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Requiem pour un chat [Jer]

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MJ ۰ Trop de DC, pas assez de décès.
Rhys Archos
Rhys Archos
MJ ۰ Trop de DC, pas assez de décès.
L'IVRESSE SOLAIRE DU CRÉPUSCULE

Requiem pour un chat [Jer] S83t

« Wild men who caught and
sang the sun in flight,
And learn, too late, they
grieved it on its way,
Do not go gentle
into that good night. »

En un mot : Émeute, Sang et Fiel
Qui es-tu ? : Sans visage, une force animale grouillant sous une peau humaine qui s'étire, trop étriquée, n'attendant que de jaillir à l'intérieur du monde pour le ravager.
Facultés :

Trouble à l'ordre public ;
Outrage à agents ;
Attentat à la pudeur ;
Violation de propriété privée ;
Ivresse sur voie publique ;
Expert du pistolet à clous ;
Vol de voitures ;
Briseur de vitrines ;
Bagarres ;
Vol de poules ;
Thème : /watch?v=L7a8hmoOsx0
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Requiem pour un chat [Jer] Fdel
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Ven 24 Avr - 22:38 (#)

Requiem pour un chat

Ashes, Ashes. We all fall down.


« Un feu rouge. Un pick-up marron tout pourri dont le moteur crachote, au point mort. L'humaine assise au volant me regarde avec des yeux écarquillés, ahurie imbécile et vide d'intelligence qui semble ne pas comprendre que sa vie ne tient qu'à un fil, qu'au tremblement de cette main moite qui presse déjà bien trop fort sur la gâchette. Qui est cet énergumène qui la menace, un chat dans les bras et l’œil aveugle d'un canon pointé sur elle ? Elle pèse trois fois son poids et des gringalets comme lui elle en mange deux au petit déjeuner. Elle frappe ses bras contre le volant, colérique, un fort accent afro-américain en bouche.

_ Va te faire foutre connard ! Je préfère crever que t... »

Le coup part, vif comme un serpent et avec une violence impitoyable. Mais ce n'est pas un coup de feu. Une fois, deux fois, trois fois j'impacte la crosse de mon pistolet sur sa petite gueule de merde. Pour lui péter le nez, pour lui pétez les dents, pour lui ravager cette face hideuse et pleine de gras qui hurle comme un goret qu'on égorge. Le sang coule, le chat est dangereusement secoué. Penché à l'intérieur par la fenêtre, je lui refais la façade à coups de marteau pilon.

_ Putain de salope. »*

Les mots sont grognés entre mes dents dans un arménien vulgaire. C'était cruel, c'était gratuit, mais il n'y avait ni raison ni empathie ce soir. Seulement une adrénaline pleine de haine qui allait tous nous consumer par les deux bouts jusqu'à ce que quelqu'un crève. Encore. Une veine bat avec force à mon front, emporté par un instinct meurtrier plein d'une bile noire et viciée. Je la frappe à la tempe pour soulager ces pulsions, avant d'ouvrir la portière et de la tirer avec rage hors de sa carcasse de métal. Non sans difficulté. L'humaine est énorme et déborde de tous les côtés. J’ahane en essayant de la manœuvrer avant qu'elle ne s'effondre sur le bitume, à demi inconsciente.

Quelle importance ?

Je pose le chat sur le siège passager, avec le plus de délicatesse possible malgré la précipitation. Partout traînent des cadavres de sacs de fast food, des canettes vides et autres emballages de barres chocolatées. Cette voiture est poisseuse et pue la graisse, répugnante jusque dans sa moindre surface. Mais pas le temps de faire la fine bouche. Je m'installe, je claque la portière. Il n'y a que deux places à l'avant, l'arrière étant un espace ouvert avec quelques sangles et encombrants. Un pick-up quoi. Si l'autre sorcière voulait venir elle n'avait que quelques secondes pour réagir. Pas le temps d'attendre et déjà j'enfonce la pédale de l'accélérateur pied au plancher. Le moteur hurle, les pneus crissent sur place en dégageant une fumée âcre et blanche avant que le véhicule ne se mette en branle. Grillant le feu rouge, j'embraye directement la troisième pour partir pleine balle. Dans le rétroviseur, la silhouette d'Azadeh qui s'éloigne.

La voiture est parcourue de secousses tandis que je la malmène. Le compteur grimpe de plus en plus vite : soixante dix, quatre vingt dix, cent dix, cent trente... Mes mains sont crispées sur le volant, mes yeux obsédés par la route, la respiration rapide et la tête pleine de bouffées de chaleur. J'ai l'esprit posé sur une grille électrifiée et plein d'injection d'adrénaline. Si je m'arrête maintenant, je ne pourrais pas repartir. La fièvre monte au front tandis que mon cœur bat de plus en plus vite. C’est la panique qui ronge mes pensées, aussi sûrement qu'un œil plongé dans un bac d'acide. Les flics vont nous prendre en chasse. Le Pasua va me retrouver. J'ai laissé tellement de traces, tellement d'indices, putain. Je ne veux pas que ça recommence. Je ne veux pas qu'on m'enferme. Je ne veux pas mourir dans une peau d'humain. Je ne veux plus subir la douleur de la raison, je veux juste...

Les voitures devant moi se rapprochent dangereusement vite, trop lentes. Je les dépasse de coups de volants bien placés, presque automatiques, faisant valdinguer de droite à gauche puis de gauche à droite tout ce qui n'est pas attaché dans la voiture. Je jette des coups d’œil au chat, dois m'assurer qu'il est toujours conscient. Lancé dans cette course poursuite mortelle comme un frénétique dans une arène, je remonte la file des voitures en roulant à moitié à contre sens, provoquant concerts de klaxons et indignations diverses. La radio crache une immonde musique country depuis tout à l'heure. D'un geste furieux j'attrape ses gros boutons et secoue l'autoradio de droite à gauche comme un prédateur tuerait sa proie en la malmenant dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle se taise.

Cinq minutes plus tard et une éraflure sur la carcasse tout le long du flanc droit, je quitte enfin la route qui fait la ceinture de la ville, depuis Western Hill jusqu'à la frontière avec Pinecrest. Nous sommes à Mansfield. Conduisant toujours comme un fou furieux, on frôle la mort à plusieurs reprises. J'aperçois dans le rétroviseur les phares des voitures qui s'éloignent. Pas de sirènes ni de lumières bleues et rouges. Tout va se jouer à la chance, si on croise une patrouille alors c'est la fin.

Un quartier plus loin, je freine  des quatre fers en garant la voiture sur un morceau de gazon à l'arrière d'un entrepôt. Un grand bruit de verre brisé se fait entendre et le phare droit vacille en percutant une poubelle qui se fait renverser. Je sors du véhicule, un léger vertige me prend à la tête et je viens chercher le chat côté passager. Mes bras tremblent mais je les contiens encore. D'un pas rapide je me dirige vers une enseigne lumineuse. « Carrosserie Gilbert, la grosse mécanique ». Je passe par l'arrière, la clôture est ouverte. Elle l'est toujours. Gilbert n'a pas toujours été carrossier. À vrai dire, il a été forcé de se reconvertir après... Une série d'incidents fâcheux. Frappant violemment à la porte un nombre de coups précis, je n'ai pas la patience d'attendre et je recommence jusqu'à ce que la lumière finisse par s'allumer. Les secondes passées à découvert dans le noir sont insupportables.

Une voix braillarde et éraillée par la cigarette se fait entendre.

_ C'eeest boooon. Y a pas le feu au lac putain t'as vu l'heure. C'est qui ? Si t'es un putain de vampire je te préviens j'ai de quoi t'asperger la gueule avec de l'argent en fusion. »

Mon sang ne fait qu'un tour. Je suis sur le point d'exploser. Mes pupilles sont dilatées.

_ Pedro c'est moi. C'est Rhys. Ouvre connard ! »

Un instant de silence hésitant, avant qu'une flopée de jurons et de grommellements ne se fasse entendre, suivis par le déverrouillage d'au moins trois verrous.

_ Putain t'as idée de l'heure qu'il est ? »

La porte s'ouvre, la figure dégarnie et mal rasée d'un mexicain fatigué se laisse apercevoir. Je ne lui laisse pas le temps de réfléchir, j'enfonce l'ouverture pour rentrer de force, que ça lui plaise ou non.

_ Wowowoh je suis fermé gars. T'es marrant mais... Hé, c'est quoi cette merde pleine de sang sur ton bras ? Qu'est-ce t'es allé ramassé encore putain. »

Son haleine sent. L'alcool, évidemment. Pedro était un chirurgien réputé de son temps. Sauf que voilà, une erreur, ça ne pardonne pas. Deux, ça condamne.

_ C'est... C'est mon chat... Écoute j'ai pas le temps de t'expliquer. Un connard a tiré sur mon chat, sauve-le. Je m'en bats les couilles de combien ça... »

Pedro éclate de rire. Il en a vu des conneries dans sa carrière de chirurgien, encore plus depuis qu'il rafistole les gars au black, mais ça... Ça c'est la meilleure. Mon sang ne fait qu'un tour, une lueur de meurtre passe dans mes yeux. S'il je n'avais pas eu besoin de lui, je lui aurais découpé le visage à la griffe. D'un geste rapide, je sors le flingue en même temps que je me plaque contre lui, coincé dans le couloir. Il peut sentir quelque chose de gros et de dur qui fait pression sur son entrejambe, sauf que ce canon là il tire pas qu'une fois et en général il fait pas de cadeaux.

_ Sauve le ou y a pas que tes couilles qui vont finir en purée. »

Les mots grondent entre les dents serrées comme un tonnerre prêt à frapper. L'animal perd la raison. Si ce chat meurt ce soir, il va y avoir un carnage.

Un putain de carnage. »




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Mar 28 Avr - 22:21 (#)

Il sent les mains étrangères qui se referment sur lui, l’arrachent au carrelage encrassé, quelque part dans sa caboche féline l’inquiétude disparaît alors qu’il gagne les bras protecteurs de ce semblable à figure humaine. Les membres engourdis par la fatigue qui s’accroche à lui, il se fait poupée inanimée contre cette source de chaleur bienvenue, ferme les yeux un instant en ignorant le vacarme qui ne cesse pas, autour d’eux. La douleur est toujours là, plus encore quand ils se mettent en mouvement, un inconcevable trio avançant dans l’obscurité dénaturée de la ville en proie à des évènements inimaginables, même pour eux, qui ne sont pas humains, qui sont censés appartenir à ce monde.
L’odeur du sang est tenace, accrochée à lui, à cet homme qui le porte, à Shreveport elle-même peut-être. Il n’y a plus que ça, le chaos et le bruit d’un moteur qui approche. Le chat se demande un court moment qui est assez stupide pour sortir dans ce foutoir, se moque dans une réflexion silencieuse avant de réaliser qu’ils ne sont pas mieux lotis que leur prochaine victime. Il le sait, que son nouvel allié va arrêter la voiture, probablement signer la mort de la personne qui est au volant. Mais ce soir, c’est son instinct de survie qui hurle, éloigne ce civisme inutile de ses considérations, ce soir, il n’a que faire de regrets à propos d’anonymes sacrifiés. Certains paieront pour tous les responsables, sans qu’il se souvienne de leurs visages et des supplications.

Mais aucune supplication, de la part de l’américaine trop sûre d’elle, quand bien même la gueule béante d’un canon est pointé sur son crâne, sans même le voir, il le sait. Elle se révolte, elle proteste et c’est là son erreur, elle aurait pu se contenter de capituler face à la rage de cet homme venu l’extirper du véhicule. De gré ou de force, ils auront cette voiture.

Alors, son porteur s’agite, lui s’accroche faiblement, ballotté, impuissant, il écoute le bruit mat des coups qui pleuvent sur l’imbécile osant s’opposer à leur fuite. Les yeux verts se rouvrent, scrutent l’infinité obscure du ciel qui les regarde alors que la basse besogne de son compagnon s’achève, qu’il tire hors de l’habitacle l’inconsciente au visage désormais ravagé par les poings et la colère de cet anonyme grossièrement peinturluré.
Ils prennent place à l’intérieur et il garde les yeux ouverts alors qu’on l’allonge sur le siège passager avec une infinie douceur, quand il pense à la destruction dont est capable l’individu sur le siège voisin. Bien vite, le siège déjà sale, sous lui, est imbibé de son sang qui continue de fuir, continue de l’affaiblir. Tant et si bien, qu’il sent le poids sur ses paupières s’alourdir, alors qu’il sent le pick-up à la couleur dégueulasse se mettre en branle, accélérer alors qu’ils filent loin de l’horreur.
Il les voit, les regards inquiets sur son pelage souillé, sur les blessures qui ornent ses membres immobiles. Doucement, sa poitrine vibre,  couverte par le rugissement du moteur malmené, il lui dirait bien que tout ira bien, à l’autre, qu’il ne va pas crever abattu comme un vulgaire chien, mais il les sent l’abandonner, les forces que l’adrénaline préservait. Il miaule tout bas, bien maigre consolation pour le conducteur alors qu’ils foncent à travers la ville.

