche.

La porte se referma dans un grincement tandis qu’Olivia, déséquilibrée, se retrouvait dans le noir le plus complet, dans le coeur de la malédiction. La demoiselle, l’estomac toujours tenaillé par la faim grandissante que le dîner avait fait naître en elle, chercha la sortie à tâtons, désespérant de retrouver la lumière d’un néon. Elle tenta d’appeler à l’aide pour qu’on la sorte de l’aile des employées, mais ses appels restèrent sans réponse … le son semblait étouffé.

Malgré les ténèbres, les yeux d’Olivia pouvaient discerner les effluves caractéristiques d’une malédiction ancienne … une aura puissante et patiente, qui avait passé des décennies à raffiner son savoir-faire pour s’emparer de nouvelles victimes et se nourrir de leur énergie. Cachée à la vue de tous, elle s’infiltrait dans les murs et les planchers comme un lierre rampant … et le réfectoire était son ventre.

La panique s’empara d’Olivia, mais il était déjà trop tard pour elle. Son ventre enflé gargouilla et immédiatement, des mains invisibles s’emparèrent d’elle tandis que les vrilles magiques se frayaient un chemin dans son esprit. Olivia lutta du mieux qu’elle put, mais fut rapidement submergée par la malédiction. Son esprit sombra dans les limbes tandis que le ricanement d’une vieille femme résonnait dans son esprit.

Il y eut un instant de flottement dans la salle principale. Les clients envoûtés reprirent leurs esprits et se rassirent à leurs tables, laissant Blanche tranquille et sans aucun dommage. L’atmosphère menaçante se résorba tandis que les délicieuses odeurs de nourriture reprenaient place dans le réfectoire et que le grésillement des steaks se faisaient entendre dans les cuisines.

Une silhouette émergea des cuisines. Trottinant dans ses baskets blanches compensées vers le comptoir, la remplaçante de Mindy venait de faire son apparition. Vêtue d’un uniforme bleu électrique et d’un tablier blanc serré à la taille épousant ses formes rondelettes, Olivia - dont l’étiquette sur sa poitrine portait l’inscription “LIV” - venait de rejoindre le service du diner. Les cheveux attachés en un chignon lâche, la jeune femme aux formes généreuses s’approcha de la caisse et sourit à Blanche.

”Bonsoir mademoiselle. Je peux vous encaisser ? Tient, votre amie est déjà partie ?”

Une lueur étrange brillait dans les yeux d’Olivia. La jeune femme était visiblement envoûtée.

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Mar 2 Avr - 16:04 (#)

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"Under the Lamplight - Olivia - Blanche."





Un nouveau sentiment surgit du fond de mon être. La peur. Viscérale et enveloppante. J’ai envie de m’enfuir, de pousser Olivia par cette foutue porte, de grimper dans la voiture et de partir très loin de cet endroit. Mais je dois bien vite renoncer à ce projet idyllique qui me semblait pourtant parfait. Le dernier entré, fait barrage de son corps imposant et fait disparaître mon invitée dans la remise. Un cri m’échappe, suivi d’une tirade d’insultes françaises sortant tout droit des pires banlieues. Ce n’est pas dans mes habitudes d’utiliser un tel langage châtier mais c’est sorti tout seul.

Je me retourne, cherchant des yeux, une quelconque aide parmi les convives. Ceux qui se sont levés, m’offrent des œillades hostiles, je ne peux m’y tromper. Ils avancent lentement, l’un d’eux a même saisi un couteau à bout rond. Je ne sais pas ce qu’il compte en faire, mais je n’ai pas vraiment envie de connaitre ses intentions. Mon dos est appuyé contre le comptoir où siège le tiroir-caisse, je sens l’arrête s’enfoncer dans une côte, induisant une douleur exquise, je n’ai pas d’issue et je n’ai pas les compétences pour riposter. Ce ne sont pas les quelques leçons de ju-jitsu que j’ai prises, il y a quelques années, qui vont me permette de m’offrir la liberté.

L’homme qui a évincé la Petite Souris, attrape fortement mon bras et m’attire à lui. Je hurle, cherche à griffer son visage, je m’accroche au dossier d’une banquette mais aucun geste n’aboutit. Mes ongles ne trouvent que l’air fétide et surchargé de gras. Ma main glisse sur simili cuir, imprégné de la crasse des années. Il me maintient fermement contre le comptoir. Un instant, j’ai presque peur pour ma vertu, mais il se contente de patienter me délivrant quelques mots.

- Tu restes là et tu attends pour payer. Après cela, tu t’en vas.

Sa poigne est puissante et ne faiblit pas une seconde. Je lève des yeux haineux vers le gars qui affiche une mine patibulaire. Où est Olivia ? Je ne vais pas l’abandonner ici. Tortillant le haut du corps, toujours dans l’espoir désespéré de faire lâcher prise au routier, sans parvenir au moindre résultat probant, je ne vois pas la petite silhouette se frayer un chemin entre les tables et se glisser derrière la caisse enregistreuse.

Il ne me faut qu’une seconde pour reconnaître la jeune femme. L’effroi de ses paroles me paralyse. Le temps s’arrête, je cligne des yeux, cherchant à comprendre, à accepter, ce qui se déroule dans cet endroit. C’est impossible à moins de faire face à quelque chose de bien plus grand et maléfique. Si les vampires ne sont pas un secret pour moi, la magie qui opère ici me dépasse totalement. Ma tête effectue de tout petits mouvements négatifs, refusant de croire ce qui se déroule sous mes yeux. Les doigts de mon « garde du corps » se font pressant et je règle rapidement, en cash, le montant dû.

