Le Billet d'humeur

CDG : Hier, je devais aller voir les Kiss. C'est leur tournée d'adieu (censée être la vraie, cette fois ), et y'aura pas une autre occasion de les voir. Un ami, qui devait y aller avec sa meuf - mais la rupture est passée entretemps, oups - m'a proposé de l'accompagner, histoire que les billets se perdent pas. Trop content à l'idée d'un road-trip entre potos, j'hésite même pas. C'est d'autant plus un miracle que mon emploi du temps chelou permet pile le voyage sans que j'aie à poser de jours ni rien. On est refaits, et hier matin c'est le grand départ. On a environ 600 bornes aller 600 bornes retour de prévu, parce qu'on peut pas crécher là-bas. Toulouse-Printemps de Pérouges, c'est parti. On va pas revenir sur le prix de l'essence je crois, ni sur celui du péage qui a augmenté de 15 balles depuis la dernière fois que j'ai fait un Toulouse-Lyon, aka en 2014 quand je terminais mes études. Bon, on serre les dents, on s'en tape, l'idée c'est d'aller vivre une bête de moment. Une fois sur place, arrivés bien en avance, on se tape une averse de fin du monde pendant qu'on fait la queue à peu près une heure durant. On patauge dans la boue, on en chie, on a froid, on a ni parapluie ni capuche mais balek : ça fait partie du délire et on est CONTENTS. On sympathise même avec des gens dans la file, on papote, tranquille. Toutefois, j'suis pas le genre de public habitué aux festoches et aux concerts de ce genre. J'vous passerai donc la découverte des chiottes qui m'a proprement horrifié parce que j'ai jamais vu un truc pareil de toute ma vie. Sans déconner. La pluie s'accroît, on est claqués, on assiste à une première partie sympa. On attend QUATRE HEURES sous les averses, le tonnerre et les éclairs, entre deux luttes pour pas se casser la gueule dans la boue, pour virer les parapluies des connards qui s'en tapent que tu voies pas la scène, etc. QUATRE HEURES. Le concert des Kiss commence à 21h. Enfin, était censé commencer à 21h. A 21h55, on voit pas les responsables du festival qui nous annoncent que le concert est purement annulé. Annulé, oui. Pourquoi ? Parce qu'il y aurait "trop d'eau sur la scène". Trop d'eau ? Alors que la première partie s'est tapé le plus gros de l'averse, que le vent soufflait dans le sens inverse et que la chanteuse avait même pas les cheveux humides ? TROP D'EAU ? J'ai vraiment cru que mon pote à côté de moi allait se décomposer sur place. Le genre de scène qui n'arrive que dans les sitcoms tellement c'est ABSURDE. Le public autour de nous qui commence à péter une pile (legit), et nous qui arrivons pas à réaliser ce qu'on vient d'entendre. Puis alors là, au moment où on comprend que c'est mort de chez mort, on capte qu'on a intérêt à bouger de là très vite si on veut pas rester coincés parmi les bagnoles des 10 000 participants au concert. Dans le noir, dans la boue, en essayant de pas se casser la gueule, vas-y pour courir vers le parking comme des dératés, ambiance fin du monde à la The Walking dead. C'était complètement ouf comme moment, pendant que nous on galope en riant nerveusement tellement on HALLUCINE. On s'est tapés le chemin retour du coup. Avec les connards au volant méga dangereux, les poids lourds qui font chier, les aires d'autoroute bourrées de beaufs en tongs et de familles de tardos. Assommés. On est partis à 9h45 du matin jeudi et on est rentrés le vendredi matin à presque 6h. J'ai le dos totalement défoncé par le trajet mais surtout par la tension qui s'est foutue là bien comme il faut. Claqué, coma de plus de neuf heures de sommeil à peine réparateur.
J'appelle ma mère pour prendre de ses nouvelles en me disant que je vais trouver un peu de réconfort, tout ça pour apprendre qu'elle s'est payé un accident de voiture (heureusement tout va bien pour elle). Elle se comporte pas bien au téléphone donc je raccroche fâché. Je vais faire des courses, et ni la boulangère ni le buraliste ne daignent sourire ou être vraiment sympa (le buraliste me dit même pas au revoir ). Je passe chez ma vendeuse de fruits et légumes et je lui fais tomber une boîte d'oeufs. Là j'commence à me dire que j'aurais vraiment dû rester dans mon plumard, j'passe à la supérette, et là je tombe sur une connaissance de lycée que j'avais pas revu depuis des années, aka Monsieur Parfait, le genre de type que parfois tu peux pas t'empêcher de haïr tellement il coche toutes les cases qu'il faut (le gars beau, intelligent, drôle, bonne situation, qui a acheté son appart dans le quartier quand moi j'désespère d'y arriver un jour, etc.). Paye l'impression quand toi t'as des cernes comass, la gueule en vrac et que tu pues le seum à 3km avec ton CDI-célibat, ton statut de locataire et ta situation professionnelle où tu sais même pas à quoi elle va ressembler dans un an.
Ah, et je suis de mariage demain. J'ai pas envie d'y aller, j'connais trois personnes à tout péter, et je vais me faire chier comme un rat mort en plus de devoir encore dépenser un rein à remplir mon réservoir d'essence parce que bien sûr c'est à perpét' les oies, sinon c'est pas drôle.