Il ne sait plus, où ils sont, n’a pour seule vue que les traits crispés de son semblable et la poubelle qui leur sert de moyen de transport. Quand la voiture s’arrête enfin après des minutes trop longues à ressasser la souffrance, les brumes de l’inconscience menacent déjà de clore les mirettes maintenues ouvertes. Jeremiah observe l’inconnu qui s’éloigne les yeux mi-clos, il écoute les pas qui font le tour de la voiture et la portière qui s’ouvre. La masse de poils gris sanguinolents que l’autre récupère est amorphe, incapable du moindre geste. Simple spectateur de toute cette agitation autour de lui, il tressaille légèrement quand son protecteur tambourine contre une porte, qu’une voix s’élève sans qu’il prenne la peine de suivre ce qu’il se passe.

Sans que le principal intéressé n’en soit conscient, le drame continue autour de lui, quand l’ivrogne croit tenir l’idée du siècle en riant à la face de celui venu demander de l’aide, change bien vite de point de vue quand il se retrouve plaqué contre un mur, une arme à feu pointée sur les bijoux de famille. Et la lueur folle qui danse dans les yeux de son interlocuteur lui annonce qu’il mettra à exécution ses menaces. C’est une voix incertaine, qui reprend, bien plus certain désormais que sa bouteille pourra l’attendre un peu. -Ok ok… T’énerves pas comme ça mon gars j’vais voir c’que j’peux faire pour ton matou, file moi ça. Il récupère l’animal à moitié mort, l’ancien médecin, soupire sans s’en cacher, il l’emmerde, le jeune. -Crois pas que j’vais oublier c’que t’as fait ce soir par contre, après ça prends ton chat et va t’faire mettre, Rhys. Voilà qu’il s’éloigne, s’enfonce dans les boyaux du bordel qui lui sert de lieu de vie, le chat de l’autre taré dans les bras. Il se lave les mains après avoir déposé le bestiau immobile sur une table à peu près propre.
-Va falloir que tu m’expliques comment c’te pauvre bête s’est retrouvée à se faire canarder, quelqu’un doit vraiment pas t’aimer pour foutre des balles dans l’buffet d’un chat. Enfin, si tu braques sur les couilles de tout le monde ton flingue faut pas s'étonner. Et il râle à voix basse en estimant les dégats. -J’vais devoir lui faire des points, et lui retirer le métal qu’il lui reste dans l’cul à ton machin. Le problème c’est que j’ai rien pour le garder endormi, s’il se réveille ça va pas être agréable pour lui. Enfin, pas qu’il en ait quelque chose à foutre, lui, tout ce qu’il veut, c’est éviter de prendre une balle dans le caisson parce qu’un allumé considère que la vie de son chat vaut autant que la sienne, si ce n’est plus. -En attendant, envisage quand même que j’fais pas de miracle, il est à moitié vidé ton putain d’chat, j’vais faire mon possible hein. Autant le prévenir, qu’il s’étonne pas si le minet fini par crever, même s’il est déjà solide, d’avoir survécu à une balle pleine poire.

PS:
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Qui es-tu ? : Sans visage, une force animale grouillant sous une peau humaine qui s'étire, trop étriquée, n'attendant que de jaillir à l'intérieur du monde pour le ravager.
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Lun 4 Mai - 1:44 (#)

Requiem pour un chat

Ashes, Ashes. We all fall down.


« Crois pas que j’vais oublier c’que t’as fait ce soir. La phrase résonne avec la force d'une sentence dans mon crâne, percute les tympans et la raison, active des alarmes dans tous les sens, avertissements noyés au milieu des hurlements qui continuent de résonner dans mes oreilles. Il y a un sifflement sourd qui colle aux pensées, insistant comme l'odeur du sang sur mes vêtements. Le mien, celui du chat, celui des autres, peut-être bientôt celui de Pedro. Il va deviner. Quel imbécile irait menacer de mort un connard de mexicano pour sauver la vie d'un chat ? Il va savoir. C'est bizarre, quand même, cette histoire. Pourquoi tirer sur un chat ? Pourquoi f... Il va parler. C'est vrai ce qu'on raconte à la télé ? Ces histoires de canards-garous et d'hommes-singes qui sont à l'origine du yéti ? Il va ouvrir sa gueule et des vipères en sortiront.

Mes yeux restent braqués sur le tas informe de fourrure qui ne bouge presque plus, le poil collant, tâché de sombre ici et là. Je m'immisce dans le sillage de Pedro, mes yeux inspectant ses faits et gestes avec la suspicion de celui qui cherche la traîtrise, hésitant comme la bête sauvage qui tourne autour du feu. Brusquement, le destin de ce frère m'est ôté des bras, soustrait à la force que peut déployer ma volonté. Brusquement, je ne sers plus à rien et je regarde les choses comme si elles n'existaient pas vraiment. Il n'y a plus rien à faire à part laisser l'angoisse dévorer les entrailles une à une avec l'allure d'un filet d'acide qui suinte sur les tripes, frotte contre les organes et ronge la raison. Le pistolet pend au bout de ma main droite, les doigts crispés dans une prise qui tremble et glisse. Ma tempe bat au rythme effréné de l'adrénaline qui vieillit mon corps plus sûrement que le temps. Mes muscles endoloris refroidissent, s'ankylosent dans un contre-coup qui pétrifie peu à peu un corps forcé de faire du surplace. J'inspire, j'expire. Encore. Trop vite. Quelque chose ne s'arrête pas. Quelque chose à l'intérieur de moi continue de foncer droit dans un mur sans que je ne sache quoi. L'esprit qui déconne, ma mâchoire se serre dans un rythme hypnotique. Les mots de Pedro sont comme un poignard, un coup placé aussi sûrement qu'une lame de quinze centimètres dans les côtes et qu'on maintiendrait en place bien appuyée.

Je vacille, un vertige. Mon dos cogne contre le mur derrière moi tandis que le sens de sa phrase s'infiltre dans les failles de ma psyché aussi sûrement qu'un égout déborderait par temps d'orage. Partout, ça inonde, submerge, asphyxie. Mes yeux fixent les allées et venues du mécano sans saisir l'instant présent. Il y a un écho, quelque part, qui résonne contre des parois métalliques, comme une cage, un rire sinistre et grinçant qui cause la panique. Mes yeux tombent alors sur l'arme à ma main, sur le rouge, les éclats, les gouttelettes qui tâche mon blouson en cuir et ma peau. L'image du sang aveugle mes yeux. Celui essuyé sur les murs de ce building, sur les poignées de portes, sur les vitres, sur les fils de cette femme que j'ai pendue dans le vide, sur le volant et sur la face de cette humaine dans la voiture, sur Pedro et sur moi. Une manche de ma veste est poisseuse, quelques poils encore collés. En-dessous, mon T-shirt ruiné colle à la peau de ma poitrine, tâche rouge sur tissu noir, froid et glaçant malgré les bouffées de chaleur. Dans le devant de mon épaule, les pointes de verre cisaillent une chair déjà gonflée et douloureuse, génèrent des étincelles à chaque mouvement de friction. La crosse de l'arme me fait mal. Elle brûle ma peau, mon essence, l'intérieur de ma chair comme si c'était le poison de l'humanité qui me tuait seconde après seconde. Mes doigts veulent la lâcher, je les serre avec mon autre main, geste schizophrène et incertain.

Sur ma face, le masque de haine a été arraché de la même manière que la peau d'une mue encore saignante. Ici et là il en reste des bouts qui pendent, qui s'accrochent, mais en-dessous c'est l'image d'une détresse fuyante qui roule dans les orbites, crispe les expressions, floute ce qui est réel de ce qui est halluciné. Pedro lève les yeux et ce qu'il voit lui provoque une suée froide jusque dans la raie des fesses. Ce type est en plein nervous breakdown. Il le sait, il en a vu une sacrée paire des patients en état de choc, Pedro. Ce gars est sur le point de lui claquer entre les mains et il a tout sauf envie de se prendre une bastos dans le crâne pour un connard de chat crevé. Sauf que ce gars, c'est moi. Il est en train de crever. C'est ce que Pedro essaie de me dire. Y a trop de sang qui coule, gros. Le chat est peut-être déjà mort. Peut-être que Pedro va achever ses souffrances et me dire qu'il a tout essayé. Peut-être que cet enfoiré va essayer de me niquer. Je braque sur le mécano mon flingue suivi d'un regard qui a changé. Impuissant, c'est de la peur qui se peint sur mon visage barbouillé de blanc et de noir, passé au sang et à la pluie, bouillie informe qui ne ressemble à rien.

Ma main pressée sur le flanc, écrasé sur le tapis sale du salon. Du sang coule entre mes doigts, ma gorge souffle un sifflement rauque, les poumons vidés. Incrédule. Incrédule et les deux fentes verticales qui me servent d'yeux sans paupières se lèvent jusque vers le trou béant et aveugle d'un canon. Un canon pointé sur moi et tenu par celui qui s'arroge le droit d'être une figure paternelle pour nous tous. Un guide. Un mentor. Le protecteur de la famille qui a tué ma sœur et que j'essaie d'assassiner. Incrédule, le vice qui tapisse le fond de son être rayonne enfin au grand jour comme un soleil. Ses traits sont déformés. Dans une seconde il aura tué cette descendance renégate et indocile. Dans une seconde il aura réglé sa propre incompétence par le meurtre de son petit fils.

Il y a un quelque chose de terriblement familier dans toute cette merde. Un quelque chose de déjà-vu.

Ma main pressée sur le flanc, du sang coule entre mes doigts. Elle tente de respirer, sa poitrine se soulève avec difficulté, tressaute à mesure que les spasmes la prennent. Le sifflement de l'air se transforme rapidement en un gargouillis humide. Les larmes embuent les yeux, troublent la vision. Quelque chose ne va pas. Quelque chose déconne pleine balle. Son poumon est perforé, je crie son nom pour qu'elle m'entende. Elle me regarde, ses yeux me regardent mais elle ne me voit presque plus. Je me dis qu'elle va régénérer, je me dis qu'on a ce pouvoir. Mais ce jour j'apprends pour la première fois que le feu du métal est plus fort que nous. Le feu des humains nous tue, même lorsqu'il est manié par l'un des nôtres. Je relève les yeux et je tombe sur lui, imbécile, presque hagard, qui observe ce monumental gâchis sans savoir quoi dire. Je vais le tuer.
Je vais le tuer.

En attendant, envisage quand même que j’fais pas de miracle, il est à moitié vidé ton putain d’chat. Encore. Encore. Encore. Partout, la mort. Partout des gueules sauvages qui crachent des vers, dégueulent des douilles de métal et se racornissent en pourrissant trop vite. Pourquoi ils meurent tous ? Mon bras qui tient le pistolet retombe lentement, se recroqueville sans trop savoir pourquoi je fais ça, sans trop savoir ce que je fais ici. Ils sont tous morts. Je les ai tous perdus. Ils sont peut-être encore vivants. Mais je ne le saurais jamais. Ça fait mal. Atrocement mal. Ils sont là quelque part, mais plus jamais on ne se croisera. Je glisse contre le mur, ma poitrine se soulève bruyamment d'angoisse. Ma vision se trouble, humide, je suis sur le point de me vomir moi-même, de déchirer cette enveloppe pour l'abandonner bien malgré moi. Il reste quatre balles dans le chargeur, quatre drames en devenir. Nous sommes trois. Alors j'attends, tant bien que mal, la tête posée contre le béton froid, les paupières lourdes, luttant contre l'envie de retrouver mon corps pour en finir.

Ce soir, tout le monde vit.
Ou tout le monde meurt. »




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Mar 13 Oct - 17:02 (#)

Instable. Le mot est juste, quand le chirurgien retraité regarde l’autre en se saisissant d’une trousse de matériel médical, braque ses yeux dans ceux, fous, du jeune. Il transpire la peur, le malade venu toquer chez lui, une peur que même le voile de l’alcool ne parvient pas à dissimuler, une peur qui le poussera à lui transpercer la tête comme un putain de gruyère si le matou rend son dernier souffle. La loque posée sur un plan de travail, l’homme passe des mains tremblantes sur le corps du félin, sent du bout des doigts la protubérance d’une balle logée dans les chairs. Elle est là, la tueuse, pas bien loin sous la peau et le minet continue de se vider de son sang sur le bois devenu sombre.
Bien vite, peut-être trop à son goût, à celui dont la vie semble liée à celle d’un vulgaire animal de compagnie, du sang couvre ses mains, écarlate sur sa peau abîmée par des années de maltraitance. Il rase les poils poisseux avec hâte, grimace en constatant l’étendue des dégâts.