- Gardez la monnaie. Et…

J’hésite mais je ne peux rester muette face à cette mascarade. Ma main se tend, cherchant à effleurer celle de Liv.

- Olivia, regarde moi ! Tu…

Ma voix est aigue, flirtant avec l’hystérie. Un contact rapide s’effectue entre nos épidermes avant que je sente la poigne de l’homme emprisonner mon bras encore un peu plus fermement. Sans la moindre sommation, il ouvre la porte, qui grince affreusement sur ses gongs et me jette littéralement dehors. Mes jambes tentent de suivre le mouvement mais la poussée est trop brutale pour que je puisse anticiper quoi que ce soit. J’atterris, sans ménagement, sur le bitume craquelé du parking, n’ayant touché aucune des trois marches menant au Diner. La pluie est toujours à l’œuvre, des gouttelettes perfides s’insinuent rapidement dans mon col, s’assurant que je déguerpisse au plus vite.

Hébétée, je me relève, une paume en sang, mon jeans en vrac au niveau des genoux. La colère chasse l’incompréhension. Jamais je ne me suis faite jetée de la sorte d’un établissement. Réfléchissant à un plan d’attaque, je vois la silhouette de Mindy se hâter vers une voiture, s’y engouffrer et s’installer derrière le volant.

Sans la moindre hésitation, je rallie son véhicule, me poste devant le pare-chocs et abats bruyamment mes mains sur le capot, y laissant une empreinte ensanglantée, rapidement rincée par le déluge.

- Pas question ! Tu vas m’aider à comprendre ce qui se passe ici et surtout tu vas m’aider à sortir Olivia de là !

Je dois avoir l’air d’une folle ; mes cheveux sont plaqués à mon crâne par la pluie, mon maquillage doit dégouliner affreusement mais, pour une fois, qu’importe. Hors de question que je laisse la Petite Souris moisir dans cette bauge. Mindy relève la tête, effrayée, jusqu’au moment où elle me reconnaît. Lentement, usant de moult précaution, elle s’extrait de l’habitacle.

- On ne peut plus rien pour elle. Ton amie est déjà sous Son Emprise.
- Il y a toujours un moyen ! Raconte-moi, dis-moi tout ce que je dois savoir.

Son récit est rapide, clairsemé de sanglots mais je n’y prête pas attention, je n’ai pas le temps pour cela maintenant. Je m’apitoierai plus tard, quand j’aurai récupéré Olivia. J’écoute attentivement et assimile chaque mot. Lorsque sa voix meurt, je hoche du chef.

- Si tu dis vrai et que les flics sont corrompus, on ne peut compter que sur nous. Pas le temps d’appeler la NRD ou n’importe quel autre organisme. J’inspire profondément. Y’a qu’une seule solution. Viens suis moi et ne t’avise pas à me fausser compagnie.

Nous contournons le bâtiment afin de nous retrouver à l’arrière du Diner. Les bombonnes de gaz alimentant les cuisinières sont sagement rangées. Je ne suis pas une grande pyromane et me tourne vers Amanda. Un sourire vilain déforme ses traits, la revanche flotte dans ses pupilles.

- Je m'en occupe, on va prendre n’importe quelle voiture et on la lance à pleine vitesse. Je m’en charge. Toi, tiens-toi prête à récupérer ta copine.

La solution me paraît un peu radicale mais elle est inarrêtable. J’abandonne la femme à ses plans machiavéliques et retourne proche de l’entrée, prenant garde à ne pas me faire voir. J’entends avant de voir une voiture « empruntée » sur le parking, passer devant moi et foncer à pleine vitesse contre les bouteilles de gaz. Je n’ai aucune idée si elle a eu le temps de s’extraire du véhicule. Une énorme détonation ébranle le Diner, les grandes vitres volent en éclat avant que d'immenses gerbes de feu illuminent l’établissement.

Le type au journal est le premier à quitter le restaurant par les anciennes baies. Des cris s’élèvent ainsi qu’un mugissement glauque et sinistre. Discrètement, je jette un coup d’œil à l’intérieur, espérant entre-apercevoir Olivia, prête à l’attraper et la traîner vers ma Mini.


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Mer 3 Avr - 23:30 (#)


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Olivia était restée tout sourire, encaissant l’argent de Blanche avec une candeur peu commune. Après tout, elle travaillait au diner pour satisfaire les clients. Chaque client satisfait était un client qui reviendrait sans nul doute ! L’esprit embrumé par la malédiction du diner, Olivia continua à sourire quand la cliente lui proposa de garder la monnaie. Elle ne s’apercevait même pas que la pauvre Blanche était brutalisée par les pions mentalement contrôlés par le restaurant. Elle était tellement concentrée sur le fait de bien faire son travail que cela lui passait complètement par-dessus la tête. C’était fort sympathique de sa part de proposer de garder la monnaie et …

Il y eut un électrochoc.

Il n’avait fallu qu’un simple contact, peau contre peau, pour que le pouvoir d’Olivia s’éveille. La cliente avait tendu la main vers elle. Un contact à peine ressenti sur son épiderme suffisait pour qu’Olivia se nourrisse des souvenirs de sa victime. Oh, ce n’était pas grand-chose … Les souvenirs des quelques dernières minutes. Rien de bien méchant au demeurant, mais le peu que son corps avait absorbé venait de déclencher l’ouverture des vannes dans l’esprit d’Olivia, fragilisant l’emprise du lieu sur sa psyché.

Les souvenirs affluèrent en elle comme un torrent. L’heure passée passa comme un flash dans l’esprit d’Olivia, qui vit toute cette aventure du point de vue de Blanche. Le choc des souvenirs réveilla l’Outre et rompit l’emprise de la malédiction. Olivia balbutia, tentant de reprendre pied dans la réalité, mais elle n’eut pas le temps d’appeler à l’aide. Blanche fut jetée manu-militari dehors sous la pluie.

