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Warm Stone - Evangeline & Anaïs

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
Anaïs Wilhm
Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
Warm Stone - Evangeline & Anaïs Beverly-marsh-wink
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Mer 8 Mar - 0:18 (#)

Anaïs illustration

Sueurs froides et tremblements au milieu d’une nuit silencieuse à peine dérangée par le brouhaha lointain de la rue dans une ville qui ne dort jamais vraiment. C’est redevenu mon quotidien ces derniers temps. J’en suis là, le souffle court, à essayer de calmer mon cœur et ma respiration, répétant sans cesse les exercices pourtant connu par cœur. Et pourtant sans grands effets. Inspiration. Expiration. Faire le vide. Mettre de côté la sensation de vide qui me hante et trouver à nouveau el calme et le repos. Au bout d’une heure à tenter de toutes mes forces, j’en perds l’envie et fixe d’un air absent le plafond de ma chambre, percevant vaguement les voisin du dessus qui se prépare pour sa journée.

Plus qu’un simple lieu indispensable à ma formation, le camp et la chambre dans la roulotte me manquent dans ces moments-là. Daphné aurait trouvé les mots juste, m’aurait accueillie pour le reste de la nuit et serait parvenue à me faire retrouver le sommeil après m’avoir fait boire une tisane dont elle a le secret. Aux Kingtson, je suis obligée de faire avec les cauchemars et les insomnies. Obligée de voir les cernes qui grandissent un peu plus chaque nuit, me donnant un air de zombie qui me vaut quelques coups d’œil inquiets. Obligée d’attendre le lever du soleil en essayant de ne pas me plonger dans des souvenirs qui ne me font jamais du bien et me rappellent seulement ce que je n’ai plus. Une fois de plus, je finis par soupirer et sortir du lit pour échouer dans la cuisine, regardant la bouilloire lentement chauffer l’eau pour le thé qui va sans doute refroidir avant que je n’ai ne serait-ce que l’idée d’y tremper les lèvres.

Je me sens pathétique.

Je finir par m’échouer sur le canapé, Tyché ronronnant sur mes genoux comme si c’était l’endroit le plus confortable de l’univers. Je le caresse lentement, un étrange sentiment dans la poitrine et un sourire flottant sur mes lèvres. Il est bien le seul capable de me sortir de ce genre de moment avec aussi peu d’actions de sa part. Sacrée boule de poil. Je ne sais même pas combien de temps je passe ainsi, mon chat sur les genoux, une tasse dans une main, l’autre le caressant distraitement alors que Rover ronfle non loin. Lui s’est contenté que d’ouvrir un œil pour le refermer aussitôt. Il a biné compris qu’il était trop tôt pour une balade.

- Ça peut plus durer…

À ce rythme-là, je serai morte de fatigue avant la fin du mois et je n’ai aucune envie de prendre du retard sur mes cours ou de devoir faire face aux regards inquiets de tout le monde. Même Heidi m’a lancé un regard étrange pas plus tard qu’hier, lorsqu’elle m’a vu arriver avec ma tête de zombie fraîchement déterré. Elle n’a rien dit, mais j’ai bien compris qu’elle allait finir par le faire si les choses ne s’amélioraient pas. En plus de m’épuiser, j’inquiète les autres autour de moi. Il faut vraiment que je trouve une solution. Et une qui soit efficace et durable. Je demanderai conseil à Daphné dans le week-end. D’ici là, je ferai comme d’habitude.

***

Je suis encore loin d’avoir le réflexe de chercher une solution magique à un problème... normal. Sans doute que c’est l’expérience et l’habitude qui finiront par me faire me pencher davantage vers ce genre de solutions, mais me retrouver devant le Juggler’s pour une histoire de mauvais rêve sonne comme le début d’une mauvaise blague. J’ai presque le sentiment qu’on va gentiment me rire au nez pour être venue ici avec un problème aussi pathétique. Daphné a pourtant été claire et certaine que je finirai par trouver ce dont j’ai besoin. Je lui fais confiance, mais ça ne m’empêche pas de trouver ça exagérée, comme solution.

Le Juggler’s est une adresse que je connais, heureusement. S’il y a une bonne chose qui est ressorti de cette entrevue avec Eoghan Underwood, c’est bien celle-ci. J’y ai trouvé tout un tas d’informations sur la magie et des sujets qui y étaient liés. Si Daphné ne m’avait pas proposer de me former au chamanisme, peut-être que j’y aurai trouvé une autre voie, bien différente. Le chamanisme était de tradition orale, bien loin des grimoires et autres ouvrages dont on imaginer les sorciers affublés. Je découvrais en essayant, ce qui était loin d’être ce que j’aurai fait avec autant de livre à disposition, au Juggler’s.

En passant la porte, cet après-midi-là, je remarque peu de monde. L’avantage des horaires étudiants, j’imagine, les gens sont occupés à cet heure-là. Je me dirige rapidement vers le comptoir, déambulant sans m’arrêter entre les rayons de bibelots, les grimoires et les herbes en tout genre. Je remarque même les athamés dans un coin, souriant au souvenir de celui que Daphné m’a offert au tout début de son apprentissage. Il ne m’a jamais quitté depuis, toujours soigneusement rangé dans mon sac. Je ne m’en sers plus vraiment, j’ai appris à ne plus en dépendre pour utiliser le sang, mais ça fait partie des objets que je garderai sans doute aussi longtemps que possible un souvenir.

La femme au comptoir me fixe un instant avant de sourire. Ce n’est pas la première fois que je la voix et j’ai toujours l’impression qu’elle me fixe un peu trop par moment.

- Je peux t’aider ?

- Hmmm, oui ? Je voudrais savoir s’il est possible de fabriquer une amulette ? Ou un bijou du même genre ?

- Ah oui, bien sûr. Faut voir avec Evangeline. Elle est dans l’arrière-boutique. Bouge pas je vais voir si elle est occupée.

Attendre dans une boutique, c’est toujours un moment où mon regard s’intéresse un peu trop à des objets que je ne peux de toutes façons pas m’offrir. J’ai déjà de la chance que mes parents paient mes études après tout ce qu’il s’est passé, mais si je commence à leur demander de l’argent pour des dépenses magiques, ils vont sans doute beaucoup moins apprécier que l’idée que je devienne médecin. Je n’ai pas hâte de leur parler du chamanisme…

- Tu peux y aller, elle est disponible. C’est la porte à droite, juste après celle-ci.

Un remerciement et me voilà devant la fameuse porte à laquelle je toque avant d’entrer. Je reconnais la femme qui se tient derrière. Je l’ai aperçu quelques fois au Juggler’s, sans jamais interagir avec elle.

- Bonjour ? Désolée de vous déranger, mais on m’a dit que vous pouviez fabriquer des amulettes… magiques ?

Ce que je me sens stupide en disant ça à voix haute, j’ai l’impression de demander des bijoux qui changent de couleur.

- Je m’appelle Anaïs et... Je voulais juste savoir si c’était possible d’en acheter une ? Enfin je sais pas trop comment ça se passe…

Ça n’a hélas jamais été dans le cursus que j’ai pu suivre. Histoire, science, maths, création d’amulettes magiques. Non, décidément, ça ne collait pas. J’espère vraiment qu’un jour je serai en mesure de ne plus être aussi démunie face au monde surnaturel et à tout ce qu’il a à proposer.