Il n’entend plus que les battements affolés de son propre coeur, dos à celui qui mettra peut-être fin à sa misérable existence. Et alors qu’il s’évertue à endiguer les multiples fuites du liquide si précieux, l’alcoolique voit du coin de l’oeil les premiers signes d’un abandon, une annonce supplémentaire que cette nuit sera sa dernière s’il ne réussit pas. Rhys s’est laissé glisser contre le mur, comme chargé d’un fardeau qu’il n’arrive plus à porter.
Derrière lui, il n’y a plus qu’un gamin égaré à qui on aurait donné un jouet trop dangereux. Les mains crispées sur un scalpel, Pedro regarde les doigts serrés autour de la crosse, la fine couche de sueur qui couvre le front du fou, et il devine la tempête qui fait rage dans le crâne de son agresseur. Il cligne des yeux, une fois, deux fois, se penche à nouveau au dessus de l’endormi duquel il s’apprête à extraire une balle. Il a bien quelques spasmes, le gris, preuves qu’il reste encore un soupçon de vie dans ce corps malmené, que ce combat n’est pas encore perdu.

“Essaies de pas me claquer dans le garage gamin, j’vais m’occuper de ton matou, j’vais essayer hein, donc respire un bon coup et fait pas de conneries.” Le ton est sec, le sous-texte clair. Qu’il se fasse pas péter le caisson, le môme, c’est qu’il a pas besoin que les flics viennent fouiner chez lui, où qu’il craque pas et lui carre pas une balle entre les omoplates en pensant que Félix le chat est clamsé. Au moins, ce con pourra être élu maître de l’année, prêt à braquer son flingue sur n’importe qui pour qu’on rafistole son chat. Il sait pas, ce qu’il se passe dehors, le vieil ivrogne, à vrai dire, il s’en tape bien, tout ce qu’il sait, c’est qu’un mec complètement allumé lui a collé un canon sur les parties et qu’il en aura plus rien à faire, si jamais l’allumé lui fait une aération au cerveau. La balle tombe au sol dans un tintement métallique qui rompt le silence du garage, seulement perturbé par la respiration troublée de l’homme avachi. Il soupire presque de soulagement, l’aîné, désinfecte et referme la plaie avec la dextérité de celui qui l’a trop fait avant de s’attaquer à la source suivante du saignement.

Le chat va sûrement s’en sortir, lui aussi, si, dans sa clémence, l’autre repart sans avoir fait hurler le canon de son arme en emportant sa bestiole.

Les points de suture faits, il s’éponge le front avec sa manche, repose les instruments sanguinolents. “Je peux rien faire de plus, faut qu’il se repose et il passera probablement la nuit.” Les mains sont rincées à l’aide d’une bouteille d’eau qui traînait dans le fouilli, souillée, l’eau s’écrase au sol sans qu’il y prête attention avant de s’essuyer dans son tee-shirt destiné à la poubelle après cette nuit. Un placard est ouvert, il en sort une couverture abîmée mais propre avec laquelle il enveloppe Jeremiah. “Fais-moi plaisir et garde le en vie, que j’me sois pas cassé le cul pour rien. Maintenant prend ton chat et casse-toi Rhys, que j’ai plus jamais à voir ta gueule ici.” Il sort un paquet de clope d’un tiroir, Pedro, allume une blonde et en crache la fumée nauséabonde dans la lumière crue du garage. “Un verre m’attend, tu connais le chemin pour sortir de chez moi.” Et il s’éloigne, prie silencieusement des dieux auxquels il ne croit pas pour que l’affaire s’en tienne là, qu’il prenne son précieux félin et disparaisse dans la nuit comme il en est apparu.
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And learn, too late, they
grieved it on its way,
Do not go gentle
into that good night. »

En un mot : Émeute, Sang et Fiel
Qui es-tu ? : Sans visage, une force animale grouillant sous une peau humaine qui s'étire, trop étriquée, n'attendant que de jaillir à l'intérieur du monde pour le ravager.
Facultés :

Trouble à l'ordre public ;
Outrage à agents ;
Attentat à la pudeur ;
Violation de propriété privée ;
Ivresse sur voie publique ;
Expert du pistolet à clous ;
Vol de voitures ;
Briseur de vitrines ;
Bagarres ;
Vol de poules ;
Thème : /watch?v=L7a8hmoOsx0
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YOUR HUMAN SIDE LOSES.
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Requiem pour un chat [Jer] Fdel
Requiem pour un chat [Jer] Lol7
Pseudo : Chaton
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Mar 13 Oct - 17:48 (#)

Requiem pour un chat

Ashes, Ashes. We all fall down.


« Essaie de pas me claquer dans le garage gamin. La suée moite des bouffées de chaleur se fait un peu plus envahissante à l'entente de ces mots, l'éclat d'un quelque chose de vulnérable passe dans ce regard qui tente tant bien que mal de nier une réalité devenue hors de contrôle depuis trop longtemps. Les pupilles fixent, écarquillées et presque hagardes, le dos de cet homme qui ne se résume plus en cet instant qu'à une silhouette penchée sur un tas de chairs sanguinolent. Pris au dépourvu, pris au piège, c'est comme de répondre je ne suis pas fou à quelqu'un qui énonce pourtant l'évidence. Le temps s'écoule alors à la façon de spasmes, par à-coups, ponctué de tintements métalliques et des gestes de Pedro. C'est un entre deux dans lequel l'esprit se laisse trop facilement berner, refuse de se dire qu'il est trop tard, que tout ceci n'a servi à rien. Une incertitude où ni la vie ni la mort ne sont fixés, un doute qui ronge les entrailles et tord les boyaux aussi sûrement qu'un nœud coulant strangule la gorge. L'esprit lutte contre l'engourdissement, contre la claque impitoyable qui s'empare des sens et de la volonté, alourdit les paupières. Pourtant, il y a toujours, en filigrane, ce tison chauffé à blanc, la pointe d'une lame qui incise et ampute des fragments de la raison.

Enfin la sentence s'abat. Il passera probablement la nuit. Les mots insufflent un espoir fou, une ruée qui électrise les nerfs et ravive les sens. C'est comme de vaciller au bord d'un abîme le temps d'une seconde qui sans cesse ne s'étire pour enfin reprendre pied. Je me redresse, fixe le tas informe de la couverture, esquisse un geste et, soudain, un doute terrible s'insinue dans les rouages d'une mécanique déjà branlante.

Et s'il mentait ?

Il n'attend que ça, me prendre par surprise, me jeter ses tripes au visage pour cisailler la peau du connard qui met sa vie en jeu pour un chat.

Il est mort, j'ai rien pu faire gros. L'écho fantasmé résonne entre deux neurones, agite un délire paranoïaque. T'as cru que tu pouvais rentrer chez moi et repeindre le mur avec mes boules tranquille ? C'est qu'un putain de chat, qu'est-ce que ça va changer, qu'il vive ou qu'il meurt ? Rien. Rien. Pedro s'essuie les mains, je suis figé dans l'élan de quelques pas pour rejoindre mon semblable. Mes yeux vont et viennent, incertains, entre la silhouette informe du félin et les gestes faussement assurés du garagiste-chirurgien.

Bute-le. L'adrénaline est dans les veines comme une overdose de coke. Pedro énonce quelques mots supplémentaires mais ma conscience ne l'écoute pas. Sa bouche crache des vipères et l'éclat scintillant des lames de scalpel brille sur la table. Ça et la forme menaçante d'une pince-monseigneur sous la table, d'un bac d'acide de batterie posé là sur une étagère ou d'une scie qui pend le long d'une traverse métallique. Il va éclater, il va me trahir. Il n'attend que l'instant parfait pour crever les yeux du gars dégénéré qui fout la merde dans son atelier.

Mes doigts se referment avec un peu plus de force sur la crosse déjà moite du pistolet. Lentement, sans gestes brusques, pour essayer de contrôler le tremblement qui les agite. Mes yeux dilatés ne quittent pas mon interlocuteur, je me rapproche du chat sans lui tourner le dos. L'espace d'une seconde tout semble suspendu, irréel. C'est la fenêtre parfaite et le pistolet s'élève lentement vers sa cible, prédateur sur le point de frapper. Maintenant. Mais les doigts sont gourds, le bras lourd, et les idées contradictoires semblent s'annihiler les unes les autres. Les yeux humides de rage et de désespoir, je me contente de fixer la nuque de Pedro, plein d'une impuissance vulnérable et de la douleur fantôme d'une balle logée dans le flanc. Le sang palpite jusque dans mes orbites, ma mâchoire se crispe un trop grand nombre de fois. Je n'y arrive pas. L'idée même d'appuyer sur la détente me brûle les os, les nerfs. L'odeur même du métal et de la poudre lutte avec rage pour égorger ce qui reste d'inhumain à l'intérieur et qui n'a plus rien de naturel. Un cadavre.

Pedro s'esquive alors sans un mot de plus, sans même avoir vu cette dernière scène, dans le silence seulement ponctué du tonnerre qui bat dans mes veines et de la respiration pantelante d'un animal poussé à bout. Je déglutis. Je voudrais juste lâcher prise, tout abandonner maintenant, mais même ainsi j'ai la crainte terrible d'avoir déjà trop dépassé les bornes, d'avoir mis à mort l'animal que je suis censé être, les mains écorchés jusqu'aux coudes dans un sceau remplis de rasoirs.

Je me fais violence, me précipite vers le chat avec l'angoisse d'un type qui découvre son propre cercueil, pose deux doigts tremblants sur la fourrure souillée pour venir sentir le petit battement de cœur, le signe de vie et de chaleur qui palpite dans le bout de mes doigts comme l'unique fil qui rattache encore un sens à toute cette merde. Mes yeux, soudain, n'arrivent pas à se détacher du chat, vont et viennent frénétiquement à mesure que j'assimile ce que mes sens me font parvenir. Il n'est pas mort. Pendant une seconde, je ne sais presque pas quoi faire, désemparé, avant de saisir délicatement la couverture pour prendre la chose informe contre moi, dans d'infinies précautions. La bête est à peine consciente, à peine en vie. Instinctivement je la berce doucement, je colle ma joue contre son poil, ressent la douceur du pelage comme un baume au cœur et émet une sorte de son rauque, une vibration que l'humanité ne peut qu'essayer d'imiter. J'essaie de le rassurer, comme on ferait avec un enfant qui a peur du noir. Ces quelques secondes font douloureusement écho à ma propre nature, mais je ne peux pas abandonner, pas tant que ce n'est pas terminé. J'asphyxie, presque mort étouffé à l'intérieur, mais je tiendrais encore debout cette carcasse tant que je ne serais pas arrivé au bout.

Au bout.

Je me redresse, j'essaie de construire un schéma de pensée cohérent entre ici et là-bas, entre maintenant et après. Mes yeux cisaillent l'espace autour de moi, mes sens aux aguets du moindre bruit trahissant un danger. Je dois partir d'ici, tout de suite, avant que Pedro ne revienne avec un fusil à pompe et n'étale plus que mes couilles sur le mur. Je me dirige précipitamment vers la sortie, une bouffée de chaleur et d'angoisse plein la gorge et les naseaux tandis que je deviens de plus en plus incohérent. On dirait un animal pris au piège, une bête qui cherche à s'enfuir dans l'espace ouvert de la nuit alors que tôt ou tard le jour finira par le surprendre. Je sors dans la cour arrière de Pedro, les yeux allant et venant d'une ombre à l'autre, d'un bâtiment à un trottoir, d'un bruit de voiture à ces néons qui clignotent une publicité obscène. Dans le ciel, les nuages grondent et il commence à pleuvoir, mais j'ai l'impression que tout le monde me regarde, que tout le monde sait, que tout le monde entend les battements de cœur affolés trahissant une posture fuyante et agressive. C'est comme si chaque lampadaire était un projecteur braqué sur la masse de chair sanguinolente et en sueur que nous constituions, nous, deux créatures magiques honnies des humains. J'avance d'une allure mécanique, je marche en tentant de ne pas céder à la panique, les yeux rivés droit devant moi.