La jeune femme se massa les tempes, cherchant à retrouver le contrôle sur son esprit. Il fallait absolument qu’elle se concentre … qu’elle trie les souvenirs de Blanche … qu’elle comprenne ce qu’il s’était passé. La jeune femme se pinça les bras, afin de conserver prise sur la réalité. Elle ne remarqua pas sa propre transformation, tout occupée qu’elle était à faire le vide dans ses pensées. Elle sentait que quelque chose n’allait pas. Les souvenirs de Blanche ne correspondaient pas à ceux qui flottaient dans sa conscience. Quelque chose clochait complètement ! Comment pouvait-elle à la fois être serveuse dans ce diner depuis maintenant quelques mois et s’être vue y entrer pour la première fois avec la cliente il y a moins d’une heure ?

Elle secoua la tête, essayant d’y remettre de l’ordre, mais ce qu’elle ne sentait pas, c’était l’emprise du diner sur ses souvenirs. Celui-ci continuait à s’insinuer dans son cerveau, chassant et traquant les souvenirs livrés par Blanche. Ces souvenirs étaient dangereux … si la demoiselle parvenait à s’en emparer complètement, ils risquaient de briser le contrôle qu’il avait sur elle. Mais le mince courant de souvenirs n’était pas suffisant pour briser l’ancienne malédiction qui s’était emparée d’Olivia. Cette dernière perdait pied, avalée par la puissance de l’entité qui suintait des murs du restaurant et avait planté ses vrilles mentales en elle.

Olivia se sentait sombrer … Complètement inconsciente des pouvoirs employés contre elle, elle sentait sa conscience dériver vers des rivages connus et familier. Elle était serveuse dans ce diner … Et tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Il lui suffisait juste de se concentrer sur son travail … et d’y prendre plaisir. Tout allait bien … il suffisait juste de se laisser aller … de se laisser glisser …

Le regard d’Olivia commença à se faire vide …

C’est alors qu’un souffle chaud la percuta !

Projetée sur le comptoir par le souffle de la voiture de Mindy percutant les bombonnes de gaz de cuisine, Olivia Havel ne dut qu’à la chance (et à la solidité des murs) de ne pas finir rôtie comme un petit cochon. A la violence de l’explosion succéda le chuintement atroce de la carlingue métallique de la Cadillac de Mindy, encastrée dans les restes de ce qui avait été autrefois la cuisine du restaurant.

Les clients captivés et capturés par l’esprit maléfique du diner furent projetés contre les vitres. Tout ce qui n’était pas fermement fixé au sol vola en éclat et percuta violemment les murs du restaurant. Tables, tabourets, ventilateurs, assiettes, se mélangèrent dans un ballet chaotique et meurtrier tandis que les flammes léchaient les faïences délavées et s’engouffraient dans les stocks de nourriture, avides de combustible !
Olivia, sonnée, reprit ses esprits. A l’intérieur de sa tête, quelque chose hurlait de douleur. L’esprit maléfique venait de se voir asséner un coup fatal, une véritable déchirure dans son intégrité. Le craquement sinistre du toit qui s’effondrait sur ce qui avait été autrefois la cuisine accompagnait les hurlements de douleur de l’esprit, qui perdait le contrôle sur ses victimes. L’odeur âcre de la fumée mélangée à la graisse de la junk food montait aux narines d’Olivia, qui eut un haut-le-cœur suffisamment puissant pour lui remettre les idées en place.

Le cœur battant, probablement blessée, la jeune femme contempla avec horreur le restaurant en flamme tandis que les civils se précipitaient vers les sorties de secours. Les craquements sinistres des murs et des équipements de cuisines se mêlaient aux grincements d’agonie de … cette chose … qui hantait les murs. Les idées remises en place, la jeune femme sentit la pression sur ses souvenirs s’estomper, la libérant de l’emprise de la créature. Ses yeux céruléens voyaient à présent ce qu’il se passait et qui échappait auparavant à sa vision. Elle voyait cette masse noire éthérée suppurer des murs, couler entre les joints du plancher. Elle sentait sa douleur, son tourment, …

Incapable de supporter ces hurlements, Olivia s’enfuit sans demander son reste. Trébuchant et se cognant mollement à divers objets épars, la jeune femme transformée en serveuse bien en chair percuta de plein fouet la porte de secours, échappant au barbecue de justesse tandis que la fumée âcre remplissait ses poumons.

Ses ballerines foulèrent le macadam jonché de débris de briques et de verre. Olivia était libre, mais déboussolée. Où était Blanche ? Était-elle en vie ? Avait-elle pu se mettre à l’abri ? Olivia continua de tituber vers la station essence plus loin, sans lancer le moindre regard au bâtiment en flamme d’où résonnaient les hurlements de la malédiction. Elle crut apercevoir au loin la forme de Mindy, qui fuyait vers les bois sans demander son reste tandis que les clients restaient hébétés devant le carnage. Au moins, ils étaient tous saufs …

C’est alors qu’elle la vit ! Blanche !

A bord de sa Minie, la jeune femme fonçait à toute allure vers la station essence, faisant fi du danger. La voiture dérapa à quelques mètres d’Olivia et la portière s’ouvrit brusquement. Ni une, ni deux, l’Outre sauta sur le siège passager sans demander son reste, ne prenant même pas la peine de boucler sa ceinture ! La Minie crissa des pneus et démarra en trombe ! Tant pis pour la voiture d’Olivia, honteusement restée à quelques centaines de mètres : il fallait fuir rapidement et elle n’allait pas bouger de sitôt.