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Dim 21 Mai - 23:07 (#)






Les fils d’argent se tordent délicatement, comme des anguilles de jardin qui pointent leur nez hors du sable. Ils ondulent doucement comme sous l’influence d’une brise légère. Ils se tordent, enserrent un médaillon d’ébène en de subtiles volutes, s’incrustant dans le bois aux veines sombres. L’opale qui brille en son centre jette des lueurs vertes dans ton regard. Tes doigts s’agitent en un ballet de marionnettiste aux liens invisibles, dirigeant les serpents de métal sur les chemins que tu dessines dans l’air. A côté de toi reposent des outils devenus quasi inutiles. Les années passant, tu travailles le métal avec ce que tu as de plus précis : ton instinct et ton don. Tu le polis, tu le perfectionnes comme un horloger aux tendances maniaques, perfectionniste presque jamais satisfaite. Confortablement installée dans l’arrière-boutique, tu murmures sans bruit des mots sans importance, des paroles plus tendres que celles d’un amant à l’égard de la pierre. Sous l’effet de ta magie, elle luit davantage, se gorgeant de ton amour et de ta douceur. Des mots que tu serais incapable de dire à la plupart de tes semblables. A part un. Ton regard se charge d’une tendresse presque maternelle en songeant à ton chevalier écarlate. Tu déposes le médaillon dans une boîte et après un baiser pour sceller la magie, tu refermes le couvercle.

Tu te laisses aller sur la chaise, ta tête retombant en arrière. Ta longue tresse d’or mêlée d’argent touche presque le sol. Tes yeux se ferment. Il y a des gens qui prétendent aimer faire du sport pour le shoot d’endorphines que cela leur procure. Ces bizarreries ambulantes ne savent pas le bien-être que la magie peut apporter. La sensation d’être en total accord avec sa nature, de faire ce pourquoi on est venu au monde. La certitude d’être là où on doit être. C’est différent du déferlement de puissance du bayou, de la Présence qui t’emplit toute entière et t’enivre au point que tu ne sais plus qui dirige ton corps. C’est plus doux, c’est plus calme. C’est comme une couverture lors d’un jour de pluie. « Evy ? Evyyyyy… tu dors ? » Tu rouvres paresseusement les yeux. Tu ne prends pas la peine de répondre, tu te contentes de hocher la tête et de t’étirer comme un gros chat après une sieste au soleil. La magie t’a mise de bonne humeur. Suffisamment pour recevoir quelqu’un. Il ne faut pas plus de quelques secondes pour que la vendeuse ne disparaisse et qu’une silhouette timide n’apparaisse. « Bonjour ? Désolée de vous déranger, mais on m’a dit que vous pouviez fabriquer des amulettes… magiques ? » Tu hausses un sourcil amusé. On dirait un chaton précautionneux, prêt à mettre les voiles à toute vitesse. « Je m’appelle Anaïs et... Je voulais juste savoir si c’était possible d’en acheter une ? Enfin je sais pas trop comment ça se passe… »

Tu désignes la chaise face à toi avec un sourire. «  Enchantée Anaïs. Je suis Evangeline. Tu ne me déranges pas, je suis là pour répondre à tes questions. » Tu l’as déjà croisée dans la boutique, entre deux clients venus te voir. Mais tu ne lui as jamais parlé. Elle est mignonne, elle a l’air un peu paumée… et totalement épuisée. Les cernes qui ombrent son visage aux traits tirés ne laissent aucun doute là-dessus. Tu recules légèrement ta chaise et mets la bouilloire en route avant d’attraper deux tasses et une théière au décor floral délicieusement désuet. Tu jettes quelques herbes puis verses l’eau frémissante dessus. Une délicate odeur florale monte avec les volutes de fumée. Jasmin, fleur de citronnier, mélisse et menthe verte. Tu tends une tasse à la jeune femme et pousse vers elle une assiette de sablés. «  Prends ton temps. Je ne suis pas pressée. Tu peux me poser toutes les questions que tu veux. Et si tu ne sais pas par quoi commencer, tu peux me dire quel problème tu as besoin de résoudre. En général les gens viennent chercher une amulette pour ça. » Tu n’es pas toujours aussi bienveillante. Mais aujourd’hui tu es de bonne humeur. Et tu adores les chatons perdus.

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Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Mar 30 Mai - 20:04 (#)

Anaïs illustration

Il y une étrange sensation d’apaisement qui émane de la femme qui m’accueille dans l’arrière-boutique. Ça me fait un peu penser aux moments ou Daphné entame notre méditation, quelque chose de doux et calme qui atténue tous les éléments extérieurs pour qu’on se recentrent et se concentrent sur nous-même. Sans que j’y pense, un sourire se met à flotter sur mes lèvres face à l’être sensation familière qui m’envahit. Peut-être qu’elle et Daphné partage quelque chose de similaire… Ou bien c’est leur attitude qui me fait dire ça. Elle n’attend pas que je fasse quoi que ce soit et commence déjà à préparer un thé pour me mettre à l’aise ; Si elle était petite et brune, j’aurai juré avoir affaire à Daphné reconvertie. C’est… perturbant.

Je m’installe à la table, humant le parfum du thé qu’elle prépare, reconnaissant sans mal les effluves de jasmin et d menthe fraiche et la saveur plus acidulé du citron, même si d’autres m’échappent encore. Mon nez s’affine depuis que je passe du temps au camp et c’est dans ce genre de moment que je m’en rends compte. Avant, je n’aurai décelé qu’un parfum floral qui englobait toute la préparation, mais pouvoir percer chaque senteur une à une, c’est une preuve un peu amusante que les choses ont changée.

- Merci pour le thé.

Thé et sablé, j’ai vraiment l’impression d’être chez Daphné, elle m’accueille souvent avec le même encas quand j’arrive. J’en prends plus par politesse que réelle faim, ce serait quand même dommage de gâcher ça, après tout. Grignoter me permet aussi de réfléchir à comment formuler ce que j’ai en tête. J’ai beau avoir besoin de quelque chose, mettre des mots et une explication sur ce besoin n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le penser. Le thé est si doux que j’en soupire en le sentant glisser dans ma gorge et réchauffer mon ventre. Je ferme les yeux une seconde, savourant tout ça, avant de me lancer.

- Ce n’est pas bien compliqué, en soit, mais je… disons que je ne sais pas si c’est possible. Les amulettes c’est pas quelque chose avec laquelle je suis très familière.

Sang, rituel, chant et danses font bien plus partis de mon quotidien que l’artisanat d’amulette ou de grigri en tout genre. Même si cela me rend curieuse, ce n’est pas vraiment la voie que j’ai choisi et ça me laisse indubitablement sans aucune réelle connaissance en la matière. J’ai l’impression de revivre mes premiers moments de découverte de la magie, quand je ne savais même pas encore ce que j’étais vraiment, ni si j’allais pouvoir gérer tout ça. Une bonne partie de l’angoisse en moins, tout de même.

- Alors voilà, j’ai des problèmes d’insomnie et des cauchemars très, très récurrents, je pense que… ça se voit.

Inutile de faire semblant. Je sais à quoi je ressemble et je sais pertinemment que les gens le remarquent quand ils s’attardent plus de deux secondes sur mon visage. Avec ma peau laiteuse et mes cernes, j’ai l’air d’avoir un maquillage gothique qui a dégueulé. Et Avec les études, l’apprentissage et tout le reste, je suis épuisée tellement souvent que j’en viens à me demander si je ne vais pas avoir un burnout un jour. Et je ne peux simplement pas me le permettre.