J’atteins le pick up, vire de quelques gestes saccadés les déchets qui traînent encore ici et là avant de redéposer le métamorphe sur le siège passager et de m'installer derrière le volant. J'enclenche le verrouillage centralisé, jette un œil dans le rétroviseur. Mon cœur bat la chamade et mes yeux sont presque exorbités alors qu'il me faut presque trois secondes pour me rappeler comment démarrer. Il faut juste tourner cette putain de clef. Mes gestes sont incertains, comme si c'était la première fois que je conduisais. J'ai tellement de retard dans mon analyse que j'ai l'impression d'avoir pris un rail de coke. J'enfonce la pédale et les pneus crissent sans ménagement alors que le véhicule fait une embardée brutale, détruisant la boîte aux lettres au passage. Le pick-up s'élance sur la route comme un monstre attaqué par la folie alors que je déambule sans même réfléchir dans les rues, l'esprit pris de panique à chaque putain de voiture que je croise, aveuglé par les phares et dans la crainte de croiser le regard d'un autre conducteur. Je prends une rue à contre sens, finis par retrouver la voie rapide et envoie les gaz. Ça n'a pas de sens, tout ça n'a pas de sens, je dois relire les panneaux trois ou quatre fois pour les comprendre alors que la réalité semble perdre de sa substance. J'aspire de grandes goulées d'air, histoire de ventiler, de garder actif ce qui peut l'être. Mentalement, il y a un quelque chose qui déconne, l'esprit qui régresse, tombe en lambeaux alors que même les plus élémentaires des tâches deviennent difficiles.

La pluie s'abat de plus en plus fort dans l'air pesant de la nuit, l'obscurité semblant avoir avalé les rues de quartiers entiers. Des stries aveuglantes balaient un ciel agité, tempête presque vivante qui paraît couvrir notre fuite. Je finis néanmoins par retrouver la route, celle que je crois être la bonne. Les maisons défilent sous mes yeux dans la plus effroyable des architectures : toutes identiques les unes les autres, des petits pavillons médiocres à gerber, copiés par centaines et posés là comme des étrons dans une galerie. Enfin, après de terrifiantes minutes passées à tenter de sortir de cet enfer sans céder au désespoir, les petites rues plus discrètes et mieux entretenues d'un quartier connu pour ses résidences de luxe finissent par se profiler. Le sang bat comme un marteau à mon crâne alors que j'essaie tant bien que mal de percer la nuit et la pluie pour trouver cette putain de façade qui fut escaladée un jour. La tension est insoutenable, plus aucune considération de sécurité ne retient ma course et la voiture racle plusieurs fois contre divers obstacles non identifiés. Il n'y a plus rien d'autre qui compte, je ne sens même plus la douleur dans mon épaule engourdie et j'en ai même arrêté de surveiller l'état du chat. Il faut juste que ça se termine. Il faut juste que tout s'effondre.

La silhouette familière d'une entrée de propriété se distingue alors, une haute muraille et un portique de fer. Ouvert. Ouvert. Tout se brouille devant cette vision, c'est comme si le corps lâchait déjà prise par anticipation, que l'esprit entrait en déni de lui-même. Dans quelques secondes, même l'acte de penser pourra être abandonné.

J'oublie de freiner, réagissant bien trop tard, et la voiture sursaute en s'engageant dans l'allée de gravier. Un brusque coup de volant fait déraper celle-ci, elle heurte la carrosserie d'une autre voiture dans un fracas de bruit de verre et de taule froissée avant d'achever sa course dans un parterre de fleurs et de gazon. Ruiné, le jardinet n'était plus alors que quatre énormes traces boueuses et de la pulpe de plante. Deux mètres de plus et le pick up éclatait la large baie vitrée pour finir sa course dans le grand salon. Les feux de route aveuglaient d'ailleurs celui-ci plein phare, dans un contraste de noirs et de blancs qui donnait une allure sinistre à la moindre des silhouettes.

Je reprends mon souffle, gémis presque en expirant alors que mes yeux roulent dans leurs orbites et que ma tête dodeline sur le côté. J'ai mal. J'ai mal mais c'est flou. Comme une envie de vomir, un organe déplacé ou peut être juste la réalité elle-même qui brûle alors que je m'extirpe de la voiture.

La pluie heurte la carrosserie avec le fracas d'un millier d'impacts, les essuies glaces s'agitent frénétiquement de ce bruit hypnotique de caoutchouc mouillé et le moteur ronronne au point mort, n'attendant que de repartir de plus belle.

J'attrape les couvertures qui protègent le chat. Je ne sais même pas s'il est encore conscient. Je ne sais même pas s'il est encore en vie. Une telle perspective broie le futur aussi sûrement que si plus rien ne pouvait exister en dehors de cette obsession, cette terrible névrose de remettre ce métamorphe en sécurité chez lui. Et après ? Il n'existait pas d'après, il n'y avait pas de suite, rien que l'esprit ne puisse concevoir ou supporter. Déjà, l'anticipation d'un vide sans pensée coulait dans les entrelacs de ma cervelle aussi sûrement qu'un produit anesthésiant. Parvenu devant la porte d'entrée, j'appuie d'une façon désincarnée mais insistante sur le bouton de la sonnette. Rien.

Rien.

Rien.

Je tambourine à la porte, frappant le panneau de bois et de métal du poing avec une rage soudaine, animale, et avec beaucoup plus de force que ce qu'un humain moyen pourrait démontrer.

_ OUVREZ. »

Ce seul cri m'a mis à bout de souffle, aussi sûrement que s'il avait duré une quinzaine de seconde, à mi chemin entre la détresse et la rage forcenée. Je halète en panique alors qu'un léger vertige me prend à la tête. Est-ce qu'il y a au moins quelqu'un ? Qu'est-ce que je risque de rencontrer ? Et le chat ? Et le putain de chat ?

J'entends du bruit. Des pas, un grincement. La poignée frémit. Je frisonne alors et, tandis que la porte finit par s'ouvrir, je me rend compte que j'ai laissé le pistolet dans le bac de l'accoudoir, entre le siège conducteur et le siège passager.

Je retiens ma respiration, bloqué par la crispation de muscles qui anticipent le pire. Deux figures apparaissent dans l'encadrement de la porte, mon regard percute le leur et c'est comme si, soudain, tout ce que j'avais pu imaginer dire venait de se désintégrer, ne laissant plus qu'un silence bruyant et vide dans mon esprit. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive juste pas. En une fraction de seconde toute illusion de paraître normal vient de voler en éclat. Le sang pulse à tout rompre dans mes tempes, leurs yeux me sont comme deux aiguilles qui traversent la chair pour pénétrer directement dans la cervelle. Affronter un regard en cet instant précis, c'est comme être une biche devant l’œil aveugle du canon d'un fusil. Je me sens vulnérable et percé à jour, comme si toutes les couches d'artificiel avaient été arrachées de mon visage pour ne plus laisser qu'une vérité sanglante et misérable suinter en-dessous.

Mes yeux dérivent, glissent ailleurs. Je tends le petit tas de couvertures mouillées, de poils et de sang devant moi, les bras agités d'un tremblement aussi sûr que s'il fallait faire l'offrande aux dieux courroucés.

L'instant est si court, si irréel.

_ J'ai... »

Prenez-le. Juste, prenez-le. Et tout, dans mon langage corporel, ne dégage qu'une seule chose en cet instant : l'envie de fuir. Les mots trouvent alors leur chemin, faibles et bizarrement ordonnés.

_ ...Vot' chat est tombé... »

Les bras tremblants, on devine qu'ils ne pourront plus tenir très longtemps. La volonté s'effrite, arrive au bout de cette névrose qu'elle s'était fixée. Le vide, déjà, s'insinue dans les pensées, la conscience, le corps. Un frisson me parcourt l'échine, celui d'une âme qui ne peut plus se retenir de mugir à la face du monde. »




Adopte ces beaux scénarios !
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Mer 14 Oct - 1:34 (#)

Les échos de la ville se sont tus, maintenant que le ciel pleure sur elle, les bruits lointains couverts par l’averse, elle n’a plus que cette sonnerie monotone à écouter, Lynn. Elle les compte, les bips agaçants, sait parfaitement quand ils se tairont, que sa voix s’élèvera, à Jeremiah, pour énoncer une fois de trop son répondeur. Le visage enfoui dans ses mains, elle peste doucement, se concentre sur les pas réguliers de Tobias qui tourne en rond en regardant l’extérieur dans l’espoir d’y voir apparaître un chat gris. Mais pas de frimousse trempée pour venir miauler derrière la baie vitrée, il n’y a que ce silence qui n’en est pas un. Cette absence de réponse terrifiante. Et les minutes se tordent et se rallongent, les clés de la voiture empruntée à son cadet posée devant elle, elle hésite, regarde le jeune métamorphe qui n’a plus de calme que l’apparence. Quelque chose dans ses yeux danse, une lueur sauvage, un instinct qui lui hurle de sortir chercher son frère. Mais que fera-t-elle, si elle le trouve dans une mauvaise posture? Et la réponse ne vient pas, la paralyse. Les mains tremblent et elle ferme les poings, tente de contrôler les signes de sa nervosité.

Puis, il y a ce grondement qui n’est pas celui du tonnerre, qui n’a rien de naturel et n’annonce rien de bon. Elle ne reconnaît pas le moteur du véhicule qui approche, Lynn, ne se doute pas que dans le tas de ferraille volé, Jeremiah approche, rafistolé par un ivrogne, sauvé par un tueur.

C’est finalement le crissement des pneus sur le gravier de leur allée, qui la sort de sa torpeur et lui fait tourner la tête. Un sursaut, quand la tôle se plie, qu’un calme forcé revient. Interdits, les O’Connell se regardent, une expression stupéfaite sur le visage. Elle s’est levée, plus portée par un réflexe musculaire qu’autre chose. Elle écoute, Lynn, les pas sur le porche, les tambourinements sourds sur la porte qui font écho à son coeur qui bat trop vite et trop fort. Ils ne sont que des ombres, des silhouettes mouvantes dans la maison silencieuse, alors qu’ils s’en vont découvrir le macabre spectacle sur le pas de leur porte.
Et l’odeur du sang leur saute au visage, quand elle ouvre la porte, découvre l’affolé qui porte un petit paquet ensanglanté.
Elle analyse, l’aînée, saisie par l’appréhension qui précède les catastrophes, l’air perdu de celui qui lui tend ce qu’elle devine être son frère alors que le plus jeune s’avance hors du refuge qu’est leur maison, comme pour couper cette retraite qu’ils devinent. Et les quelques mots prononcés font l’effet d’un coup de poing, lui coupent le souffle. Elle tend les mains, sans s’en rendre compte, débarrasse l’air hébété l’inconnu du colis sanguinolent, une masse de chairs et de poils abîmés qu’elle reconnaît trop aisément alors que les larmes gagnent du terrain. “Qu’est ce que… Qu’est ce qu’il s’est passé?” Le ton est presque impérieux, elle veut des réponses. Une chute. Le mensonge est trop évident, la détresse aussi, et elle se propage, alors qu’elle ramène avec douceur Jeremiah contre elle, la gorge serrée. S'assure en priant silencieusement que le coeur félin bat encore.
“Vous allez bien? Il faut s’occuper de votre épaule Monsieur… vous connaissez l’homme qui vit ici?” Méfiant, les muscles tendus par cette situation improbable, Tobias observe celui qui, tout comme eux, n'est pas humain, tiraillé entre l’envie d’assommer l’inconnu et celle de l’aider. C’est un menteur après tout, il ne peut pas s’être pointé ici pour sauver un foutu chat, pas dans cet état, pas quand il expire la perte de contrôle qui n’est due qu’à des instincts que les humains ne peuvent pas comprendre. Une bête prise au piège, une bête qui ignore que ses meilleurs alliés l’entourent.

Un coup d’oeil sur le parterre de fleurs détruit, sur ce pick up à la couleur délavée et sale encastré dans la Mustang qui n’aurait pas dû être laissée là. Il faut qu’ils se débarrassent de cette preuve trop évidente d’un quelque chose d’inhabituel chez eux, pensée furtive qui s’en va quand Tobias scrute le tas informe des couvertures souillées. “Entrez, vous pouvez pas rester dehors surtout cette nuit, vous avez rien à craindre de nous je vous le jure, on va s’occuper de tout.” Agitation palpable alors qu’il fouille ses souvenirs en quête de la moindre information, du moindre indice sur l’identité de cet homme. Il n’y a rien qui lui vienne, juste la frustration de celui qui n’avance pas. “Maintenant Lynn, respire, comment il va?” Un regard entendu alors que la main de la jeune femme se perd avec tendresse dans les poils poisseux.