Leur fuite fut couverte par une nouvelle explosion. Les flammes venaient d’atteindre la station essence et ses réservoirs. Les hurlements d’agonie de la malédiction s’estompèrent rapidement à mesure que la Minie faisait vrombir son petit moteur sur les routes trempées par la pluie de la Louisiane, faiblement éclairées par les phares de la voiture.

Trempée, pleine de suie, épuisée, traumatisée, Olivia faisait peine à voir. Sa compagne d’infortune ne semblait pas en reste … elle aussi passait une sale nuit ! Son cœur avait repris un rythme normal et ses pensées s’étaient éclaircies. Elle ne ressentait plus la pression de la malédiction dans sa tête … La créature était-elle définitivement morte ? Difficile de le savoir, mais il ne fallait pas bouder son plaisir. Elle soupira. Le rapport au NRD allait être costaud …

Elle se tourna alors vers sa sauveuse. Elle voulut lui expliquer tout ce qu’elle savait : le surnaturel, la magie, ces créatures que l’on voyait aux informations mais qui restaient en marge de la société. Mais Blanche pouvait-elle supporter une telle vérité ? Au vu du sang-froid dont elle avait fait preuve lors de leur fuite, elle se doutait que ce n’était peut-être pas la première fois que la demoiselle avait affaire au surnaturel. Mais il fallait qu’elle soit transparente avec elle … C’était le moins qu’elle puisse faire.

« Merci Blanche … Tu m’as sauvé la vie … Je sais que ça va te paraître étrange mais … »

Olivia s’arrêta … Quelque chose clochait. Une anomalie avait accroché son regard dans le rétroviseur. Lentement, sa main attrapa le miroir et le tourna vers elle.

Elle resta bouche-bée.

Le rétroviseur de la Minie ne lui renvoyait pas l’image d’une demoiselle à l’air presque maladif, aussi mince qu’une feuille de papier. Le corps d’Olivia n’avait jamais arboré des formes opulentes. Au mieux, on pouvait la qualifier de mince, voir même de maigre. Les années de mauvais traitements de la part de sa famille n’avaient pas aidé à ce qu’elle devienne une jeune femme bien portante et quiconque la regardait de près pouvait s’apercevoir que sous son apparente minceur se cachait des souffrances muettes.

Mais le reflet projeté dans le rétroviseur était bien loin de cette réalité. Sur la place passager de la Minie se trouvait une demoiselle qui lui ressemblait grandement … si Olivia avait été trop bien nourrie depuis son enfance. Instinctivement, elle porta ses mains à son visage aux joues rebondies, essayant de comprendre ce qu’il se passait. Son corps avait pris de beaux kilos, de la chair rosée et rondelette venant enrober son corps autrefois maigre, faisant de l’asperge qu’elle était un beau navet bien dodu. Tout son corps avait pris une belle épaisseur … à vue de nez, la demoiselle était passée du S au XL en un éclair. Ses formes étaient douces et remplissaient avantageusement l’uniforme bleu de serveuse qu’elle portait. Elle était toujours Olivia, mais une Olivia bien en chair !

Elle eut un hoquet, toujours stupéfaite par son apparence, mais les souvenirs volés à Blanche lui donnèrent l’explication qu’elle cherchait avec fébrilité. La nourriture ! Celle-ci était maudite ! Et la jeune Outre était tombée dans le piège sans s’en rendre compte. Les larmes lui montèrent aux yeux, tétanisée qu’elle était par sa métamorphose.

« Mon Dieu, Blanche ! Qu’est-ce qui m’est arrivé ?! Qu’est-ce que je vais faire ?! » déclara-t-elle d’un ton paniqué !
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Ven 12 Avr - 20:05 (#)

Participant 1

"Under the Lamplight - Olivia - Blanche."



Le souffle de l’explosion est fantastique, dans tous les sens du terme. L’homme au journal est déjà en fuite, courant en direction de la forêt. Grâce au brasier, je le vois retirer sa veste et sa chemise, puis dégrafer son pantalon avant d’être avalé par les ténèbres. Un garou, sans nul doute. Qu’importe, je dois retrouver Olivia coûte que coûte. Hasardant un regard rapide dans ce que fut le Diner, je contemple une scène de désolation. Un corps gît au sol, il ne reste que la moitié de son crâne, le reste a dû être broyé par un objet quelconque. Les flammes lèchent les murs, avide de consumer l’établissement. Et là, entre les briques, quelque chose de goudronneux, de visqueux s’échappe des fissures. Tout comme chaque personne encore valide, la matière tente de s’extraire des fondations.

Aux hurlements humains s’ajoutent des sifflements perfides de bouteilles de soda qui se transforment en projectiles meurtriers. Les gazinières ne trouvent pas de repos, explosant encore et encore, faisant valdinguer la vaisselle dans tous les sens. Le plancher craquèle sous la chaleur, le linoléum fond, se collant aux semelles, cherchant à les retenir et nourrir l’inferno.

Le mur auquel je suis adossé commence à chauffer. Avant que je me retire, je vois Olivia se précipiter vers une sortie de secours. Elle est à l’autre bout de ma position. Alors je cours, laissant ces pauvres gens à leur détresse et leur blessure. La seule chose qui m’importe, c’est de récupérer la Petite Souris et de nous en aller loin, très loin de cet endroit maléfique. Lorsque nous serons suffisamment éloignées, nous appellerons les secours, mais pour l’heure, il faut survivre.