- Du coup je voulais savoir si c’était possible, de créer une amulette pour… que je dorme, tout simplement. J’ai vraiment besoin de réussir à dormir et ça commence vraiment à être difficile de garder les yeux ouverts parfois. Je pensais qu’à force, je tomberai de fatigue et que ça irait, mais même en étant épuisée, ça m’arrive très souvent de simplement… pas réussir à fermer l’œil ou juste me réveiller au milieu de la nuit sans pouvoir me rendormir.

Avec tout ce que j’ai essayé, j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Excepté les comprimes que je me refuse absolument à utiliser, connaissant parfaitement les risques de dépendant qui y sont liés, j’ai tout tenté et rien n’a jamais fonctionné.

- Enfin voilà, je sais pas si ça vous est possible de faire quelque chose à ce sujet. Ma mentore m’a dirigé vers vous parce qu’elle a bien vu le problème, donc j’imagine qu’elle a pensé que ce serait efficace. Vous avez une idée de ce qui pourrait fonctionner ?

Autre que l’assommage pur et simple ou la prise de somnifères. Mais si Daphné est persuadée que cela va fonctionner, je n’ai pas de raisons de douter. La magie peut prendre bien des formes, je l’ai bien compris. Je suis curieuse de voir à quoi celle-ci ressemble.


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Lun 5 Juin - 22:20 (#)





Tes mains entourent la tasse de thé fumante, décor de fleurs peintes et de dorure disparaissant avec le temps. L’odeur de l’infusion t’enveloppe dans un nuage parfumé et réconfortant. Tu observes la jeune femme du coin de l’oeil, te gardant bien de sembler invasive. Elle parlera si elle le veut. Et si elle le peut. Tu décoderas s’il le faut. Tu as tendance à être beaucoup trop empathique quand il s’agit d’une semblable, l’esprit agité par des angoisses qui pourraient être semblables aux tiennes. Mais déjà tu te dis qu’il sera compliqué de lui faire payer un prix indécent, pas comme avec Medea. Elle n’a pas l’air riche, ni même suffisamment à l’aise financièrement pour que tu envisages de lui révéler un prix à faire s’évanouir le quidam moyen. Tu le sais, avec une cliente de ce genre tu vas travailler à perte. Ce n’est pas grave, ce n’est pas comme si tu manquais réellement d’argent contrairement à ce que ton style de vie pourrait faire croire. Rien ne t’empêche de faire preuve de générosité pour une fois.

Attentivement, tu l’écoutes te raconter ses maux, hochant imperceptiblement la tête. Bingo. Les insomnies et cauchemars, tu as eu ta dose après ta presque mort puis le procès de ton ex cher et tendre. Cela confirme ton impression première : l’épuisement émane de la petite. Mais autre chose aussi. Tu notes ses cernes, son teint pâle et l’impression qu’elle va s’effondrer d’un instant à l’autre. Et soudain tu saisis le nœud du problème à travers ses paroles : cette chose qui l’empêche de fermer l’oeil, de se rendormir, qui l’emplit d’angoisse à l’idée de tomber dans les limbes oniriques. La peur qui doit certainement plonger ses griffes dans ses entrailles, se gaver de ses inquiétudes et la dévorer de l’intérieur. Tu ne connais que trop cela, le trauma et la difficulté d’en guérir. Peut-être que tu as tort, et pourtant tu es quasi certaine de tes déductions. L’amertume te monte aux lèvres, elles sont de plus en plus nombreuses celles qui viennent te voir pour soulager ce poids qui vous lie toutes.

« Je vois. » Tes mots sont arides, peut être trop pour la situation. Mais déjà tu te lèves, t’appuyant sur ta canne et farfouilles dans les étagères, attrapant des boites, inspectant le contenu, puis les reposant en marmonnant. Un vrai cliché de sorcière. Tes doigts parcourent les essences de bois, suivent les nœuds de leur pulpe, sélectionnant l’un, puis l’autre. Tu ouvres divers bocaux, en reniflant parfois le contenu et attrapes une poignée de fleurs blanches et odorantes. Camomille, bois de serpent. Guérison, paix et traiter les blessures profondément enfouies. Tu reviens t’asseoir et soudain les paroles de ta cliente résonnent à ton oreille et attisent davantage ta curiosité. « Ta mentor ? » Tu cesses de t’agiter un instant et fixes cette fois ton interlocutrice d’un regard inquisiteur et perçant. « Son nom ? » Mais tu n’attends pas la réponse que déjà tu recommences à fouiller le coffret près de toi. Tu en sors une améthyste presque noire quasiment aussi grande que ton pouce. Paix intérieure, mais surtout traiter les mauvais rêves et protéger contre les influences négatives. Mais peut-être de l’agate mousse ? Parfaite pour les personnes souffrant d’un trauma induisant du stress et de la fatigue. Ou bien le grenat pour l’aider à retrouver un peu d’énergie ?

Ton attention virevolte, n’arrive pas à se poser. Il te faut davantage d’informations. Tu t’immobilises avant de prendre une gorgée de thé. Bien. Si elle est l’apprentie d’une consœur, alors elle doit avoir un type de magie déjà défini, ou du moins tendant dans une direction. « J’ai besoin d’en savoir plus sur toi. Tu n’as pas à t’inquiéter, ce que tu diras ici est confidentiel. Mais je dois savoir en détail le pourquoi de ces cauchemars, mais plus important qui tu es vraiment. Qu’est ce qui t’anime ? Qui résonne en toi ? » Tu marques une pause, faisant rouler les pierres entre tes doigts. « Ta magie. Dis-moi en quoi elle consiste. Je refuse de faire une amulette qui pourrait interférer avec ton être le plus profond. C’est trop dangereux pour que j’accepte ce genre de risque. » Bien sûr elle n’est pas obligée de te répondre. Elle peut s’en aller si elle le désire, peut être heurtée par ta façon de communiquer un peu abrupte. Mais tu n’es pas du genre à mentir ou à faire semblant. Tu n’as pas de temps à perdre et elle non plus.


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Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Jeu 8 Juin - 13:12 (#)

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C’est un espoir un peu idiot que celui de pouvoir trouver un moyen d’enfin réussir à fermer l’œil correctement. Certaines nuits sont calmes, d’autres sont le pinacle de l’horreur quand d’autres sont simplement passées les yeux ouverts à observer le plafond nue de ma chambre en espérant que le sommeil finisse par venir. Ces derniers temps, je rattrape mon sommeil comme je le peux avec Heidi qui m’accueille toujours avec plaisir. Mais si je peux réussir à fermer l’œil comme n’importe quelle personne normalement constituée, ça en vaut la peine.

C’est avec une certaine curiosité et fascination que je l’observe se lever pour aller fouiller dans des étagères remplis de bocaux en tout genre. Chaque chose doit bien avoir une utilité dans son art, mais tout ça m’échappe complètement. Daphné m’apprend el langage des fleurs et des plantes ainsi que leur utilité, mais ce que possède Evangeline n’a rien à voir avec ce dont j’ai l’habitude. Il y a des pierres en tout genre qui ne me disent rien. Tout ce que je reconnais, ce sont les fleurs blanches qu’elle empoigne. La camomille est facilement reconnaissable une fois qu’on parvient à l’identifier la première fois. Je me focalise tellement sur ses gestes que j’en oublié presque sers mots.