“Il est vivant… je vais aller le mettre au chaud.” Les mots suivant se meurent sans franchir ses lèvres, incapable de plus, à un cheveu de laisser hurler la rage qui bouillonne devant le silence de l’autre. Elle a tourné le dos au perdu, s’enfonce dans les entrailles de la maison luxueuse, elle sait, ce qu’ils doivent faire. Et cela inclut de ne pas laisser repartir cet homme qui ne saura pas quoi faire. Ils ne peuvent pas laisser un animal affolé aller s’égarer dans la jungle de béton. À contre-coeur elle pose le précieux petit être, lui fait une dernière caresse avant de se diriger vers la salle de bain où l’attend la seringue pleine d’un cocktail de sédatifs puissants prévue pour ce genre de cas d’urgence. L’hésitation n’est pas permise, le sauveur de son frère, un de leur semblable n’irait pas mourir dans Shreveport comme un animal abandonné sur le bord d’une route. Tobias non plus ne le permettrait pas, à deux ils avaient toutes les chances de maîtriser le blessé. C’est donc seule qu’elle revient, une résolution ferme dans le regard. Et dans les yeux du puma sous forme humaine dansent les paillettes d’une sauvagerie qui ne demande qu’à s’exprimer, le gris inhumain du fauve prend le pas sur le marron, il le sait, qu’il n’a pas le droit à l’erreur. Lui aussi, il doit être sauvé. Et c’est peut-être ce qui déclenche l’acte final, cette apparition soudaine de sa vraie nature. Face à face avec celui qui a entamé une tentative de fuite, tournant les talons pour se retrouver face à lui, dos à celle qui pourtant est le vrai danger ici, celle dont les yeux ne trahissent rien sur la panthère qui s’est trop longtemps cachée. “Ça va aller mec. Je suis vraiment désolé mais on peut pas te laisser partir, je te promet que ça ira.” Les mains levées dans une tentative de désamorcer la bombe, il le sait, qu’il deviendra violent d’une seconde à l’autre, qu’ils n’auront pas le choix entre manière douce et manière forte. Abruti par la peur et la lutte contre ses pulsions sauvages, il fonce, le métamorphe blessé, s’engage dans un combat qu’il ne peut gagner, pas cette fois. Et alors qu’il se heurte à la barrière que représente le benjamin O’Connell, la seringue se plante avec facilité dans son cou, le piston s’enfonce, marquant définitivement la défaite du fuyard alors que la substance s’introduit dans ses veines. “Bonne nuit, tu peux te reposer maintenant. T’as réussi, tu vous as sauvé, mon frère et toi.” Les derniers mots qu’entend l’inconnu ne sont probablement qu’un maigre réconfort alors que les effets ne tarderont pas, que Tobias, les bras serrés comme un étau autour du sauveur de Jeremiah, sent après quelques minutes les muscles se détendre et voit le corps commencer à s’avachir. Il l’empêche de tomber, l’homme à la carrure fine, le soulève sans trop de mal avant de l’emmener à l’intérieur à son tour pour le déposer dans la pièce d’isolement dans leur sous sol. Sûrement qu’il perdra le contrôle en se réveillant, mais pour l’heure, ils ont d’autres choses à régler, une voiture à faire disparaître, des soins à prodiguer.
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MJ ۰ Trop de DC, pas assez de décès.
Rhys Archos
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L'IVRESSE SOLAIRE DU CRÉPUSCULE

Requiem pour un chat [Jer] S83t

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Sam 17 Oct - 19:45 (#)


La pluie s'écoule sans discontinuer sur la peau, frappe le crâne et heurte le visage comme une incessante provocation, un infatigable désagrément qui conduirait lentement vers la folie. L'étreinte glacée de l'orage crispe les muscles tandis qu'au loin, vague et informe, gronde le tonnerre. À l'intérieur palpite en réponse, tonitruant, l'écho de battements prêts à exploser. Les yeux fixés sur la silhouette maintenant indissociable des couvertures, il y a comme un moment interminable où le temps suspend son vol. L'image s'incruste sur mes rétines avec autant de force qu'une révélation hallucinée, qu'une vérité tracée au couteau dans la chair et qui se rappelle à l'esprit par l'éclat d'une blessure dans laquelle on retourne la lame. Je suis absent, l'esprit ailleurs, c'est à peine si mes yeux suivent le mouvement de cet autre qui sort pour inspecter le chaos qui vient de débarquer dans leur jardin. Je reste les deux yeux rivés sur ce geste qu'elle a à l'attention du chat, si simple mais qui déchire ma réalité. Un souvenir à l'allure lointaine trouble la couleur des choses, arrange ce qui est en ce qui n'est pas et, un instant, je suis happé par l'impression fugace d'autres mots, d'un timbre différent de voix. Ailleurs et autrement cette fourrure grise pourrait être celle de n'importe qui mais la scène, justement, ne fait que me renvoyer violemment l'absence d'un quelque chose qui n'existe plus depuis trop longtemps.

N'importe qui, mais pas eux.

La pluie lave mes yeux. Je déglutis, mais il ne suffit pas de nier la réalité pour la transformer et, l'instant d'après, mes yeux vont et viennent, méfiants, entre les deux silhouettes humaines. Entre lui et elle, à mi chemin entre la tétanisation et le réflexe de recul agressif. Le bruit du moteur qui continue de tourner, le grincement plastique des essuies-glaces sur une vitre détrempée, l'impact puissant des gouttes sur la carrosserie, l'odeur de la terre fraîchement retournée... Il y a quelque chose, là dans l'atmosphère, qui sent la tension et l'instinct, l'odeur d'ozone d'un arc électrique prêt à claquer. Les mots de l'inconnu entrent dans mon esprit et se noient dans le glacé béant qui y tempête. Mon regard glisse, quitte les ténèbres à l'entrée de la maison pour se poser sur lui, remonte un instant sur son visage. Tout autour, les détails n'existent plus, tout n'est réduit qu'à un ensemble de formes, de mouvement, d'impressions fugaces et d'élans contradictoires. Fuir. La part arrachée à l'intérieur entend soudain ce qu'il dit, supplie presque en silence qu'on la laisse entrer, n'a de cesse que de croire ce que l'autre part analyse comme un mensonge, une terrible et destructrice illusion où la fureur animale sait reconnaître la colère qui bout en face. Fuir. Il y a les mots et il y a la posture.

La tension dans mes membres se déplace subtilement, je le dévisage sans le voir. On pourrait croire que je suis immobile mais, en réalité, le mouvement qui m'anime est si lent qu'on ne le perçoit presque pas, à l'image de ces félins bloqués face à une autre bête qu'ils estiment dangereuse. Il n'y a plus rien d'humain dans ce que je suis, si ce n'est la forme idiote et grotesque de cette enveloppe simiesque. Le regard, déjà, a changé, n'est plus tout à fait de la même couleur et, au bout de la pulpe des doigts, pressent des os qui n'attendent que de déchirer la viande fragile. À l’œil averti de ceux comme nous il est évident qu'il n'y a qu'une bête ramassée sur elle-même, prête à recevoir le déclencheur qui la fera exploser. Pourtant, un quelque chose en elle semble hésiter, sa volonté brisée presque trop faible pour nier la tentation à se laisser aller dans les ténèbres d'un repos sans raison ni conscience. Mais la peur farouche de la bête ne la pousse qu'à hérisser le poil et à gronder quand l'inconnue revient soudainement.

Pris entre deux feux, dans un étau où, déjà, les muscles parcourus de tremblements anticipent la violence de l'impact à venir, de la chair qui se déchire, du combat pour la survie. Les dernières paroles de l'inconnu embrasent le fiel qui court dans les veines du métamorphe, qui comprend malgré son état qu'il se voit opposer un refus. Pire, une tentative de l'asservir.

L'appui est glissant, le corps faible et l'esprit parcouru de vertiges. Même l'adrénaline ne suffit plus à faire suffisamment bien fonctionner le corps et la mâchoire reste indécrottablement scellée sur un silence buté.

Fais le ou meurs.

Dans une tentative désespérée, la bête s'élance, anime ce corps étranger qui tente d'esquiver l'inconnu. L'impact ne ménage personne et fait trembler la carcasse comme si elle venait de percuter un mur. Mais elle n'est pas assez forte, pas assez  rapide ni agile. Elle a beau se débattre, la réalité la blesse aussi facilement qu'une voiture lui rentrerait dedans : elle se fait contraindre par des ennemis qui ont l'allure d'humains. Cette idée la révolte, déverse en elle un flot de colère qui n'arrive même pas à enflammer ses sens tant elle s'est déjà consumée. Elle crache. Dans son épaule, les bris de verre incisent un peu plus sa chair mais, pourtant, elle refuse encore et toujours, le corps tendu à se rompre, avant de sentir la pointe de métal brûlant dans son cou, de ne pas comprendre et de se débattre de plus belle. Une embardée, l'aiguille casse et son extrémité reste plantée dans la chair. Mais il est trop tard et le poison est déjà dans ses veines, répandu à toute allure par un palpitant qui roule à cent à l'heure.

La peur inonde sa conscience, finit de ravager les lambeaux de raison qui tenaient encore debout et il mord dans l'épaule de l'inconnu. De toutes ses forces, à la manière de ces chasses qui achèvent d'un coup de crocs dans la nuque. Mais ça ne marche pas et le jaguar a beau tenter de s'extraire hors de ce corps, ce dernier ne mute pas assez vite. La faiblesse, le sédatif et la souillure de l'humanité qui irradie sa main et son avant-bras droit de douleur l'empêchent de quitter cette carcasse. Les crocs percent, les yeux changent, la musculature frémit et des pointes d'os à peine formées et sorties tentent de déchirer la chair de l'ennemi, mais ça ne suffit pas. Rapidement, le souffle de moins en moins saccadé, une chape s'abat sur sa conscience et son corps, anesthésie la douleur et la force, annihile la volonté. Même son rythme cardiaque semble ralentir, à contre-courant de toute logique. Bientôt, il ne reste plus que les ténèbres.

Ça, et une terreur farouche.

___

Une conscience en veille, à l'image d'une énigmatique mer d'huile confondue avec l'obscurité qui l'accueille, parcourue des fragments épars de rêves sans âme.
Et observer, hors de soi-même, ces choses qui n'ont ni queue ni tête d'une constatation distante et froide.
Des débris, morceaux de viande sans chaleur flottant çà et là.
Des cadavres. Ou ce qu'il en reste.


___

Le silence pesant emplissait tout l'espace en une chape de plomb impossible à percer. Partout, les choses semblaient être dénuées de formes, invisibles et distantes, derrière un voile séparant l'éveil et la conscience qui s'amenuisait lentement mais sûrement. L'amas léthargique de l'esprit semblait dénué de toute force l'animant et ni pensées ni mots n'étaient là pour lui donner même la plus élémentaire des consistances. Il n'y avait que ces lointaines sensations, perçant l'inconscience avec la lenteur caractéristique d'une aube qui se lève. Là, sous l'horizon, quelques stimuli ridaient à nouveau la surface calme d'eaux muettes. La chaleur, tout d'abord, aura irradiant dans et sur le corps avec une bienveillance protectrice, couplée avec le rythme tranquille d'une respiration profonde et régulière. Depuis combien de temps cela durait-il ? Impossible de le dire mais ce bruit de fond semblait emplir l'existence depuis toujours, sans jamais n'avoir eu besoin de commencer. Il y avait, vaguement, quelques bruits épars qui parfois résonnaient, échos d'un monde extérieur et lointain. Mais cette félicité ne pouvait durer éternellement, et il était refusé à l'âme de quitter définitivement son propre corps.

J'ouvre les yeux avec la lenteur d'un mort, oscillant longtemps dans un état transitoire indéfini. La machine se remet en branle, difficilement, et pendant plusieurs minutes je ne comprends pas trop ce que je vois. Incapable de replacer un contexte, même comprendre que je ne sais pas où je suis me demande un effort. Alors, je m'interroge : quel est cet endroit ? Un lit, des murs, un frigo... Les membres sont lourds, le corps pétrifié par la fatigue d'un sommeil qui a duré beaucoup trop longtemps. Un vide étrange est comme en sourdine à l'intérieur, un quelque chose qui prend beaucoup trop de place, qui fatigue mentalement. La chaleur des draps est bienvenue, comme un baume apaisant, et je m'abandonne à cette étreinte pour refermer les yeux.