Les clefs sont sur le contact, je les avais laissées intentionnellement afin de démarrer au plus vite. Il me faut quelques secondes pour retrouver la silhouette nouvellement potelée de la jeune femme. Elle marche lentement, titube, manque de tomber et se dirige vers les pompes à essence ! S’il y avait un endroit où ne pas aller, c’est bien là.

Maltraitant le moteur de ma petite anglaise, je fonce sur Olivia, utilise le frein à main pour stopper la voiture et ouvre la portière en me couchant sur le siège passager. Aucune parole ne franchit nos lèvres. Elle cherchant à reprendre son souffle et moi, bien trop concentrée à déguerpir aussi vite que possible. L’horizon derrière nous s’illumine avant que le bruit nous parvienne. Pied au plancher, je perçois quelques débris retomber, me faisant croire à un de ces films catastrophes où le héro s’en sort in extremis. Spring Ridge est désormais dans mon dos. Les arbres bordent la route, ils défilent à une allure qu’habituellement je ne me permets pas, trop anxieuse d’écraser une bestiole.

Mes deux mains sont ancrées sur le volant, mon regard vissé sur la route, mon corps est tendu à l’extrême. Lentement, je reprends ma respiration, ayant presque oublié que le côté vital de la chose. Difficilement, j’avale le peu de salive qu’il me reste en bouche avant de décélérer légèrement, adoptant une conduite nettement plus normale.

La pression commence à redescendre mais je sais lorsque l’adrénaline sera épuisée, nous allons nous écrouler. Shreveport est encore loin mais vu ce qui nous est arrivé, hors de question de m’arrêter à nouveau dans un relais routier. La radio diffuse un vieux jazz qui fait naître un sourire sur mes lèvres, mes pensées s’envolant vers Jean. Il ne va pas en croire ses oreilles lorsque je lui raconterai cette aventure étrange.

Cette perspective me rassure et me détend. Je m’installe un peu plus confortablement dans mon siège et inspire profondément. La voix d’Olivia brise mes pensées positive. Rapidement, je fais un aller – retour, route – visage de ma passagère et secoue la tête en souriant au parebrise.

- Olivia ne…

Trop tard. Je la laisse s’examiner, apprendre à se retrouver dans ce nouveau reflet, effaçant mon sourire et pince les lèvres.

- Olivia, ce n’est pas grave. Nous sommes en vie, toutes les deux et pour l’heure c’est l’essentiel. Le Diner est loin derrière nous. Et en plus, tu te souviens de mon prénom, ce qui est déjà pas mal. Panique pas, on va trouver une solution.

Je ne sais pas quoi ajouter de plus, n’ayant aucune idée si sa transformation est permanente ou pas. Je n’ai pas eu l’occasion de la regarder plus en détail. Mais qu’importe l’apparence, le peu de temps que j’ai pu passer en sa compagnie, me fait déjà l’apprécier. Et quelque part, je me dis que c’est de ma faute, si je ne l’avais pas entraînée dans cette galère, elle serait très certainement toujours assise sur son banc, tremblotante dans la tourmente météorologique.

- Je suis vraiment désolé, je n’aurai pas dû t’inviter à te joindre à moi. Je me sens un peu coupable.

Je me tais, me concentrant sur la route et de l’avenir de la Petite Souris. Quelle vie mène-t-elle, où habite-t-elle ? Chez ses parents ? Un compagnon ou compagne ?

- Il faudrait appeler la police ou peut-être la NRD pour leur signaler le Diner. Qu’ils ouvrent une enquête car, je ne sais ce qu’on a rencontré, mais cela n’a rien de naturel. Tu peux t’en charger ? Ou tu préfères que je le fasse une fois chez moi ? Je te propose de venir à la maison, je vis seule et j’ai plusieurs chambres d’amis. Ainsi, nous pourrons débriefer tranquillement, c’est important. Qu’en dis-tu ?

A mon grand soulagement, les villages que nous traversons se rapprochent de plus en plus, effaçant la forêt. Nous croisons quelques usagers de la route, nous ne sommes plus seules au monde.

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UNDER THE LAMPLIGHT

Spring Ridge

– Colquitt Road -

1er décembre 2021


Under the lamplight [Blanche] Fbcc8e11



Les larmes montèrent aux yeux d’Olivia tandis qu’elle observait avec effroi son reflet dans le rétroviseur. Elle était complètement en panique et les mots de Blanche ne l’aidèrent pas à se rassurer quant à sa situation actuelle. Pire encore, la jeune femme, dans sa panique, se mit à envisager que ce pouvait être la faute de sa compagne d’infortune. Après tout, si elle n’avait pas insisté pour qu’elle la suive, elle n’aurait pas été la victime de cette malédiction ! Si elle ne l’avait pas écouté elle …

Respire Olivia ! Respire …

La jeune femme ferma les yeux et inspira profondément, son nouveau corps lui renvoyant d’étranges sensations. Les souvenirs volés à Blanche lui revinrent en mémoire. La demoiselle était aussi perdue et paniquée qu’elle. Elle n’avait à aucun instant pensé à mal et au vu de ce que Olivia ressentait, Blanche était loin de s’imaginer un seul instant que l’enchainement de ses actions aurait pu causer un tel désastre.

Non … il fallait qu’elle se calme. Cela ne servait à rien de blâmer Blanche pour cela. Elle n’y était pour rien, et sans son action, elle serait restée pour le reste de ses jours à servir des burgers dégoulinants de gras dans ce diner maudit. Elle enfouit ses mains dans son visage et rouspéta. Pourquoi fallait-il toujours que ce genre de choses lui arrive ?!