- Hein ? Ah ! Daphné, Daphné Calabrezzi.  Elle habite au camp gitan et elle me forme depuis deux ans maintenant.

J’imagine que le monde du surnaturel n’est pas si grand que ça malgré la taille de la ville. C’est Eoghan qui, à la base, m’a recommandé l’endroit où je venais fouiner pour quelques bouquins, Daphné m’y a envoyé uniquement pour Evangeline et la création d’une amulette. Elle était certaine que c’était une aide précieuse que je devais accepter. Ce n’est pas la seule chose que je dois faire, mais c’est un pas en avant. Elle m’a dit être fière de mes progrès, mais qu’il restait encore bien des choses à faire et me libérer du passé était une étape cruciale. Mais en parler, c’est toujours quelque chose de difficile, même après toutes ces années, après tous ces efforts. J’aurai dû me douter qu’elle voudrait connaître la raison.

Je fixe un instant la tasse posée entre mes deux mains. Le liquide clair qui s’y trouve laisse un vague reflet de mon visage résigné. C’est fou le nombre de personnes qui sont au courant, maintenant. Moi qui ne veux en parler à personne, j’en suis parfois obligée. C’est comme un genre d’étape obligatoire pour avancer. Comme si chaque embranchement me ramenait toujours à cette même question : que s’est-il passé ? Que t’est-il arrivé ? J’aimerais toujours répondre qu’il ne s’est jamais rien passé, que rien ne m’’est arrivé, que ma vie n’a été qu’un long fleuve tranquille. La réalité est si loin de ça que c’en est effrayant. Oublier ne m’aide pas. Refouler ne m’avance pas. Parler ne me plaît pas.

- J’ai découvert mon pouvoir quand j’étais au lycée. J’avais seize ans. Ça s’est su très vite. On m’a attaqué pour ça et j’en garde encore les stigmates… en plus des cauchemars et tout le reste.

La peur et l’angoisse que ça se reproduise. L’idée est absurde. Je suis en sécurité maintenant et plus forte que je ne l’étais à l’époque. Je peux me défendre. Mais il suffirait d’une toute petite chose et l’enfer reprendrait sa place.

- Au début j’ai rejeté tout ça… ça m'a fichu la trouille et je rejetais la faute de tout ce qu'il se passait dessus. Mais maintenant, j’espère en faire quelque chose d’utile. Aider les gens plus tard. Je veux devenir médecin et aider les nôtres. Ceux comme moi qui étaient paumés, au début, ou juste ceux qui sont victimes de l’incompréhension des gens.

Je fixe ma main un instant avant de la tendre au-dessus de la table. Ma paume se couvre de sang qui lévite avant de prendre la forme d’une fleur de camomille. Je suis assez contente de parvenir à faire ça sans me vider de e n énergie, maintenant. Il y a de cela quelques mois, cela m’aurait demandé un effort conséquent, mais maintenant, c’est presque trop facile.

- Hémokinésie, je contrôle le sang. Le mien, celui des autres si je veux. Je peux sentir vos battements de cœur, je peux soigner de petites blessures, faire disparaître des bleus, entre autres. J’espère faire bien plus un jour, traiter les maladies du sang, ce genre de choses. Et Daphné me forme à la suivre sur la voie du chamanisme.

C’est un challenge de suivre sa formation et continuer mes études à côté. Pas tant parce que c’est épuisant, mais parce que les informations entrent sans cesse dans ma tête. Il y a des centaines d’années de savoirs, de traditions, de découvertes à assimiler, autant pour le chamanisme que pour la médecine. Je rappelle le sang dans ma main et il disparaît, ne laissant qu’une fine ligne rouge sur ma paume qui disparaît bien vite.

- Voilà... Je sais pas trop si ça vous aide ou si vous avez besoin d‘autre chose…

Je n’ai pas envie de donner des précisions sur ce qu’il s’est passé. Pas plus que je n’ai envie de lui montrer mes cicatrices ou lui raconter en détail les événements de ce jour-là. Je préfèrerais ne pas y être obligée…


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Sam 17 Juin - 1:20 (#)





Visiblement, ta façon un peu cavalière de présenter les choses n’a pas l’air de heurter ta cliente. Tant mieux. C’est aussi une forme de test, les gens ne sont pas tous prêts à à mettre leur âme à nu devant une parfaite étrangère. C’est pourtant une épreuve nécessaire afin de réaliser ce dont ils ont besoin. Et c’est d’autant plus essentiel pour une créature animée de magie. Pour la plupart des gens, tu n’es qu’une hippie qui fabrique de jolis bijoux avec certes un savoir faire indéniable, mais rien de plus. Ils ignorent la puissance et l’énergie que tu mets dans tes créations, le délicat équilibre entre ta magie et la personne à qui tu destines l’objet. La raison pour laquelle ces amulettes sur commande sont horriblement chères est que sans doute, tu y mets une part de ton être. Le nom de Daphné te sort de tes pensées et tu poses un regard surpris sur ta cliente. Ainsi donc la belle plante avait choisi de former cette jeune fille. Un léger sourire étire tes lèvres alors que tu te rassois. Hors de question de faire payer l’apprentie d’une amie. « Daphné a très bien fait de devenir ta mentor. C’est une personne sur qui on peut compter. » Tu n’en dis pas plus. Pas la peine de préciser que c’est une personne qui t’est précieuse.

Sans un mot de plus, tu écoutes attentivement le récit d’Anaïs. Tes mains se figent autour de ta tasse, soudainement crispées à mesure que les paroles s’écoulent, douloureuses. Ta gorge se serre et tu fermes les yeux un instant, te sentant coupable de l’obliger à te parler de ces moments douloureux. Tu mesures la chance que tu as eue d’avoir été élevée au sein d’un coven bienveillant et à l’écoute de tes pouvoirs. Ta mère, bien qu’elle n’ai eu aucune intention de s’occuper de toi, avait pris la bonne décision en te confiant à l’assemblée de sorcières. Elle s’était finalement comportée de façon responsable et ne t’avait pas blessée. Seamus s’en était occupé des années plus tard. A mesure que le fil du récit se déroule, tu hoches la tête, impressionnée par la force de caractère d’une si jeune fille. A quel point s’était elle sentie seule et perdue ? Sans personne vers qui se tourner ? Personne ne devrait vivre cela. Tu comprends mieux l’angoisse qui l’étreint, qui lui bouffe les entrailles et qui l’empêche de fermer les yeux. Tu conçois sans peine l’épuisement qui doit être le sien de ne pas se sentir en sécurité, suffisamment pour avoir peur de s’endormir tous les soirs.

La fleur de sang qui se forme sous tes yeux fait briller ton regard d’une fascination non dissimulée. Tu n’as pas fréquenté suffisamment des tiens -si ce n’est ta famille- pour être blasée de découvrir une nouvelle forme de magie. Au contraire, à chaque fois tu as l’impression de redécouvrir un monde entier, d’être à nouveau vierge de tout apprentissage, de toute connaissance. Tu peux presque en sentir le goût sur le bout de ta langue, ce crépitement à la fois nouveau et familier, ces étincelles qui parcourent tes veines presque imperceptiblement. Rapidement, peut-être trop à ton goût, le bourgeon de camomille écarlate disparaît et retourne à la paume de ta cliente. Ton esprit est déjà ailleurs, s’agitant dans mille direction, s’enthousiasmant à l’idée de créer quelque chose qui résonnera en harmonie avec cette magie inconnue. Il te faut pourtant mobiliser toute ton attention et l’effort presque surhumain que cela te demande te laisse silencieuse pendant quelques minutes. Non, tu ne dois pas te lever et retourner fouiller dans tes boites, te laisser captiver par le scintillement d’une gemme et travailler, travailler jusqu’à ce que tu t’évanouisses, insensible à tes besoins et uniquement tournée vers cet unique objectif : créer.