Quelques heures plus tard, je reviens de nouveau à moi-même, l'esprit vaguement plus vif, les yeux qui se posent ici et là, bougeant péniblement les membres pour tenter d'en faire partir la sensation d'engourdissement. Je relève légèrement la tête, quelque chose cloche. Dans un effort pénible je me redresse un peu, soulève la couverture pour apercevoir les bandages autour de mon épaule et du muscle pectoral. Soudain, une brusque montée d'angoisse envoie de l'adrénaline dans mon corps, électrise le cerveau et je me redresse brusquement, la tête violemment prise dans un vertige. Je papillonne quelques secondes, me souviens de... De quoi ? Une succession d'instants me reviennent en mémoire, des sensations terribles qui semblent revivre une seconde dans mon corps. Les bris de verre, le bruit ignoble de la chair qui s'écrase, l'asphyxie généralisée. Un terrible mélange surgit, entre impuissance et peur, abattement désespéré et angoisse indéfinie. J'ai l'impression d'être spectateur de ma propre vie, de formuler ces pensées terribles comme si elles ne pouvaient pas être réelles. Cette pièce semble si éloignée du monde qui attend dehors, des promesses de mort et d'enfermement.

Un brusque tremblement agite mes mains quand je découvre alors, dans un coin de la pièce vers lequel je n'avais pas encore tourné la tête, la cage et les chaînes qui pendent depuis le mur. Une vision d'horreur et qu'instinctivement j'interprète. Les pensées dévalent les flancs d'un ravin mental avec une force difficile à stopper. J'inspire, j'expire, je me fais violence. Encore. Encore. Je suis dans une cave, une putain de cave. J'essaie de m'extirper des couvertures, pour ne réussir qu'à prendre la mesure de ma propre faiblesse physique. Je me couche un instant sur le côté, essayant de respirer sans m'étouffer moi-même. J'entends chaque seconde qui passe comme une terrible tentation de repos, de se laisser aller encore, mais aussi comme chaque seconde perdue. Rouvrant les yeux, je vois alors un repas posé là à coté du lit, avec une bouteille d'eau. Je le fixe plusieurs instants. Lève-toi. La tâche à accomplir paraît si lourde. Si lointaine. Impossible de savoir où aller, impossible de mettre des morceaux bout à bout tant que je ne sais pas où je suis. Lève-toi. Je suis dans une cave. Une putain de cave avec une putain de cage, probablement séquestré par... Par quoi ?

J'essaie de me souvenir, l'effort est pénible et tout en moi hurle de ne pas le faire. La pluie, l'odeur du sang, ces deux silhouettes terribles dans l'obscurité. Je n'arrive même pas à me souvenir de leurs visages. Je n'arrive même plus à savoir ce que je fais ici. Lève-toi. Le chat ? Est-ce que c'est bien ça ? J'ai amené le chat ? Rien ne semble avoir de cohérence, de sens. Tout ne semble être qu'une étrange folie, un cauchemar dans lequel on s'éveille. Une bouffée de chaleur m'attaque la gorge, je rassemble mes forces et émets un grognement impuissant en même temps que je me dégage des draps pour enfin poser le pied par terre. Uniquement vêtu de mon caleçon et d'un jogging.

Assis sur le bord du lit, je me prends la tête entre les mains quelques instants, pour tenter de me réveiller, pour tenter de rassembler mes forces dans un corps à peine remis. Durant une seconde je ferme les yeux et me concentre, ne faisant plus qu'un avec mon essence et, sans même tenter de pousser mon corps à bout pour pas grand chose, je sens le frémissement de l'interdit qui me remonte jusque dans l'échine. Une boule se forme dans ma gorge, un éclair de chagrin s'écrase sur ma face et je lutte pour ne pas m'effondrer en larmes comme un enfant.

Il fait jour.

Perdu dans l'hésitation la plus totale, je ne sais que faire, l'esprit trop embrouillé pour réfléchir. De vagues idées décousues s'invitent et disparaissent. Faire semblant de dormir et attendre la nuit ? j'observe mon entourage. Rien, pas une seule fenêtre. Mes yeux se reposent alors sur la fourchette et le couteau à côté du repas. L'odeur se manifeste soudainement maintenant que j'y prête attention. Mon ventre hurle famine mais quelque chose de buté en moi refuse toute coopération. Un instinct de défiance mélangé à un début de panique. J'inspire, me concentre pour me relever, tangue à demi mais me rattrape au montant du lit. Quelques secondes passent, le sang battant à mes tempes avec la force d'un coup de marteau pendant que j'attends que la menace d'un vertige ne se dissipe. Frottant ma main contre mon cou, une réminiscence sensorielle me revient vaguement, perdue dans un brouillard lointain. Est-ce que... Quelque chose cloche, mais je ne sais plus quoi. J'ai l'impression... De violence, de... Un nouveau frisson parcourt mon corps alors qu'un quelque chose semble me menacer, inconsciemment. Tout est tellement flou, comme passé à travers un voile opaque. J'ai tué des gens. J'ai tué des gens j'en suis sûr.

J'ai tué des gens. Je me rassois, submergé par la terrible vérité. La certitude s'imprime au fer rouge dans ma chair alors que s'écoule toute idée cohérente tentant d'appréhender les implications d'un tel acte. Je dois partir, loin. Quitter cet endroit, la ville, partir quelque part où personne ne me trouvera. Encore une fois, des larmes de désolation manquent de me faire craquer mais je sers la mâchoire jusqu'à en avoir mal. Mon cœur a du mal, la vision se trouble un instant. Traversant les quelques minutes prochaines presque comme un fantôme dans un rêve, j'arrive lentement mais sûrement à diminuer le rythme de ma respiration, le visage abattu.

Une chose à la fois.

Reprenant mes esprits, j'inspecte un peu plus la cave. Un frigo, des boîtes de conserve, des toilettes. Un lit. Une cage. Je déglutis, la perspective d'avoir terminé entre les mains d'un détraqué psychopathe hurlant à l'intérieur de mon crâne comme une sirène incessante. Mes narines frémissent, mes sens humains ont beau être faibles, je devine des relents d'un quelque chose de... Particulier. Menaçant, étrange. Rival imprime en premier mon esprit, suivi du souvenir précis de cette nuit de noël où j'ai rugit à la face du puma. Plusieurs odeurs mélangées, un quelque chose de dérangeant mais difficilement définissable. Ça fait trop longtemps, ou alors ç'a été aéré.

Le sang pulsant toujours à un rythme rapide, mes yeux se posent encore sur le petit repas. Je me penche, saisis d'une main au tremblement faible mais perceptible le couteau et la fourchette. Je vais sortir d'ici. La certitude s'imprime en moi aussi fortement qu'une révélation sacrée. Pas de négociation, pas de compromis. Si quelqu'un tente de m'enfermer dans cette cage, je le tue. L'idée sonne comme quelque chose de terrible, avec la violence d'un dégoût prêt à me faire rendre de la bile. Une image de sang et de fluides remonte derrière mes rétines. Je retiens un malaise, soudain sapé par cette perspective. Tout bas, je lâche un juron de désespoir. Je ne veux pas me battre, je ne veux pas être enfermé. Je ne veux pas être dans la lumière.

Je me lève alors, rassemblant les lambeaux de détermination et les maigres forces dont je dispose. Au bout du lit, sur un petit meuble, je perçois alors ce qui est un vêtement plié et un papier dessus. Je fais quelque pas pour m'en saisir, déchiffre les quelques caractères. « Tu n'es pas prisonnier, tout va bien ». Une quantité de sentiments contradictoires inonde l'intérieur de ma poitrine, ne sachant que faire de cette affirmation, alors que mon cœur bat toujours aussi vite, la perspective d'être libre étant incroyablement électrisante. Non, rien ne va, mais je suis soudain obsédé par l'idée de sortir. Faire confiance ? À qui ? Je reste interdit plus d'une minute durant, le papier toujours en main, affrontant un orage de contradiction à l'intérieur de moi-même. Est-ce que j'ai le choix ? Est-ce que c'est de la fierté ? Est-ce que c'est un mensonge ?

Lâchant le mot, j'enfile alors ce qui s'avère être un T-shirt Team Rocket noir un peu trop grand, les gestes toujours un peu maladroits mais motivé par la perspective de sortir d'ici libre et en vie. Calant le couteau dans le dos grâce au jogging, caché par le T-shirt, je garde la fourchette dans la main droite, la tête entre les doigts et le manche plaqué contre le poignet, de sorte à tenter de la cacher un maximum pour quelqu'un qui me ferait face. Je me dirige alors vers les escaliers, menant à une porte probablement du rez-de-chaussée. Inspirant un grand coup pour raffermir l'ombre d'une volonté défaillante, je commence à grimper les marches une à une, lentement, avec énormément de précautions pour tenter de ne pas faire grincer les lattes de bois. J'essaie de contrôler ma respiration, ce n'est pas gagné, mais je veux savoir. Je veux savoir si c'est vrai, si je suis libre. Arrivant en haut, je pose ma main sur la poignée, le front contre le battant. s'il vous plaît. Toujours avec une lenteur infinie, je commence à abaisser celle-ci avec une lenteur exagérée, ignorant tout du monde qui se trouve derrière. L'adrénaline se diffuse lentement dans mes veines, accompagnée par une bouffée de chaleur légère mais permanente.

Et si c'est la merde, de l'autre côté ? Si je me fais bêtement piéger ?

Un instant, je n'ose pousser ou tirer la porte. L'utopie de retrouver le métamorphe que j'ai sauvé dans cette maison est une promesse à double tranchant : si je me trompe, c'est une catastrophe. Je dois tout nier. Tout.

Poussant alors la porte, mon cœur fait un bond quand je devine qu'elle n'est pas verrouillée, seulement attachée par une chaîne de métal depuis l'extérieur. Passant mes doigts dans l'entrebâillement, je décroche alors celle-ci à tâtons, ne voyant même pas ce que je fais. S'il y a quelqu'un de l'autre côté à cet instant, je suis assurément grillé.

J'hésite une seconde, empreint d'une terrible réalité. Je ne suis pas en état de me battre. Aucune solution n'est la bonne et, pourtant, je dois agir. Profitant un dernier instant de l'appui de la porte pour empêcher un vertige d'arriver, j'ouvre alors celle-ci avec prudence, lentement, avant de passer la tête de l'autre côté.




Adopte ces beaux scénarios !
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Anonymous
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Mar 2 Mar - 3:17 (#)

Le rythme cardiaque sonne faux, trop agité, la pupille se balade d’un véhicule à l’autre, du parterre éparpillé un peu partout aux traces de dérapage dans le gravier. L’obscurité couvre les lieux, le ciel déverse son eau dans un fracas sourd à ses oreilles, deux tempo, l’un frénétique mais naturel, l’autre assourdissant et anormal, celui d’un cœur qui s’agite, se débat et exprime toute son angoisse, incohérent. La scène est comme coupée de la réalité, comme si on avait collé devant ses yeux une photo d’un jardin qui n’est pas le leur, dans lequel il y a une voiture qui ne leur appartient pas, volée à n’en pas douter. Elle doit régler ça, prendre les choses en main puisque son père n’est pas là. Il saurait quoi faire, lui, Jeremiah aussi, le saurait sûrement. Un hoquet, elle inspire, profondément, tente d’éloigner les fantômes qui dansent, là, au creux de ses pensées. Ce soir elle aurait pu perdre un autre de ses frères, dans cette ville qui les a vu grandir tous les trois, ensemble. Une main se pose sur son épaule et elle sursaute, la métamorphe à fleur de peau, se tourne pour découvrir la face inquiète de son benjamin. Ils savent tout deux ce qu’ils doivent faire, soudainement, comme si cet échange silencieux leur avait rendu un peu du courage dont ils manquaient pour affronter cette nuit d’horreur. Les pas sont guidés par un automatisme presque mécanique, dans ces lieux qu’ils connaissent, fébriles, leur nature qui tambourine sous leur peaux dénuées de fourrure.

La chambre, la couverture, le chat grossièrement enveloppé dont la poitrine se soulève avec une difficulté évidente.

Il ne peut pas mourir, il n’a pas le droit, pas comme ça, pas maintenant. Ils contemplent le désolant spectacle en silence, les deux fauves à figure humaine. Leurs pensées se rejoignent dans une tentative de réconfort muet quand leurs mains se joignent, se serrent l’une autour de l’autre. C’est Lynn, qui finalement s’approche, effleure la tête maculée d’éclaboussures sombres. -Si tu m’entends, comprends bien que t’as pas intérêt à nous laisser comme ça. On va régler tout ça.