A mesure que les miles défilaient et que les forêts de la Louisiane laissaient place aux lignes élancées de la métropole de Shreveport, Olivia tentait de se calmer et de réfléchir à sa situation, tout en ressentant un inconfort certain dans son uniforme. Elle finit par rompre son silence et répondre à la pauvre Blanche, qui semblait sincèrement s’inquiéter.

« Tu as raison … Nous sommes en vie et c’est le principal … »

Elle n’émit aucune opposition à la proposition de Blanche de passer par chez elle. Cela semblait la meilleure option étant donné que l’appartement d’Olivia se trouvait à l’autre bout de la ville. Et elle était si fatiguée … Cependant, une chose la turlupinait.

« Attend … comment se fait-il que tu connaisses le NRD et … ? Non … laisse tomber. Ce n’est pas la chose la plus étonnante que j’ai pu expérimenter ce soir … Attendons d’être en sécurité, nous aviserons après. »

Elle laissa reposer sa tête contre le cuir du dossier de la Minie, essayant de faire le tri dans ses pensées et de chasser les sensations désagréables qui parcouraient son corps. Prise de fatigue, elle ferma quelques minutes les yeux, le temps de reprendre ses forces, laissant Blanche la conduire jusqu’à chez elle. Au moins … elle était loin de ce lieu maudit …

La voiture s’engouffra dans une charmante allée plantée, éclairée par un éclairage de jardin suffisamment impressionnant pour que l’on s’y sente comme en plein jour. La Minie s’arrêta sur une place de parking extérieure et les deux jeunes femmes trempées jusqu’aux os sortirent, leurs pas résonnant sur le béton gris. Grimpant les quelques pas-d’âne menant à la porte d’entrée de la villa de Blanche, Olivia ne put s’empêcher de remarquer la qualité architecturale de cette demeure. Contemporain et moderne étaient ce qui pouvait le mieux décrire cette maison. Visiblement, Blanche avait les moyens ! De vrais moyens … et du goût, bien que cette maison d’un blanc immaculé soit un peu trop contemporaine et minimaliste dans ses formes pour Olivia, qui préférait les vieilles demeures de style. Néanmoins, il fallait louer le goût de Blanche. Ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait trouver de telles demeures en Louisiane.

Les deux femmes entrèrent dans la grande villa et Olivia fut émerveillée par le caractère moderne et feutré de l’ensemble. Lumières parfaitement adaptées via une domotique de qualité, parquets et carrelages d’une finesse remarquable et ameublement de style, choisi avec goût. Tout ceci était un véritable délice aux yeux de la demoiselle, qui, si elle n’avait pas été trempée jusqu’aux os et totalement épuisée, aurait posé des milliers de questions à sa compagne d’infortune sur la provenance de chaque matériaux et discuté avec elle pendant des heures des choix réalisés.

Sans plus de cérémonie, Blanche lui indiqua une chambre à l’étage pour se mettre à l’aise. Ni une ni deux, Olivia grimpa les marches dans ses ballerines humides et se retrouva bien vite dans la chambre d’ami, attenante à une charmante salle de bains, dont l’ameublement était parfaitement à son goût et dont les harmonies de couleur flattaient la rétine. Bien vite, elle se débarrassa des habits de serveuse et se rinça sous une eau chaude et salvatrice.

A peine séchée, Olivia prit le temps de s’examiner plus clairement dans le miroir, non sans un pincement au cœur. Sa silhouette longiligne n’était plus. A la place, son reflet lui renvoyait l’image d’une demoiselle un peu trop bien nourrie, mais étrangement pas dénuée de charme. Elle avait encore du mal à se faire à l’idée que c’était bien elle dans ce reflet et se demanda à juste titre si tout ceci était permanent. Ses doigts pincèrent sa peau à quelques endroits stratégiques, afin de vérifier si tout ceci était bien réel … et malheureusement, ce n’était pas un cauchemar. La jeune femme aussi maigre qu’un clou était désormais rondelette …

Olivia sortit de la salle de bains enveloppée dans sa serviette. Son esprit était presque apaisé et ses idées plus claires. Une maigre consolation apportée par l’eau chaude et quelques exercices de respiration, mais c’était toujours ça de gagné. Au moins, elle était en sécurité, au chaud et elle pouvait planifier la suite. Toujours incommodée par ses nouvelles formes, la jeune femme se mit en quête de vêtements pour éviter de passer la soirée à moitié nue.

Fort heureusement pour elle, la chambre d’amis se révéla fort bien pourvue. Les armoires sur le côté du lit étaient remplies de vêtements divers et variés, dont certains étaient à sa nouvelle taille. Visiblement, les amis de Blanche s’étaient fait un plaisir de remplir la penderie pour pouvoir bénéficier d’un point de chute cossu à Shreveport, sans avoir besoin de ramener la moitié de la malle à vêtements dans leurs voyages. Ceci joua parfaitement en faveur d’Olivia, qui étala quelques-uns de ces vêtements sur la couverture du lit et se mit à les assortir maladroitement.

Les trois-quarts des vêtements rangés dans l’armoire étaient malheureusement trop petits pour elle. Du S … du M … Même le L semblait trop petit désormais. Elle finit par mettre la main sur des vêtements à sa taille et s’empara d’un gros pull couleur lilas, d’une chemise blanche appartenant probablement à un homme et d’un legging gris clair qu’elle enfila sans plus de cérémonie. Fouillant à nouveau dans les placards, elle trouva une paire de ballerines en faux cuir de la même couleur que le pull. Elle ne gagnerait pas un défilé de mode avec ça, mais au moins, le tout était à peu près assorti pour ne pas faire honte à son hôte.