« Merci. » Le rose te monte aux joues alors que tu calmes le flot de tes pensées et à nouveau tu souris avec bienveillance. « Merci de m’avoir confié tout cela. Je sais que ce n’est pas facile, mais je comprends mieux. » Doucement tu pousses vers elle le grenat, puis l’agate mousse. « Voilà ce que je te propose. Il y a deux problèmes sur lesquels je peux agir : d’abord aider à la guérison de ce trauma. Je ne dis pas que je vais régler le problème, mais je peux accompagner le processus et le faciliter. Et en parallèle agir sur tes rêves. Puis t’aider à récupérer de l’énergie. C’est une problématique complexe, mais pas impossible. » Tu te mordilles la lèvre inférieure, un peu hésitante, mais tu décides de te lancer. « Mais je ne fais pas de miracle. Je pense que si tu peux être accompagnée et en parler avec quelqu’un cela facilitera beaucoup les choses. Ce n’est pas obligé d’être un médecin, ça peut aussi être un ami. » Comme Ithan. Comme ce géant au coeur d’or qui t’avait patiemment apprivoisée, avait pris soin de toi et t’avait rappelée à l’ordre avec bienveillance lorsque que tu menaçais de sombrer. Une personne infiniment précieuse.

« Je sais que c’est compliqué, guérir d’un trauma est tout sauf facile. Mais on guérit, je te le promets. » Tu jettes un coup d’oeil à ta canne. Oui on guérit, lentement. Chaque jour est un combat mais en survivant et en voyant un matin de plus, cela montre que malgré la faiblesse il est possible d’avancer. Ou bien avancer avec la faiblesse, main dans la main. Sans en dire plus, tu attrapes ton carnet de croquis et commences à griffonner, prenant des notes, classant les essences de bois, raturant, barrant, gribouillant avant de relever la tête. Un médaillon serait plus pratique, tu songes en la fixant. Quelque chose de discret et de facilement dissimulé sous un teeshirt. Elle n’a sans doute pas envie d’attirer l’attention. Mais pour les cauchemars… il va te falloir autre chose. Un bracelet peut être, ça te paraît plus raisonnable et moins susceptible d’être gênant pendant la nuit. Donc deux amulettes. Deux fois plus de travail. Et la situation est urgente. A nouveau tu gribouilles, tu esquisses. Sous la mine de ton crayon apparaissent les contours d’un collier aux lignes sobres et discrètes, incrusté de deux gemmes. Puis un bracelet aux perles creusées et sculptées, façonnées de façon presque irréelle, au bout duquel pend une gemme de couleur sombre. Enfin, après plusieurs minutes de silence, tu poses le carnet et le présentes à ta cliente.

« Le collier à porter le jour et le bracelet la nuit. Comme ça paraît urgent, je vais faire passer ce projet en priorité, donc si tu as des envies, des questions ou des remarques c’est le moment. Je vais essayer de faire ça le plus rapidement possible d’accord ? »

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Lun 19 Juin - 20:20 (#)

Anaïs illustration

C’est toujours un peu la même chose. En parler fait remonter tout ce que j’essaie désespérément de refouler et de chasser. La sensation de ma peau brûlée me démange soudainement alors qu’elle ne me fait plus rien d’ordinaire et je peux sentir la cicatrice qui n’est plus qu’une lettre à peine visible sur ma peau. J’entends à nouveau leurs voix et je m’efforce de pratiquer l’exercice de respiration enseigné par Daphné pour ne pas me laisser aller à la panique. Je vais bien. Inspiration. Ils ne sont pas ici. Expiration. C'est un endroit sûr où rien ne va se passer. Inspiration. Expiration. Peu importe le nombre de fois que j’en parle, même brièvement, il y a toujours ses sensations fantômes qui reviennent. La seule chose positive c’est que la douleur de ce moment ne revient pas. Elle n’est jamais revenue et, j’espère, ne reviendra jamais. Il y a des choses que je peux supporter. Revivre ça n’en fait pas partie.

Le moment en dure pas et les sensations s’amenuisent vite, heureusement. Peut-être parce que je me sens bien et que, malgré l’histoire qu’il m’a fallu raconter, je n’ai pas paniqué comme c’est parfois le cas. Une preuve que j’évolue ou peut-être un indice sur el fait qu’Evangeline est une présence apaisante. Tout son lieu de travail l’est. Et sa visible connexion avec Daphné ne fait que renforcer le tout. Je n’arrive même plus à être surprise, à vrai dire, que quelqu’un lié à la magie connaisse Daphné. A croire que ma mentore a des connexions partout. Et c’est peut-être le cas, au vu du travail qu’elle descend elle-même pour diverses arcanistes dans toute la région. Impossible d’empêcher le sourire qui me vient spontanément. Oui, c’est une personne sur qui on peut compter. Et je ne remercierais jamais assez lilas pour m’avoir poussé dans sa direction. Tout comme je ne remercierais jamais assez Daphné pour tout ce qu’elle a fait, ce qu’elle continue de faire et continuera à faire pour moi.

Puis viennent les explications et… je suis un peu surprise. EJ ne m’attendais pas à ce qu’elle agisse sur autant de choses à la fois. Je suis venue pour essayer d’avoir enfin un sommeil plus paisible, mais la perspective d’avoir en plus de quoi repousser ce qui m’angoisse est… probablement très couteux malgré l’envie très nette d’en profiter. Je jette un bref regard à mon sac, un peu ennuyée. J’y ai mis toutes les économies que j’ai réussi à faire du temps où je bossais au disquaire. Enfin tout ce qui n’est pas parti en fumée. Je ne sais même pas si la maigre somme d’une centaine de dollars que je possède va réussir à ne payer ne serait-ce qu’une amulette… alors deux.

- Je… n’y connais rien, mais ça a l’air d’être exactement ce qu’il me faut.

Et le point qu’elle soulève me fait simplement hocher la tête. Quelques mois plus tôt, j’aurai repoussé l’idée, mais depuis quelques temps…

- J’ai… une amie a pris rendez-vous pour moi chez un psychologue. J’essaie d’avancer.

Sourire de connivence, un peu navrée l’une pour l’autre. Je ne sais pas ce qu’elle a pu traverser pour savoir précisément ce qui m’affecte, mais le bref regard vers sa canne suffit. Elle aussi porte des stigmates d’une violence qu’elle a subi sans pouvoir lutter contre. Du moins pas dans l’immédiat. Peut-être qu’un jour… je garde ça dans un coin de ma tête, inutile de créer un brin d’espoir avec autant d’incertitude. Devenir chamane et médecin, c’est aussi et surtout pour aider les autres. Peut-être que je pourrai faire quelque chose pour elle. Vraiment faire quelque chose. Mes méninges tournent à plein régime tandis qu’elle griffonne son carnet avant de le pousser vers moi. Des croquis de bijoux dont elle explique l’utilité et le pouvoir. Simple, mais le problème reste le même, au final. Ai-je de quoi payer autant de travail. Ce genre de bijou fait main et magique de surcroit, combien ça vaut ? Quand je vois de simples bijoux qui valent sans doute plus que le prix de l’immeuble où je vis…

- Comment ça fonctionne ? C’est la pierre ou il y a autre chose que vous faites pendant la fabrication ? J’admets ne pas vraiment savoir comment ça marche, les bijoux magiques. Je suis juste curieuse.

pas vraiment une formation que les chamanes étudient et Daphné s’est concentré sur bien d’autres choses suffisamment chronophages sans en plus ajouter une autre catégorie au curriculum. J’ai bien assez de tout ce qu’elle me demande de mémoriser et de répéter et mimer à chaque fois sans ajouter encore des théories sur des pratiques à part que je n’utiliserais sans doute jamais.