Elle passe vite, trop vite, cette nuit qui a commencé trop lentement, dans la précipitation de ceux qui ont beaucoup à faire en si peu de temps. Il faut faire disparaître les preuves de leur implication dans une histoire trop compliquée pour qu’ils la comprennent, soigner l’inconnu qui a déboulé avec perte et fracas devant chez eux. Alors, ils laissent le matou endormi seul, aux mains de sa nature surnaturelle. Il faut garder la tête froide, dans le chaos ambiant. Dans le secret des murs de la maison O’Connell, ils se mettent en mouvement, l’une descend rejoindre le captif, prisonnier ici pour le préserver de lui-même, qui cédait à ses instinct déraisonnables dans cet environnement hostile, l’autre sort, subit les assauts des gouttes qui s’écrasent contre sa peau trop chaude. Fiévreux. Il a envie de fuir, lui aussi, de se glisser dans une forme qui n’est pas si limitée, faible. Il ne le pourra pas, cette nuit, la forêt l’appelle et il ne peut que l’ignorer, se détourner d’elle au profit d’un pick-up crasseux qu’il doit détruire, abandonner loin d’ici. Les plaques d’immatriculations enlevées, il les jette sur le siège passager, à l’endroit précis où le corps inerte de Jeremiah avait été déposé, le change-forme le devine à la tâche de sang qui sèche sur le tissu déjà sale avant ça.

Les responsables seraient retrouvés, un jour ou l’autre. Mais pour l’heure, il devait couvrir leurs traces.

* * *

Le soleil se lève presque, le son d’un robinet allumé perturbe le calme de la maison. L’eau s’écoule, souillée par le sang qu’elle s’efforce de chasser de sa peau, avec son odeur persistante. Celui du métamorphe drogué dont elle a retiré de trop nombreux morceaux de verre, celui de son frère qu’elle a nettoyé avec patience et douceur à l’aide d’un gant de toilette. Des litres de sang ont coulé, cette nuit, à Shreveport, celui des siens compris. Elle souffle doucement tout l’air contenu dans ses poumons, ses lèvres tremblent et elle retient les larmes qui menacent de couler, la pression retombe et elle ne voudrait que se blottir dans l’étreinte réconfortante des bras de son cadet, mais il dort après une lutte qu’elle ne sait pas. Ils vivront, Jeremiah, l’homme qu’elle a rafistolé avec ses maigres compétences, aujourd’hui, tout le monde s’en sortirait. La blonde s’appuie contre le lavabo dans lequel persistent quelques traces qu’elle nettoie frénétiquement, désireuse de ne plus rien voir de ce presque drame.

Le balai à la main, Tobias replace le gravier, soucieux du détail, espérant que leurs voisins n’aient rien vu du manège nocturne. Paranoïaque, il regarde de temps en temps le haut des maisons, qu’il aperçoit seulement derrière les clôtures qui entourent leur foyer. Bien vite, il n’y a plus pour seule preuve que ce qui a un jour été du gazon et des fleurs, maintenant écrabouillé, réduit à un tas informe de terre et de plantes arrachées, ramassées et entassées sur leur emplacement d’origine à la va vite. La tâche accomplie, il regarde les premières lueurs du jours et le portail métallique qu’il a refermé en rentrant de son escapade nocturne, rentre dans la maison par le garage où sommeillent le tout-terrain et la mustang à l’avant détruit. Il appuie sur le bouton qui active la fermeture de l’endroit l’air soulagé.
C’est le bruit mécanique de la large porte, qui attire Lynn et un chat roux qui vient faire le dos rond contre ses jambes. Ils n’ont plus qu’à attendre le réveil de l’un où l’autre.

* * *

Elle s’est assoupie, l’inquiète grande sœur, le chat blessé posé près d’elle, elle a clôt ses yeux pour ce qui devait être un instant, mais la fatigue l’a rattrapé. Tobias la laisse dormir, près d’elle sur le canapé, il garde son attention sur le sous-sol d’où ne vient aucun bruit. Il y a cette atmosphère pesante, quand un détail attire son attention, un mouvement perçu du coin de l'œil. Une patte grise tressaille, une fois, deux fois, il se permet un regard sur l’horloge au mur, la matinée a bien avancé, le soleil approche de son zénith et ils sont là, les rideaux fermés pour séparer la maison du reste du monde, à attendre que la vie reprenne son cours. La main se tend vers le félin, quelques doigts se perdent dans le pelage monotone de l’animal, loin des plaies et des points de suture. Deux billes vertes le fixent, un ronronnement si ténu qu’il manque de ne pas l’entendre s’élève. -Tu nous a fait une peur bleue Jer’. Il se voudrait accusateur, le regard qu’il lui lance, mais seul le soulagement s’y lit. Il cligne doucement des yeux, le gris, tente un miaulement qui ne sort pas et lui provoque un tiraillement douloureux où les fils maintiennent ses plaies fermées. -Reste tranquille, faut que tu guérisse alors fais rien de stupide.

Les minutes reprennent leur course sans qu’il quitte des yeux l’animal, il se demande s’il pourrait reprendre forme humaine, en doute sérieusement avant de se lever, de préparer une simple assiette d’oeufs brouillés avec quelques tranches de bacon qu’il amène près de leur invité. Couverts et assiette laissés là, il observe l’intrus un instant, se demande une fois de plus ce qu’il s’est passé la veille. Il a l’air apaisé, le métamorphe aux yeux clos, plongé dans un sommeil artificiel, maintenu par les drogues qu’ils lui ont injectées. Il repense à la morsure infligée, à la panique dans les yeux de son adversaire, le désespoir de la bête qui se savait vaincue. Un frisson parcourt sa nuque et il tourne les talons, peu fier du traitement qu’ils lui ont fait subir. C’est ce qui lui fait griffonner les quelques mots qu’il abandonne près du repas offert. Tu n’es pas prisonnier. La chaînette remise, il retourne auprès des siens.

Il ne faut qu’une trentaine de minutes supplémentaire, pour qu’un cliquetis métallique ne l’alerte, il touche la jambe de Lynn qui ouvre un œil en marmonnant des choses qu’il ne comprend pas. S’approchant de la porte entrouverte de cette démarche silencieuse de fauve en chasse, il voit la main du sauveur de Jeremiah disparaître et soupire doucement de soulagement. Il a le contrôle sur ses instincts pour le moment, ils n’auront pas de bête sauvage dans leur cave, aujourd’hui. Précautionneux, il lève les mains bien en évidence, quand il voit une tête passer l’encadrement. -Pas de panique, je n’ai pas d’arme et aucune intention de te faire quoi que ce soit. Tu peux sortir. Il l’entend avant de la voir, Lynn qui approche dans son dos, sa voix n’a plus ce ton agressif, qu’il avait la veille, la panthère est calme, maintenant que Jeremiah est hors de danger. -On est désolé, mais on pouvait pas te laisser filer dans ton état, hier. Tu te serais fait tuer, ou pire. Elle ne pense pas avoir besoin de se justifier, prend le temps de le laisser digérer ce qu’ils lui racontent et se poste près de son frère adoptif. -Merci, de l’avoir sauvé, j’ai vu les points alors… merci pour tout. Un pas, dans sa direction, lent pour ne pas l’effrayer davantage. -Il s’est réveillé, si tu veux le voir, il n’est pas capable de parler, mais il est conscient. Et si tu es d’accord, j’aimerais comprendre ce qu’il s’est passé, tu en sauras toujours plus que nous. Tu dois avoir faim, soif, alors on pourrait discuter calmement en mangeant, t’en auras besoin pour ton épaule. J’ai fait ce que j’ai pu mais je suis pas médecin.
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MJ ۰ Trop de DC, pas assez de décès.
Rhys Archos
Rhys Archos
MJ ۰ Trop de DC, pas assez de décès.
L'IVRESSE SOLAIRE DU CRÉPUSCULE

Requiem pour un chat [Jer] S83t

« Wild men who caught and
sang the sun in flight,
And learn, too late, they
grieved it on its way,
Do not go gentle
into that good night. »

En un mot : Émeute, Sang et Fiel
Qui es-tu ? : Sans visage, une force animale grouillant sous une peau humaine qui s'étire, trop étriquée, n'attendant que de jaillir à l'intérieur du monde pour le ravager.
Facultés :

Trouble à l'ordre public ;
Outrage à agents ;
Attentat à la pudeur ;
Violation de propriété privée ;
Ivresse sur voie publique ;
Expert du pistolet à clous ;
Vol de voitures ;
Briseur de vitrines ;
Bagarres ;
Vol de poules ;
Thème : /watch?v=L7a8hmoOsx0
SOONER OR LATER
YOUR HUMAN SIDE LOSES.
IT HAS TO

Requiem pour un chat [Jer] Fdel
Requiem pour un chat [Jer] Lol7
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Mar 27 Avr - 3:12 (#)


Il ne faut pas plus d'une seconde pour que mes yeux accrochent ceux d'un visage masculin, mains levées en évidence et qui me fassent me figer dans l'instant même. La scène semble irréaliste, sort presque d'un rêve tandis que mes neurones refusent de fonctionner, bornés qu'ils sont dans cet environnement déroutant, aux odeurs inconnues et aux figures étrangères. L'espace d'un battement de cœur, je ne comprends juste pas et les deux en face de moi auraient tout aussi bien pu être des objets que c'eut été pareil. Il me parle mais je reste suspendu dans cet entre-deux incertain, vague ersatz de fonctionnement où le cerveau semble appréhender ce qu'il perçoit avec un train de retard. Mes yeux vont et viennent entre les deux, détaillent la figure de cette femme blonde qui prend la parole à son tour. Tout semble n'avoir qu'une consistance lointaine et floue, à la façon de ces lendemains de cuite où on ne se souvient pas vraiment de ce qu'il s'est passé tant que quelqu'un d'autre n'évoque pas la chose devant soi. Le cœur bat plus rapidement, les instincts se tortillent au fond d'un gouffre comme engourdis dans un nœud qui n'en finit pas. Un détachement anormal me traverse, se mélange à une méfiance profonde et à une familiarité qui sème la confusion : j'ai déjà vu ces visages.

Plusieurs secondes passent, s'éternisent et laissent le silence s'infiltrer entre nous dans une hésitation qui installe une tension presque palpable. Figé dans le geste d'ouverture de cette porte, je sais pourtant que je ne peux pas reculer. Il n'y a rien d'autre, là, qu'un cul de sac. Mes doigts pressés sur les dents de la fourchette à laquelle je m'accroche fermement malgré moi, je déglutis, jette des coups d’œil rapides ici et là pour tenter de cartographier les lieux, ou du moins le peu que j'en aperçois. L'expression d'un trouble profond se peint sur ma face, une incertitude qui dépasse tout le reste, celle d'une bête dont on tente d'amadouer la confiance pour le meilleur ou pour le pire. La vérité est là et frappe avec violence : je ne sais pas comment réagir. Je ne sais pas quel masque afficher ni quel choix faire. Coincé dans cette expectative, dans l'attente d'une réponse que je pourrais donner, dans la crainte - sûrement - d'un nouveau déferlement de violence. Il n'y a pas besoin de percer grand-chose pour percevoir cette vulnérabilité qui transpire, affichée là dans la lumière avec un quelque chose de presque intime et naïf.

Mon regard se pose un instant sur le pied qui s'est avancé, considère, de loin, la proximité de cette présence. On se demande brièvement si les mots ont eu une signification pour moi, si cette léthargie de l'âme n'est pas une séquelle indélébile qui me traverse comme une cicatrice. Lentement, les choses prennent un sens, bien que des morceaux restent encore hors d'un contexte qui semble vouloir se dérober en partie. Il. Il qui ? L'interrogation reste suspendue dans le silence, une énigme irrésolue qui pourtant me laisse deviner de quoi ou de qui on parle. Je ne sais pas. Je ne sais même pas qui il est, dans le fond. L'écho de la chaleur des draps, du calme tranquille éprouvé dans ce sommeil profond et qui s'est accroché à moi quelques minutes au réveil est une terrible tentation. Celle de lâcher prise, de détendre ces nerfs qu'on a écorchés pour les mettre sous tension permanente depuis les vingt-quatre dernière heures. Mes yeux viennent de nouveau à la rencontre du regard de cette femme, puis glissent sur le visage de l'autre. La logique se fraie difficilement un chemin mais parvient à percer enfin cette torpeur presque surnaturelle. S'ils avaient voulu me défaire, ils ne m'auraient pas laissé le choix. Mes yeux se sont ouverts, mon esprit s'est rebranché. Je suis en vie. Dans un geste cotonneux, mes doigts touchent le T-shirt Team Rocket à l'endroit de la blessure. Soignée. Je perçois la texture du tissu en dessous, enserrant fermement les muscles pour maintenir un bandage propre.