Lorsqu’elle se regarda à nouveau dans le miroir, Olivia crut voir une autre personne. Son corps enrobé était perclus de fatigue, et même les vêtements larges qu’elle avait pu mettre ne pouvaient cacher qu’elle avait irrémédiablement changé. Passant d’un air inquiet ses mains sur ses joues rebondies, elle avait l’impression de voir une autre personne … Rapidement, elle relâcha ses cheveux et tenta de masquer la nouvelle forme de son visage par ses longues mèches brunes. A peine satisfaite du résultat, elle tenta de s’ajuster et eut un pincement de lèvres. Ce n’était pas fameux, mais ça suffirait … au moins le temps qu’elle trouve une solution au merdier dans lequel elle s’était fourrée.

Olivia descendit dans le salon à pas feutrés. Sa démarche restait hésitante tandis qu’elle tentait de se faire à son nouveau centre de gravité. Cela la gênerait quelques temps … ce n’était qu’une question d’habitude à prendre et Olivia avait démontré plus d’une fois ses capacités d’adaptation à des situations … bien pires ? La jeune femme soupira et s’approcha de la cuisine en frissonnant. Si Blanche n’avait pas été là, serait-elle restée pour l’éternité à servir de la nourriture grasse dans ce diner ? Aurait-elle complètement perdu ses souvenirs pour devenir simplement « Liv » ? S’asseyant maladroitement sur l’un des tabourets du bar, la demoiselle se servit un verre d’eau et but quelques gorgées avant de se masser les tempes.

Quelles étaient les prochaines étapes ? Que devait-elle faire désormais ?

Appeler directement le NRD était la plus mauvaise option. Sitôt l’agence contactée, Olivia serait mise à pied et probablement mise en quarantaine jusqu’à la fin de l’enquête. Et puis, elle ne connaissait rien à la malédiction qui l’avait frappée. L’incendie avait-il eu raison d’elle ? Au vu de la flambée et des explosions, il était raisonnable de le penser. En tout cas, elle l’espérait fortement …

Ce qu’Olivia ne savait pas, c’était qu’on ne se débarrassait pas si facilement d’une telle malédiction …

Lorsque l’Outre vit Blanche redescendre des escaliers, elle eut un pincement de lèvres. Elle respirait la bonne santé et ses vêtements étaient impeccables, comme si elle n’avait jamais été dehors ou n’avait jamais vécu l’explosion d’un restaurant routier. La jeune femme ne put s’empêcher intérieurement de la jalouser, elle qui semblait désormais boudinée et fringuée avec le peu qu’elle avait pu trouver.

« Je ne pense pas que cela soit une bonne idée d’appeler le NRD. Vu que tu sembles connaître l’agence … autant le dire clairement : je travaille pour eux. Mais si jamais cela venait à se savoir que je viens de subir une malédiction, je serai probablement mise à pied, voire en quarantaine et étudiée par des spécialistes pendant des semaines. Si je peux m’éviter ça … je t’en serai gré … »

Il fallait trouver une bonne excuse pour ne pas éveiller les soupçons du NRD quant à sa situation. Du moins … pas tout de suite. Une maladie ? Un arrêt de travail ? Que pouvait-on bien inventer pour éviter d’attirer l’attention. Le NRD était complètement sous l’eau depuis quelques semaines à cause des leaks de ses données. Olivia pouvait facilement travailler depuis chez elle pour colmater les fuites et ne pas apparaître dans son état au bureau. Cela lui donnerait amplement du temps pour trouver une solution … du moins l’espérait-elle …

Et c’était sans compter sur les ressources de Blanche, qui visiblement, était loin d’être totalement étrangère au milieu du surnaturelle, bien que diablement humaine.

Olivia lui expliqua tout ce qu’elle savait, mais se garda bien de lui parler de ses pouvoirs. Tout au plus mentionna-t-elle qu’elle était une Outre … Elle sollicita son avis sur la question.

« Qu’en penses-tu ? lui dit-elle. Que fait-on ? »
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Mer 24 Avr - 17:27 (#)

Participant 1

"Under the Lamplight - Olivia - Blanche."




Olivia semble étonnée lorsque je cite le NRD. Je lui jette un rapide coup d’œil, vérifiant si elle plaisante ou pas. Mais son visage baigné de larmes, me déchire le cœur et c’est une main, qui se veut apaisante, que je dépose sur son bras couvert de la tenue du Diner.

- Je les appellerai, après, plus tard. Nous avons besoin de nous retrouver un peu. De prendre une douche et d’un bon verre. J’ai tout ce qu’il faut à la maison. Tiens, d’ailleurs, nous voilà dans ma rue.

Les grandes maisons blanches sont sagement alignées derrière le petit chemin qui sert de trottoir et les pelouses impeccablement bien tondu. Diego, mon jardinier a dû passer théoriquement dans l’après-midi pour tondre. J’espère qu’il s’est également occupé du jacuzzi, comme je le lui avais demandé. Après avoir actionné à plusieurs reprise la télécommande du garage, sans que la porte ne s’ouvre, je décide de laisser la voiture devant et emmène le boîtier afin de l’alimenter de nouvelles piles. La vue des signes cabalistiques tagés sur la porte de mon garage engendre une grimace profonde. Je déteste voir ces graffitis, ils me mettent mal à l’aise, hormis le fait que leur beauté reste largement discutable. Il va falloir que je relance le peintre urgemment.

- Ne fais pas attention à ça… Je… Ma voix est grinçante et la colère peut y être décelée. Un soir quand je suis rentrée, j’ai trouvé ça ainsi. Je ne sais ce que c’est, ce que cela signifie et je ne suis pas certaine de vouloir le savoir.