- C’est vraiment gentil de votre part de vouloir faire ça au plus vite, je vous en suis vraiment reconnaissante, mais… ‘fin… Combien ça va coûter, concrètement ?

La question qui fâche toujours à un moment ou à un autre.

- Inutile de vous mettre au travail si je peux pas vous payer. Surtout pour deux bijoux personnalisés et demandant clairement beaucoup d’efforts. Je ne veux pas vous faire perdre votre temps, mon budget est… un peu limité. Je pensais pas que ce serait aussi spécifique et que vous deviez le faire à la main.

Je me garde bien de dire que je pensais repartir aujourd’hui avec un bijou sans doute préparé à l’avance et qui aurait des propriétés générales qui s’accorderaient bien avec mon problème. Pas qu’elle allait littéralement créer de toutes pièces un bijou à partir d’une pierre et en le modelant en fonction de ma magie et de mes soucis. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre sur les autres traditions. Il faudrait que j’en parle à Daphné.

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Lun 19 Juin - 22:49 (#)





Tout te dire, sans entrer dans les détails, a été difficile. Tu comprends. Il fut un temps où prononcer le nom de Seamus t’était impossible. Où vivre t’était si douloureux que tu préférais te laisser hypnotiser par les pierres jusqu’à tomber d’épuisement. Cela te suivra constamment, et dans les moments les plus sombres, il te sera difficile de ne pas succomber à nouveau à leur appel, tu le sais. Anaïs a sans doute été plus mature que toi de ce côté là. Forcée d’affronter les choses et se débattant encore aujourd’hui avec les souvenirs. Alors que tu la connais à peine, tu as de la sympathie pour elle. L’armure que tu tentes de maintenir en place s’effrite trop facilement quand il s’agit d’une semblable, et si jeune en plus. Tu as le coeur tendre, peut être trop. Il vaut mieux pour toi rester isolée dans le bayou, loin des gens. Ça n’en rend ces rencontres que plus précieuses. Au fond tu es un peu envieuse de Daphné qui vit parmi les siens, qui a su s’entourer et a même trouvé quelqu’un a qui transmettre son savoir. Tu ne saurais sans doute pas faire, même si tu as eu la chance d’avoir autour de toi un coven aimant et t’apprenant tout ce dont tu as besoin.

Au regard surpris de la jeune femme, tu comprends que tu as fait mouche. Les gens sont toujours étonnés de la précision dont tu fais preuve pour cerner leurs problèmes et leur apporter des solutions. Ce n’est pas comme si tu n’avais aucune empathie ou aucune écoute. Mais cela va au-delà. Peut être l’habitude, les expériences et l’âge font que tu mets quasiment toujours le doigt sur le nœud du problème. Un coup d’oeil te fait comprendre que a cliente ne s’attendait pas à deux amulettes. Sans doute se pose-t-elle la question du paiement. Tu te retiens de sourire et de lâcher un tonitruant « C’EST GRATUIT » d’une voix triomphante. Ce ne serait sans doute pas approprié. Et tu te doutes qu’elle ne prendra pas au sérieux une déclaration pareille. Tu restes donc silencieuse, te contentant d’acquiescer d’un air satisfait alors qu’elle admet avoir un rendez-vous avec un professionnel de la santé mentale. C’est bien. Elle est bien plus sage que toi. Un sourire étire tes lèvres alors qu’elle te questionne sur l’essence même de ton travail. D’habitude, tu resterais silencieuse. Mais comme elle s’est confiée à toi, et t’a même donné un aperçu de son pouvoir, tu consens à lui donner un aperçu de ton savoir.

« Hum… c’est un peu compliqué à expliquer. Disons que toute pierre a du potentiel, mais sans magie elle ne pourra pas le révéler. Tu pourrais attraper n’importe quelle pierre pour te protéger, il sera plus efficace d’assommer quelqu’un avec que de compter sur ses simples propriétés. Sans quelqu’un pour appuyer sur l’interrupteur, pas de lumière n’est ce pas ? » Tu préfères ne pas te lancer dans des explications alambiquées et un peu barrées de dialogue avec les pierres, de leurs personnalités, ou encore de ta relation avec la terre. C’est sans doute un peu trop tôt pour cela. Les bracelets d’argent à tes poignets frémissent et se déplient comme des serpents ondulants, se tendent vers ta compagne alors que tu souris. « J’ai une affinité avec la terre et ce qui la compose. Je peux donc combiner ses divers éléments et y insuffler de ma volonté en l’accordant aux différentes propriétés des composants. Cela créé une amulette. C’est un processus long et complexe, c’est pourquoi cela requiert une certaine expérience. D’autant plus si l’amulette est destinée à quelqu’un qui possède un don, comme toi, afin que ça n’entre pas en conflit avec ta magie. »

Les serpents d’argents reprennent leur place autour de tes bras et tu souris alors que vient la question du coût de ton savoir-faire. La petite est honnête, tu dois bien l’admettre. Tu ne pouvais pas en attendre moins de la part de l’apprentie de Daphné. Agitant la main pour l’interrompre, tu ne peux pas t’empêcher d’avoir de la compassion pour elle. Tu serais sans doute dans le même état à sa place.

« Tu penses vraiment que je vais faire payer l’apprentie d’une amie ? Ou même une consœur ? » Tu n’es pas vénale à ce point. A vrai dire tu as de quoi vivre confortablement et tu préfères habiter dans un trou perdu sans internet où le téléphone ne passe de toutes façons pas. Il est tout de même rassurant de savoir que si tu devais partir rapidement, tu aurais de quoi te reconstruire une nouvelle vie ailleurs. « Si tu tiens vraiment à me payer, je préfère un échange de bons procédés. Quand tu seras médecin, j’aurais certainement besoin de toi. Alors considère ça comme un investissement de ma part, d’accord ? » Tu souris gentiment. Daphné ne lui a sans doute pas encore expliqué que certains arcanistes préfèrent un échange de services à une contrepartie financière. C’est ton cas, et ta manière de montrer du respect aux talents de tes semblables, de reconnaître leur savoir-faire et leur expertise dans un domaine que tu ne maîtrises pas. Evidemment Anaïs n’est pas encore arrivée au bout de son apprentissage, mais tu dois l’admettre : elle a un potentiel impressionnant.