Enfin, après ce qui semble être une éternité, la fourchette glisse de mes doigts pour venir s'écraser contre le sol dans un tintement métallique. J'abandonne celle-ci comme on rend les armes, terrassé par le rouleau compresseur d'une réalité qui m'a dépassé il y a déjà une demie journée entière. Le poids d'un monde semble glisser de mes épaules pour faire tomber une gangue lourde et invisible, vertige fébrile qui rend la moindre des choses banales difficile. Je me rends à l'évidence, je ne suis pas en état de fuir, encore moins de me battre. D'une voix éteinte, un regard presque fuyant, je leur réponds finalement :

_ D'accord... »

Sans être moi-même trop sûr de pourquoi, de comment, avec dans le cœur cet élan presque suppliant qui n'aspire qu'au silence, au vide, à une tranquillité qui ne viendra pas mais que la solitude peut simuler. Il n'y a plus rien, autour, qui paraisse avoir de la consistance pour l'esprit, et tous les détails glissent dans un fondu monochrome et sans relief. Dans ma tête, l'image flou du chat à la fourrure ensanglantée se mélange à ces souvenirs où les ténèbres se mêlent à l'odeur du sang, à la sensation de griffes qui déchirent une peau humaine dans un combat enragé pour la survie. L'odeur du puma se mêle à celle du chat, à cet instant où il a accepté de changer de forme pour survivre. Des moments flous, comme saccadés par un mouvement de caméra trop rapide, où se mélange les évènements de la veille et le souvenir plus précis de ce soir de Noël. Un tremblement presque imperceptible électrise ma main droite, celle qui s'est empoisonnée au métal encore et encore, irradiant d'une douleur sourde et palpitante.

Mon regard remonte sur les deux, tour à tour, avec une lueur différente, un peu plus présente. Ce qui n'est toujours qu'une suspicion possède la saveur de ces espoirs qu'on a trop longtemps espérés pour les assimiler le jour où ils surviennent : nous sommes probablement semblables, mais tant que je ne l'aurais pas vu de mes yeux propres, je ne pourrais pas le croire pour de bon.

_ D'accord. »

Il y a un quelque chose de différent, de plus proche de ce monde. Ou du moins, qui a accepté la situation présente à défaut de pouvoir la contenir. Inspirant l'air ambiant d'une façon un peu plus appuyée, c'est comme si je cherchais à deviner sa piste, à trouver où il était à l'odeur. Sans succès néanmoins, piégé dans ce corps faible et abimé. Un corps qui me laisse chercher mes mots, presque comme si j'avais quitté l'humanité une éternité durant.

_ Où ? »

Un pas, puis un autre, comme pour signifier cette acceptation d'aller dans la direction qu'ils proposent, mais il n'est néanmoins pas besoin d'être un génie pour percevoir cette méfiance qui n'a pas disparu, cet instinct animal et primaire qui intime de ne pas les quitter des yeux néanmoins et qui observe avec une acuité particulière la distance qui me sépare d'eux, répugnant à un contact physique.




Adopte ces beaux scénarios !
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Cannot a Beast be tamed
Archimède O'Connell
Archimède O'Connell
Cannot a Beast be tamed
⩥ BLACKBIRD ⩤

"In order to see birds it is necessary to become a part of the silence."

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En un mot : Animal.
Qui es-tu ? : ⩥ Métamorphe. Il a grandi sur le sol de Shreveport, entouré par sa vaste famille et son clan étendu.
⩥ Force tranquille. Il est toujours prêt à servir d'appui à ses proches, ne se reposant sur eux que très rarement.
⩥ Parfois complexé par sa forme totémique, il s'en accommode de mieux en mieux au fil des ans.
⩥ Passionné. Il aime les choses pleinement, entièrement, d'une manière très honnête. Son travail, son chien, ses bécanes, ses amantes.
⩥ Fumeur. Il tente désespérément d'arrêter depuis des années.
⩥ Casanier. Il aime sa maison, il aime sa ville et il est profondément heureux d'avoir pu, enfin, retrouver la Louisiane après des années d'exil dans le Nord.
⩥ Grand passionné de mécanique, il passe son temps libre à retaper de vieilles motos dans son garage.
⩥ Colérique. Il n'aime pas la colère, se méprise de ne pas être capable de contrôler ses émotions avec plus d’acuité.
⩥ Vétérinaire. Il tient une clinique avec Jonathan, son réceptionniste, qui sert également d'hôpital pour thérianthrope et garou à la nuit tombée.
⩥ Grand Amateur de whisky, il en possède une collection impressionnante.
⩥ Il a récemment adopté un pitbull qu'il a nommé Orion.

"SINGING IN THE DEAD OF NIGHT"

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Facultés : ⩥ Totem, Petit-Duc Maculé.
⩥ Première Chasse Sacrée sur un Carcajou.
⩥ Envisage vaguement une seconde Chasse.
⩥ Maîtrise parfaite de nombreuses techniques de combat au corps à corps.
Thème : Blackbird - Boyce Avenue
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⩥ TAKE THIS BROKEN WINGS ⩤


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"And learn to fly"

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Sam 27 Nov - 1:11 (#)


( REQUIEM POUR UN CHAT )


Le téléphone qui sonne, après des heures sans signal. Les paumes encore ensanglantées qui dégoûtent dans l’évier, le bruit de l’eau qui rebondit contre le métal. La tête basse, les mèches brunes masquant son visage hagard, je suis penché en avant frottant avec désespoir le sang qui refuse de disparaître. Un sursaut, qui fait résonner le choc de ma montre contre le rebord de l’évier quand le vibreur, et la sonnerie, me sortent de la transe dans laquelle j'étais plongé. Je détourne le regard de mes mains, définitivement débarrassées du sang qui les souillaient, que je continue pourtant de voir, là, dans les plis de mes phalanges, sous mes ongles, dans les lignes de ma paume. Sans prendre le temps de les essuyer complètement, je les frotte contre mon jean avant de décrocher. « Arch’ ?! » La voix stridente et débordante d’angoisse de ma cousine fini de me trainer hors des limbes et c’est d’un timbre grave que je réponds. « Lynn, respire. » Je pourrais presque percevoir d’ici l’odeur de sa trouille, la sueur froide s’amassant entre ses omoplates. « J’ai cru que t’étais mort. J’arrivais pas à t’avoir… Jer…» Je secoue la tête en silence, mon regard retombant sur ma paume rougie par l’eau trop chaude. « Qu’est-ce qu’il y a ? » D’une voix si rapide que n’importe qui d’autre qu’un membre de sa famille n’aurait pas eu la moindre idée de ce qu’elle tentait de dire, elle résume la situation. Je me contente de lâcher des petits sons d’assentiment de façon régulière, mais un grognement de dépit m’échappe quand elle termine ses explications. « Vous avez fait quoi ?! » « On n'avait pas d’autre choix, Archie ! » « Putain, Lynn, vous en aviez au moins mille des choix différents, plutôt que d’le foutre à la putain de cave ! » Je fais les cent pas dans mon appartement, la colère bouillonnant sous ma peau, comme à chaque évocation de cette foutue cave, de cette foutue cage dans laquelle ils enferment le petit. « J’arrive, ne fait rien de plus. » La voix de ma cadette se fait plus faible quand elle acquiesce et je soupire. « J’vais m’occuper de ça, ok ? Retourne auprès de Jer, j’arrive dans dix minutes, le temps de monter dans le pick-up. »



Les clefs tintent entre mes doigts quand je les récupère et je claque la porte de l’appartement, dévalant les escaliers avec fracas, me foutant de l’heure tardive. Le monteur vrombit sous moi quand la voiture démarre et le trajet, habituel, laisse les images des heures précédentes se bousculer au premier plan de mon esprit. Les dents serrées, les muscles de la mâchoire au bord de l’explosion, je les renvoie toutes, une par une, à l’arrière de ma psyché. Pas le moment, pas le temps, plus important à faire. Mes sourcils disparaissent presque dans la démarcation de mes cheveux quand j’aperçois enfin le portail ouvert, les bordures détruites et la voiture emboutie. Je saute du pick-up et claque la porte avant d’entrer dans la baraque trop cossus de mon cousin. Je traverse les couloirs jusqu’à la cuisine où il repose sur la table. Lynn, le visage ravagé par l’inquiétude et par la tristesse se rue dans mes bras et j’enveloppe sa minuscule silhouette de mes bras, nichant son visage contre mon torse, inspirant l’odeur familière de ses cheveux. « J’suis là, j’m’en occupe. » Je me détache de ma cousine pour enlacer mon cousin adoptif avant de foncer vers l’héritier du clan. Jeremiah repose sur la table, le petit chat roulé en boule, son corps encore couvert de sang. Après un soupir meurtri, je range mes émotions, enfilant métaphoriquement ma veste de vétérinaire. J’observe, palpe, et grince des dents en voyant le travail d’amateur qui barde le corps de mon cousin. J’effleure les cicatrices, notant la peau trop tirée par les fils, avec une grimace. « Ça va aller. » Je hoche la tête mes doigts s’égarant dans la fourrure désormais rêche du petit félin. « C’est pas joli, ni propre, mais ça tiendra. Tu peux le mettre dans son lit.» J’applique doucement une solution antiseptique sur chacune des plaies avant de les recouvrir d’un pansement. « Il est où ? L’autre, celui qui l’a amené ? »
Dans la cave, c’est un gamin qui m’attend. À peine plus vieux que Tobias, il repose sur une couverture et la plaie qui barre son épaule me tire une grimace. Il a dû morfler. Pauvre gosse. Je m’assure qu’il soit encore bien endormi avant de m’emparer d’une pince à épiler, retirant avec application chacun des bris de verre, suturant la plaie avec soin, y appliquant l’antiseptique ainsi qu’une gaze propre. Une seconde couverture vient recouvrir le corps du jeune homme et je grimpe lourdement à l’étage avant de me laisser tomber dans le salon. Tobias arrive du dehors, un balai à la main et il répond à ma question silencieuse. « Elle s’est endormie, ils sont dans sa chambre. » J’hoche la tête en silence avant de m’effondrer sur le canapé, un main frottant vigoureusement mon visage rendu insensible par la fatigue. Je perçois le regard du puma sur moi, ses questions qu’il garde pourtant calfeutré derrière la barrière de son esprit. « C’était la merde. Y a rien de plus à dire. » Sans en dire plus, je me défais de mes vêtements sans pudeur avant de laisser mes plumes reprendre leur place.

La nuit a été longue. Tobias n’a pas fermé l’œil tournant désespérément dans l’appartement. Moi non plus. Ma peau d’humain me semble trop étroite quand je la revêts de force et j’avance à pas lourd vers la chambre où mes cousins entourent leur frère. Le ronronnement discret de Jeremiah lève un poids indicible de mes épaules et je m’appuie contre le mur avec un sourire triste vers mon cousin. « Il a raison Jer, pour une fois, écoute le gamin et tiens-toi tranquille. Ordre du médecin. » Le cliquetis de la porte pousse trois visages à se tourner de concert et j’écoute Lynn et Tobias tandis que je reste près de Jeremiah, observant doucement dans les yeux verts de mon cousin. « Tu te fous vraiment toujours dans les pires emmerdes… » La conversation se fait trop basse pour que je la perçoive correctement et je me contente de caresser doucement la petite tête du chat. « Je crois que tu vas avoir de la visite. »

J’observe mon second patient de la nuit pénétrer dans la chambre à la suite de ma minuscule cousine. Inconsciemment, je me replis sur moi-même, me penchant légèrement sur la frêle figure féline. Je scanne des yeux le gamin qui entre, notant le t-shirt à l’effigie de la Team Rocket avec un haussement de sourcils, ayant dû subir le dessin animé avec les plus jeunes. Je note également l’endroit où le coton accroche sur la bande qui entoure son épaule, heureux de ne pas voir la moindre trace de sang. « Il va bien. » J’indique d’un hochement de tête mon cousin avant de lâcher d’une voix un peu enrouée. « Ton épaule ? Ça va ? J’ai dû faire vite, si tu veux bien, j’y jetterai un œil tout à l’heure, histoire de m’assurer que les points tiennent bien. » Je repose les yeux sur le chat gris avec un sourire. « Sans toi, on l’aurait pas récupéré. C’est toi qui l’as recousu ? » Je repose mes prunelles sombres sur l’animal apeuré qui n’ose pas vraiment s’approcher. « Tu peux venir. » Je m’indique d’un geste de la main. « Archie. Je suppose que les deux autres ont pas dû penser à se présenter non plus, Lynn c’est la naine, et Tobias, le grand machin. Sur le lit, c’est Jeremiah. J’pense que t’as gagné le droit de connaître nos noms, bienvenue chez les O’Connell. » Mes mâchoires se crispent légèrement avant de lâcher sur un ton que j’espère doux. « Quand t’auras mangé un morceau, j’aimerais vraiment que tu me racontes ce qu’il s’est passé pour vous… »



( Pando )
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