Une fois à l’intérieur, je retire mes chaussures, perdant quelques dix centimètres. Même si je suis très à l’aise avec mes talons, je suis heureuse de pouvoir marcher à pieds nus. Ma veste est suspendue dans une armoire qui possède une petite ventilation permettant de sécher le vêtement où, le cas échéant, de l’aérer afin de le débarrasser des mauvaises odeurs.

L’immense miroir me renvoie une image terrible de ma personne. Mes cheveux sont en bataille, à demi collé contre mon crâne. Le mascara waterproof n’a pas tenu ses promesses et quelques trainées sombres ont dégouliné sur mes joues que je m’empresse de frotter. Le bas du jeans est taché de crasse et le haut, colle à mes cuisses. Quant à mon chemisier, tout aussi mouillé que le reste, ne cache plus grand-chose de mon soutien-gorge en fine dentelle Aubade. Je secoue la tête et passe mes doigts dans mes cheveux en soupirant.

- Viens, je vais te montrer ta chambre. Dans l’armoire, tu devrais trouver quelques vêtements. Sens toi totalement libre de les prendre.

La précédant dans l’escalier en bois, où chaque marche est légèrement éclairée, je lui indique la porte et fais mine de redescendre. Or, je fonce dans les autres pièces, destinées à accueillir du monde et parcours rapidement les différents vêtements que mes invités ont laissé derrière eux. Je récupère tout ce qui est XL et au-delà. Les bras chargés, je toque doucement contre le battant et pénètre dans l’espace offert à Olivia. L’eau de la douche coule et d’après les bruits que je perçois, elle est dans la cabine. Discrètement, je retire tous les habits M et S, les remplaçant par ceux que j’ai déniché. Toujours sur la pointe des pieds, je m’éclipse rapidement, range le surplus et rejoins le rez-de-chaussée où se trouve mes propres quartiers.

A mon tour, je m’adonne à des ablutions courtes mais efficaces. Je dois absolument être dans le salon avant mon invitée, pour qu’elle ne se doute de rien. De nouveaux sous-vêtement, un gros pull en mohair avec un col roulé tombant, couleur crème, un bas de training noir et de grosses chaussettes font l’affaire. Un brushing express remette un peu de volume dans mes cheveux. Une crème hydratante réhausse mon teint. Satisfaite, je file à la cuisine pour ouvrir une bouteille de vin blanc. Deux verres à pied sont sortis, j’en rempli un et prends une gorge. Le liquide doré roule sur ma langue, déversant ses arômes réconfortants sur mes papilles. Je soupire de bien-être. Les évènements de cette début de soirée ont été plus que mouvementés.

Les verres sont posés sur la table et la bouteille remise au frigidaire, il serait dommage qu’un tel breuvage s’altère. Quittant l’immense salon, je prends la direction du bureau qui se situe à l’étage où je me munis d’un bloc-notes et d’un stylo. Lorsque je reviens sur mes pas, la petite souris est juchée sur un des tabourets, accoudée au bar en buvant de l’eau. Elle me fait mal au cœur et la culpabilité de l’avoir entraînée dans le restaurant me tord les boyaux.

- Viens, installons-nous dans le canapé, on sera plus à l’aise.

Je la précède et m’assieds confortablement dans les coussins moelleux. Sa première phrase me fait pincer les lèvres. Le NRD doit être prévenu, l’endroit doit être purifié correctement avant que l’entité puisse se régénérer et emprisonner de nouvelles victimes, pour autant qu’elle ne soit pas complètement anéantie. Mais pour cela, il faut s’en assurer et quoi de mieux que des spécialistes, ce que je suis loin d’être. Jean pourrait peut-être m’orienter, ou peut-être même Myrtle ? Mais la meilleure personne qui puisse me guider, c’est Papa.

Je hoche la tête, comprenant les craintes de Olivia. Evidemment, qu’ils vont vouloir l’examiner et faire des recherches, même si elle ne présente plus aucun relent de malédiction. Elle a pris une bonne vingtaine, voir trentaine de kilos en moins d’une heure. Rien ne peut expliquer, rationnellement, cela. Je lui tends son verre et l’encourage à y tremper ses lèvres, ne serait-ce que pour sentir la chaleur de l'alcool envahir son corps.

- Ecoute Olivia, il va pourtant bien falloir envoyer quelqu’un pour vérifier si cette… hum… chose est détruite ou non. On ne peut pas la laisser recommencer si elle n’est pas retournée dans son propre plan. Après, oui, on va trouver une solution pour que tu ne sois pas transformée en cobaye de laboratoire. Je reprends une gorgée de vin. Ecoute, si tu es d’accord, on va noter tout ce que nous savons. Puis…

J’hésite mais papa saura quoi faire. Il saura me guider et m’indiquer l’attitude à adopter, qui contacter. J’inspire profondément et souris à Olivia, cherchant à la mettre en confiance.

- Tout d’abord, je ne ferai rien sans ton accord. Je ne te le promets. Comme tu le sais, je m’appelle Blanche, Blanche de Lantins. Mon père travaille à USIS. Si je lui demande conseille, il saura nous aiguiller sans alerter qui que ce soit. Il est très ouvert d’esprit et cherchera à nous aider, à t’aider toi plutôt que d’aller crier sur tous les toits ce qu'il s’est passé. Il fera des recherches que nous ne pouvons faire. Es-tu d’accord pour cela ?

Un silence s’insinue en nous, je ne le brise pas, laissant la Petite Souris réfléchir à sa guise. Je reprends mon calpin et mon stylo et commence à noter tout ce que je sais et ce qui s’est passé au Diner, décrivant également chaque personne présente. Je relève le nez vers la jeune femme et dépose une main sur son genou.

- Je ne te trahirai pas, Petite Souris.



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