« Je n’ai pas besoin d’argent. Je préfère encourager une semblable et si un jour tu peux me rendre la pareille, alors tant mieux. »

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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Sam 24 Juin - 16:05 (#)

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Fascination. Cela résume assez bien ce que je ressens quand on parle de magie. Que ce soit les cours de Daphné sur les traditions chamaniques, ses métaphores pour m’aider à mieux cerner ce pouvoir qui est mieux ou, à ce moment précis, les explications d’Evangeline, ça m’a toujours fascinée, intriguée, depuis que j’ai pu réellement arrêter de la craindre. Chaque nouvelle leçon est une porte qui s’ouvre vers une nouvelle façon d’appréhender le monde. Un nouveau moyen de voir que ce qui m’entoure à plus à offrir que je ne peux le penser au premier abord. J’ai pas l’affinité de Daphné pour les plantes et ne fait qu’effleurer du doigt leur énergie et leur utilité. Je n’ai pas la connaissance qu’Evangeline tente, avec simplicité, de m’enseigner en ce qui concerne les pierres et leurs pouvoir. J’ai l’impression que c’est infini. Que jamais je n’aurai assez de connaissances pour vraiment comprendre le monde surnaturel et ceux qui le forment. C’est vertigineux. Comme regarder un gouffre sans fond depuis son sommet en espérant ne pas simplement y tomber.

Je ne peux empêcher de me redresser en fixant avec enthousiasme ses bracelets qui évoluent comme de petits serpents de métal. Tellement que je rate presque la fin de ses explications, fascinée de voir sa magie ainsi à l’œuvre. Je me suis toujours demandée pourquoi c’était le sang, pour ma part. Pourquoi ça et pas autre chose, comme le vent ou les cheveux ? Daphné m’a dit que ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait prévoir, que c’était le pur fruit du hasard. C’était ce que j’en ferais qui comptait. Ça ne me plait qu’à moitié, de me dire que tout ce qu’il s’est passé depuis trois ans n’est dû qu’à un pur coup du hasard. Que j’aurai pu ne jamais révéler ce qui sommeillait en moi et que c’tait défini sans que je ne puisse rien y faire pour le changer. Si j’avais su, l’aurais-je changé, de toute façon.

Je déteste mon cerveau avec ses questions à la con.

- Oh, je comprends. C’est un potentiel endormi qu’il faut éveiller, mais ça peut interagir avec la magie d’autrui donc ça prend du temps pour l’adapter à la… psyché ? de l’utilisateur. J’imagine que je ne peux pas vraiment observer comment vous faites ?

Les arcanistes, même si un de leurs objectifs, pour la plupart, est la transmission de leur savoir à un apprenti, ne partagent pas vraiment leur art avec qui que ce soit d’autres que leurs confrères. Ceux qui ont des aptitudes similaires et avec qui ils peuvent ainsi échanger. Je doute qu’elle accepte de me montrer quoi que ce soit. Non pas que j’essaierai quoi que ce soit de semblable, je maitrise le sang, pas les pierres ou la terre, mais j’imagine que c’est un art qu’elle n’a pas envie de partager avec qui que ce soit d’autre qu’un apprenti. Si elle accepte, tant mieux, sinon, tant pis. Cela fait un moment que j’ai compris que je ne pourrais jamais tout savoir, tout voir, tout apprendre et encore moins tout comprendre. Mais la curiosité n’a jamais vraiment faibli pour autant.

Et comme je le craignais, ça doit coûter un bras. Et je me vois mal demander de l’argent à qui que ce soit… C’est toujours un problème récurrent, le manque de moyen. Si mes parents paient pour le quotidien et la fac, tout le reste, c’est uniquement avec mes économies que j’arrive à gratter ça et là. Autant dire que si ce que j’ai amené ne suffit pas, je peux faire une croix sur toute l’idée… Enfin ça, c’est avant qu’elle ne me dise qu’elle ne me fera pas payer. Je la regarde sans comprendre. D’accord, elle connaît Daphné, mais de là à ne rien me faire payer ?!

- Je peux pas accepter !

Je n’ai pas besoin qu’on me fasse la charité. Je passe déjà ma vie à me reposer sur les autres pour tellement de choses que je ne peux pas accepter qu’en plus on me prenne en pitié par ce que je n’ai pas assez d’argent. Mais ce qu’elle propose, ça fait sens, au final. Un genre de prêté pour un rendu, un échange de bons procédés quand j’aurai les moyens et les capacités de les lui donner. Je hoche la tête, bien plus rassurée par un échange que pas un don pur et simple. Même si cela va me prendre des années, je lui rendrai la pareille sans faillir. Elle n’est pas la seule. Je suis redevable auprès de biens des personnes et j’espère un jour pouvoir tous leur être utile et les aider autant qu’eux m’ont aidé.

- D’accord. Je vous rendrai la pareille, promis.

Un sourire reconnaissant se dessine sur mon visage alors que je lâche mon sac et inspire plus calmement. J’ai conscience que la médecine est extrêmement onéreuse dans ce pays, alors j’imagine que prodiguer des soins gratuits en tant que médecin diplômé est un renvoi conséquent, si elle en a un jour besoin. Et il y a le souci avec sa jambe, même si je doute de pouvoir y faire quoi que ce soit avant longtemps. Réparer des muscles, des tendons ou ce genre de tissu très fragile, ce n’est pas encore dans mes cordes. Un jour, peut-être.

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai ravie de vous aider.

Que ce soit dans dix jours ou dix ans. Et viendra un moment où je serai en mesure de faire mes propres expertises et mes propres choix sans avoir à consulter qui que ce soit. Un jour je serai capable de faire les choses par moi-même et de les réussir. Sans faute.


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Sam 24 Juin - 23:16 (#)





Tes mots effleurent ses oreilles, promesses d’un avenir moins sombre, contes merveilleux pour enfants. Elle pourrait sans doute t’écouter pendant des heures. Même si Daphné doit lui apprend tant de choses, la connaissance de la magie reste infinie, un fil qui toujours se déroule et jamais n’a de conclusion. Tu aurais tant à lui dire, tant à lui révéler sur ce qui fait ton monde, sur ce qui a fait ta vie avant d’arriver ici. Ce que grandir au sein d’un coven signifie. Cela te rend presque mélancolique. Ta famille te manque, vos assemblées de sorcières de tous âges te fait regretter de ne pas avoir remis les pieds en Irlande depuis si longtemps. Mais tu n’as plus ta place là-bas. Ici il y a la Présence, une terre qui se souvient que tu es née ici même si tu as grandi dans les terres d’émeraude. Le bayou t’a enchantée, enchaînée, remplissant ton coeur désespérément sec d’espérance et d’attente. Tu n’es pas sûre qu’elle puisse comprendre, même Eoghan ne saisirait pas l’entièreté de cette passion qui t’anime, de cette envie de ne faire qu’un avec ce lieu, cet être qui t’a accueillie en son sein. Ithan t’avait empêchée de te faire absorber, mais tu sais que ce n’est que partie remise. Un jour tu pourriras dans la terre sans aucun regret. Alors tu ne dis rien, tu te contentes de sourire alors que les serpents d’argent se rendorment, que l’enthousiasme brille dans les yeux de l’apprentie de ton amie. Peut être qu’avec l’enseignement de Daphné elle comprendra. Au moins a-t-elle déjà saisi une partie de tes explications.

« En effet, c’est un peu comme une recette de cuisine, chaque ingrédient a du potentiel, mais sans cuisinier pas de résultat ni de plat adapté au goût du client. Cependant… je crains que m’observer ne soit ennuyeux, c’est un processus interne, tu ne verrais pas grand-chose. Et surtout, je ne travaille pas ici, j’ai besoin de calme et de nature. » Une façon élégante de refuser qu’elle t’observe. Cela voudrait dire te dévoiler davantage et tu n’es pas encore prête pour cela. Malgré tout, tu es flattée de son intérêt. Tu n’as personne avec qui partager cela, même le coven trouvait ta fascination pour les pierres étrange et parfois dérangeante, voir même dangereuse pour ta santé quand tu te laissais piéger par un reflet ou un scintillement. La soudaine exclamation de la jeune fille te fait glousser et tu t’amuses de son ton scandalisé. Parfait. Elle a des principes et cela te plaît. Ta proposition est pourtant rapidement acceptée. Cela te rassure. Tu préfères un échange de services, cela te paraît infiniment plus précieux. Peut être n’aura-t-elle jamais l’occasion de te rendre la pareille, mais cela t’importe peu.

« J’en prends bonne note. Si jamais j’ai besoin de tes services, je te contacterais par l’intermédiaire de Daphné. » Précautionneusement, tu sors une feuille d’une enveloppe et la tend à la jeune femme. « C’est un contrat, je le fais signer à tous mes clients. C’est un moyen légal et magique pour moi de me protéger, d’un point de vue financier mais aussi sécuritaire. Le client s’engage à verser la somme due -cela ne te concerne pas- mais également à ne pas divulguer mon identité. » Un soupir t’échappe et ton regard perd de sa chaleur, se fait plus anxieux. « Je pense que je n’ai pas besoin de t’expliquer le pourquoi de ces précautions. Les chasses aux sorcières ont marqué les nôtres plus que nécessaire. D’où le contrat. En le signant les gens ne peuvent pas révéler mon nom ou décrire mon visage. Ce n’est pas un manque de confiance de ma part, mais je préfère ne pas attirer trop d’attention sur moi. » En général les clients protestent et certains reculent même, abandonnant l’idée d’une amulette. D’autres signent sans hésiter, soit parce qu’ils comprennent, soit parce qu’ils n’y croient pas. Certains te traitent de paranoïaque. Ils n’ont pas tort. Mais tu n’es pas prête à te mettre à nouveau en danger. La Révélation a été une connerie sans nom à tes yeux. Vivre cachée te convient mieux. Foutue Eglise Wiccane. Ils ne pouvaient pas vous laisser dans l’anonymat ? Enfin… au moins à Shreveport la quantité de CESS fait que tu passes inaperçu. Tu attires davantage la pitié que la haine avec ta patte folle et ta canne. Après la honte, tu as appris à cultiver cette apparence frêle et fragile. Ne pas montrer ce dont tu es capable. Passer pour une hippie un peu perchée mais inoffensive. Fracasser le crâne d’un violeur et d’un meurtrier dans la solitude du bayou jusqu'à en faire de la bouillie.

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Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Mer 26 Juil - 15:19 (#)

Anaïs illustration

C’est différent. La seule arcaniste avec qui j’ai des contacts est Daphné. Elle vit entre le camp et la Meute et je n’ai jamais eu l’occasion de la voir, avec raison, dans un rôle qui serait plus similaire à ce que j’envisage comme futur. Certes, il y aurait Eoghan… je préfère ne pas y penser. Evangeline c’est une preuve concrète qu’il est tout à fait possible de travailler avec sa magie au cœur même de la ville. Certes, sa magie n’a rien à voir avec la mienne et elle n’est sans doute pas chamane, auquel cas Daphné m’en aurait parlé, mais tout de même. C’est un peu rassurant de me dire que je n’aurai pas à faire une croix sur cette partie de ma vie. Je n’ai jamais osé en parler avec Daphné, ayant peur d’apprendre que devenir chamane signifiait couper les ponts avec cette idée et la vie que j’ai mené jusque-là. Ça m’obligerait un faire un choix que je n’ai vraiment pas envie de faire et qui, dans un cas comme dans l’autre, arracherait une part de ce futur auquel j’aspire. Daphné comprendrait sans doute. Les esprits, pas si sûr…

Je ne suis pas vraiment surprise lorsqu’elle refuse poliment que j’observe son travail. Les arcanistes ont leurs secrets, leur façon de faire. On ne montre pas n’importe quoi à un étranger. Ce n’est pas pour rien qu’on n’enseigne qu’à une poignée d’apprenti, au maximum, plutôt que faire des classes entières d’apprenti mages dévoués. Ça et notre nombre restreint, aussi. Je me contente de hoche la tête, compréhensive. Qu’importe ses raisons, celles qu’elle explicite ou les autres, si elles existent. Je répugne toujours à montrer mon pouvoir, alors je comprends qu’on cache son savoir-faire, peu importe les raisons derrière ce besoin de secrets. Le surnaturel a prospéré dans ce même secret pendant très longtemps, ce n’est pas en quelques années que les choses vont évoluer. Surtout pas avec les tensions actuelles, n’en déplaise à l’église Wiccane.

Curieuse, un sourcil haussé, je jette un œil à la feuille qu’elle vient de tirer. Un contrat… à première vu il a l’air de n’importe quel autre contrat banal qu’on peut former avec n’importe qui pour n’importe quoi, mais les effets sont… étonnants. Il faudrait que je demande à Daphné si je serai capable de reproduire quelque chose de similaire, un jour. Je n’y avais jamais pensé, mais l’idée est intéressante et laisserait bien plus de liberté d’action pour bien des choses. La sécurité et l’anonymat ont de vrais bons côtés quand il s’agit de magie et de surnaturel. Pas acquis de conscience, je lis tout de même l’entièreté du contrat avant de fouiller mon sac pour en sortir un stylo.

- Je n’ai pas besoin de signer avec mon sang, pas vrai ?

Je souris, mais ne plaisante qu’à moitié, sachant très bien à quel point un sang donné volontairement peut être puissant selon les circonstances.

- Je comprends, ne vous en faites pas. Si je pouvais effacer mon visage et mon nom de quelques mémoires, je ne m’en priverais pas. Ça m’aiderait à dormir la nuit…

Je signe le contrat et le fait glisser de nouveau vers elle, sans trop hésiter. Daphné ne m’aurait pas envoyé ici si je risquai quoi que ce soit et les termes du contrat sont clairs, sans petites lignes obscures incompréhensibles ou tournées de manière à me piéger. Ça va droit au but et ça me suffit. Vu ce qu’elle accepte de faire pour moi, gratuitement en plus, je ne vais pas me plaindre de devoir mettre mon nom au bas d’un contrat qui la protège en cas de pépin… pépin qui m’arriverait à moi, en plus.  Ces derniers temps les choses sont calmes et la routine a repris sa place, mais j’attend que quelque chose me tombe à nouveau sur le coin du nez. Ce serait loin d’être la première fois que j’ai l’impression que les choses vont mieux alors qu’elles redégringolent aussitôt. J’attend, peu sereine, que ça arrive, espérant quand même que ça ne va pas se reproduire et que ma vie va enfin être un long fleuve tranquille.

Comme si j’y croyais une seule seconde…

- Est-ce que vous avez besoin d’autre chose ?

Je dois bien avouer en rien connaitre à la magie liée à la création d’amulette. Mon apprentissage chamanique n’en est qu’à ses débuts. Et ce n’est même pas au programme à priori. J’ai déjà bien assez à faire entre les rituels, mémoriser tout le savoir que Daphné m’enseigne oralement tout en gérant mon propre don que je dois mieux maitriser si je veux un jour réussir à faire ce que j’ai envie de faire avec. En somme, je suis qu’au début et ça vaut autant pour la vie avec magie que la vie sans. Le temps passe vite, mais je n’en vois pas encore le bout. Loin de là.


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